Football, natation, escrime, athlétisme… Nombreux sont les sports qui mettent un point d’honneur à séparer les compétitions masculines des compétitions féminines. Au milieu de tous ces sports genrés, existe-t-il encore quelques disciplines mixtes ? Nous les avons comptées et le total est très (très) mince.
PAR FLORIANE CANTORO
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.9 de juillet-août-septembre 2018.
Peu de mélange des genres dans les sports olympiques…
Sur les 28 disciplines olympiques des Jeux de Rio en 2016, une seule était complètement mixte : l’équitation. Il s’agit du seul sport qui permet aux hommes et aux femmes de s’affronter sur les mêmes épreuves (pas des compétitions séparées). Cette mixité de l’équitation est valable pour toutes les compétitions, par équipes ou individuelles (dressage, saut d’obstacles et concours complet). Pour la petite anecdote, l’équitation présente une double spécificité amusante puisqu’il s’agit également du seul sport qui inclut un animal, avec l’épreuve d’équitation du pentathlon moderne bien entendu. L’hiver dernier, aux Jeux Olympiques 2018 de PyeongChang en Corée du Sud, aucun sport n’était mixte à proprement parler ; pour chaque épreuve, un homme et une femme ont été sacrés champions olympiques. Et cela ne se limite pas au sport en lui-même, on peut le voir également dans des domaines connexes. Dans le monde des paris sportifs par exemple, où la plupart des applications de paris en 2024 ne permettent toujours pas de parier sur les compétitions mixtes.
… mais de plus en plus d’épreuves mixtes
Sur les 102 épreuves des Jeux de PyeongChang, 8 étaient mixtes. C’est-à-dire qu’elles ont vu s’affronter, par pays, des équipes composées d’hommes et de femmes : trois en patinage artistique (compétition par équipes, danse sur glace et compétition de couples), deux en luge (double et relais par équipes), une en curling (double), une en biathlon (relais mixte) et une en ski alpin (team event). Sur les 306 épreuves des Jeux Olympiques de Rio, seulement 9 étaient mixtes : le Nacra 17 en voile, le double mixte en badminton et au tennis, ainsi que les six épreuves d’équitation à savoir le concours complet individuel et par équipes, le dressage individuel et par équipes et le saut d’obstacles individuel et par équipes, une épreuve qui a vu monter sur la première marche du podium la Française Pénélope Leprévost et ses compatriotes masculins Kevin Staut, Philippe Rozier et Roger-Yves Bost.
Les JO de Tokyo compteront deux fois plus d’épreuves mixtes que ceux de Rio.
Le Comité international olympique a annoncé que les JO 2020 de Tokyo compteraient 7 nouvelles épreuves mixtes, sur un total de 15 épreuves inédites : un relais mixte 4×400 mètres en athlétisme ; un relais mixte 4×100 mètres quatre nages en natation ; un double mixte en tennis de table ; une épreuve par équipes mixtes en judo, tir-à-l’arc et triathlon ; et, enfin, une course multicoques à foils en voile (qui prend la place du catamaran mixte Nacra). Avec le remplacement, en tir, de trois épreuves masculines par trois épreuves mixtes, les JO de Tokyo compteront donc deux fois plus d’épreuves mixtes qu’à Rio (18 contre 9). Le taux de mixité des épreuves olympiques d’été va donc passer de 2,9% à 5,3% en quatre ans.
Lutte gréco-romaine, gymnastique rythmique et natation synchronisée : trois sports encore unisexes !
À Rio, les six épreuves masculines de lutte gréