Vous cherchez à partir loin de la grisaille, à vous activer les mollets comme les abdos tout en vous délectant de paysages dingues ? On a une petite idée pour vous : on vous recommande la Colombie. Mais pas n’importe quel trip : suivez-moi entre jungle, plages, villes et randos sur les rythmes endiablés des danses latinos, pour un road trip en Colombie décoiffant…
PAR LÉA BORIE
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.14 d’octobre-novembre-décembre 2019.
J’avais un spot final de séjour, le mariage de ma meilleure amie d’enfance Victoria et son compagnon, Juan Pablo, Colombien d’origine, à Cali sa ville de naissance, fin août. Après un départ de France début août, j’avais prévu d’agrémenter le voyage de plusieurs excursions sportives. C’est avec 2 comparses féminines aux mollets bien galbés, Ludivine et Sybil, que j’ai fait ce trip et on ne s’est pas ennuyées, faites-nous confiance !
Les randonnées des Caraïbes
Parque Arví, sur les hauteurs de Medellín : rando haut perchée
Après un rapide passage par Bogotà, la capitale, en arrivant, nous nous sommes vite rendues à Medellín. Cette ville recouvre le fond d’une vallée. Considérée comme la ville la plus violente au monde en 1990 à cause de ses quartiers pauvres, occupés par des groupuscules dangereux, donc le plus célèbre Communa 13 de Pablo Escobar, elle est désormais beaucoup plus « calme », bien qu’elle baigne dans une agitation bourdonnante permanente. Surnommée la ville du printemps éternel, car il y fait toujours cette température clémente, elle est animée par la Feria de las flores en août. On tombe en plein dedans, à arpenter les quartiers fleuris dans une rando urbaine très bucolique. Mais nous ne sommes pas venues là pour cueillir des pâquerettes !
On enfourche deux métro-câbles, sorte de funiculaires qui s’enfoncent dans la forêt et nous emmènent non pas en haut de pistes de ski mais au sommet de la ville. Nous sommes ici au Nord- Est, au parc d’Arvi, parées non pas à dévaler la piste noire, mais à randonner au sein d’un périmètre étonnamment vert quand on se souvient l’espèce de brouhaha pollué d’en bas.
Cette réserve écotouristique de 16 000 hectares, haut perchée à 2 200 m d’altitude, a été déclarée réserve forestière nationale en 1970 et tranche avec la jungle urbaine medellinoise. De ce site naturel en pleine campagne montagneuse, on perçoit la cuvette nervurée de voies rapides de la ville.
C’est parti pour une petite rando qu’on commence dans les sentiers balisés du parc, puis sur la route, avant d’entrer sur des chemins de terre jusqu’au Chorro Clarin, coin paisible qui se termine au beau milieu d’une forêt traversée par une cascade. A noter : la randonnée est green, sans plan papier. Une petite photo du panneau suffit.
Stop moins healthy sur le retour de la rando : on s’arrête dans un restaurant typique. Les filles commandent une bandeja paise (traduisez, un énorme plat de viandes tout ce qui a de plus ragoûtant), la grande spécialité d’ici. Je me contente de les accompagner avec une «petite» limonada de coco (on m’en apporte un pichet d’1L ou presque !).
Piedra del Peñol à Guatapé : ascension de haut vol
Le jour suivant, on s’échappe à nouveau du tumulte médellinien direction Guatapé. Enfin, plus précisément, la Piedra del Peñol. On part de la ville avec un petit car de fortune, et pendant les 2h de trajet, on peut admirer des paysages lunaires verdoyants, quand on n’a pas les yeux trop rivés sur la route un poil dangereuse, faite de virages serrés et de route escarpées. Notre objectif du jour : gravir les 740 marches pour atteindre le Peñon de Guatapé, un monolithe haut de 220 m. Et une fois tout en haut, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir à 360° le paysage vallonné du massif de la Cordillère des Andes, entouré de lacs turquoises, nous y sommes au pays imaginaire !
En réalité, il s’agirait d’une anomalie naturelle car c’est un lac artificiel. Le fait est que cette « montagne » représente une belle ascension et un bon défi sportif. Les origines de ce lieu sacré pour les indigènes Tahami restent intrigantes, certains parlent d’une météorite ou d’un volcan qui expliqueraient la présence de ces petits îlots verdoyants… Rêverie ou pas, à déconseiller si vertige !
Parque national naturel Tayrona
On est bien échauffé, on commence à ne plus sentir le poids du sac à dos (non, clairement, c’est un mensonge… Je regrette d’avoir pris tous ces produits…), on est prêtes pour le méchant Tayrona !
On saute dans un avion à l’aube depuis Medellín direction Santa Marta. D’ici, on prendra un premier bus qui nous trimbalera, portes et fenêtres grandes ouvertes, dans les petites ruelles typiques, avant de gagner le cœur de la ville et son marché, où on cherchera notre car pour le Parque nacional natural Tayrona. « Las maletas » ficelées sur le toit, semblant tenir par l’opération du Saint-Esprit, nous voilà parties. On perd la notion du temps entre tout, mais 1h après selon le conducteur, 2h selon mes calculs, on arrive enfin à destination. On le précise ici, on y reviendra, mais la chaleur et la moiteur se font tout de suite difficilement supportables.
Après un demi-salaire ou presque déposé à l’admission du parc, on pénètre dans l’aire protégée située dans la région caribéenne du département de Magdalena. C’est le parc naturel national le plus connu en Colombie. Pourtant, on ne peut pas dire qu’on soit envahies par les autres touristes façon Côte d’azur en plein 15 août… Et c’est très bien comme ça ! Encore ¾ d’heure de marche, et on atteint notre couchage pour les prochaines nuits, juste en bord de vagues : le camping Castilletes.
Le lendemain, on se donne un objectif, aller à la plage. On choisit la plus loin, qui est aussi la plus belle, celle de Cabo San Juan. Après un bon petit-déjeuner d’œufs brouillés aux poivrons, on décolle ! Sur notre route, en bord de falaise, on passera devant les plages blanches, leurs incontournables cocotiers, leurs récifs de corail…
Avec notre sueur, on aurait déjà rempli une bouteille. Qu’est-ce qu’on boit ! A 4 000 pesos colombiens « la agua », on risque d’affoler notre banquier sur la route. Des indigènes préparent des jus et cassent des noix de coco pour les touristes, des tribus entières de singes nous observent, haut perchées sur leurs branches… L’appli pédestre nous signale qu’on a tout de même parcouru 20 km sur la journée, sur un sentier assez bien aménagé, entre chemins étroits creusés par le passage des chevaux, escaliers, pontons et passerelles de bois.
Et pour terminer notre séjour au parc, on décide de se frotter vraiment à la jungle tropicale, la vraie, avec un parcours plus court, plus escarpé et plus… sauvage. Le but affiché de la route choisie sur le plan : croiser les 9 œufs de pierre géants (« nueva pietras »). Une annonce nous met en condition : « Cuidado, caimanes habitan en esta area ». Rassurées les trois donzelles… Il faut savoir que la Colombie détient le plus grand nombre d’espèces par unité de surface sur la planète. Les reptiles de type caïman en font partie… Mais heureusement, lors de notre excursion avec vue sur la montagne de la Sierra Nevada de Santa Marta à son pic, nous ne croiseront «que» des crabes… bleus ! La centaine de crustacés menaçants avec leur mono pince énorme s’enfoncent dans leur «terrier» à notre arrivée… On était tout de même contentes que je randonne avec mes bâtons de marche pour faire un peu de bruit. Pour nous, cet air chaud et humide est une découverte de tous les sens. Quand on n’y est pas préparé ça peut surprendre.
On garde une recommandation en tête : ne pas chercher à se dépasser tout de suite sur les temps de marche, le temps que le corps s’habitue…
Les danses colombiennes : caliente !
Assez marché ! On passe côté urbain de la Colombie, pour plus vibrer ! Les latinos sont réputés pour leur qualité en danse, et les Colombiens confirment la règle ! Cela fait partie de leur ADN. Plus que culturel, c’est un art de vivre pour eux. Notamment dans certaines villes en particulier. Salsa, cumbia, merengue,… on vous emmène sur les rythmes sensuels connus de tous ici !
Carthagène des indes, caliente sur les pavés !
L’architecture coloniale de la ville est marquée par l’histoire des conquistadores espagnols et des pirates de caraïbes. Il faut dire aussi que de nombreux esclaves africains travaillaient sur ces terres à l’époque. Ce qui explique la présence d’une population populaire et métissée. On ne va pas se mentir, Cartagena a été un peu notre arrêt farniente du séjour… mais au retour d’une excursion d’une journée via un bateau de fortune sur la Isla Tierra Bomba, une furieuse envie de chalouper commençait à monter. Il faut dire sur les plages, tous les 10 m, une enceinte crache du son made in reggaeton. Pour la sieste sur le sable, oubliez.
Alors sitôt de retour sur la terre ferme, on se dirige vers une place importante du quartier de Getsemani. Tous les dimanches soirs du mois d’août, c’est cours gratuit de zumba endiablée en plein air avec le groupe « Zumba en la Plaza Trinidad » ! Les plus audacieux pourront aussi s’essayer à la champeta, danse typique de Cartagena inspirée des rythmes africains, très prenante. Logistiquement, pour éviter les auréoles à tout va, pensez à une chose : si Tayrona est très humide, Carthagène, c’est un peu le pic de canicule moite toute l’année…
Santiago de Cali, ici, nés pour danser la salsa
Le séjour entre backpackeuses prend un nouveau tournant. Je quitte les filles pour rejoindre les copains caleños et fêter le mariage de mon amie d’enfance Victoria, avec un joyeux groupe franco-italiano-américano-colombien ! Direction Cali, la 3e ville de Colombie, mais surtout la capitale de la salsa. Ici, on ne rigole pas avec ça ! Si les cours de salsa sont très communs dans le pays, ici, ils sont presque une habitude, pour ne pas dire une religion. Pour commencer, voir si les premiers cours de danse en France ont été mémorisés, on s’essaye à l’Espacio 10-60, une discothèque rooftop surplombant toute la ville. Au programme, de la salsa, forcément, mais pas que. Ce sont aussi des adeptes du reggaeton et de la rumba, danse de salon lente et sensuelle.
Le temps du mariage arrive. En matière de danses latines, bien que nous sommes à une union franco-colombienne, je serai plus que servie, pour mon plus grand bonheur ! On y prend très vite goût, à tel point que la soirée dansée touche déjà bientôt à sa fin ! Le séjour aussi. On rentre sur le continent avec des mollets un peu mieux dessinés, un ventre balloté par des tentatives gustatives parfois trop audacieuses, un dos en compote (le sac à dos!) qui s’en remettra vite, les yeux pétillants, la tête pleine de souvenirs merveilleux, la certitude d’amitiés renforcées, la sensation d’être un peu changée, et l’envie furieuse de poursuivre les randos et les soirées salsa en France. Promis !
Ce à quoi il faut penser avant de partir en road trip en Colombie
- prévoir son budget voyage en espèces, retirer par tranches suffisantes
- contracter un abonnement bancaire à l’international (car les retraits et paiements sont très taxés)
- effectuer ses vaccins dans un centre spécialisé, surtout si vous allez dans la jungle type Amazonie ou le parc de Tayrona (prendre ses dispositions suffisamment longtemps avant le départ.)
- et compléter d’un produit anti-moustique puissant pour vêtement et pour la peau
- penser à l’éventail, le ventilateur à pile, et tout ce qui peut aider à survivre dans cette chaleur moite
- s’équiper de bonnes chaussures de marche avec technicité : capables de tenir dans le sable, la terre humide voire boueuse, qui ne tiennent pas chaud et sèchent vite.
Vous êtes fin prêt. Votre vol est réservé ?!
Clin d’œil à mes comparses Ludivine et Sybil, à mon amie d’enfance Victoria, son mari Juan Pablo, ses parents, ses copines, la chaleureuse équipe d’amis colombiens, et à toutes les belles rencontres, furtives mais intenses. Merci aux habitants, serviables et bienveillants, d’avoir rendu notre route plus confortable et moins dangereuse.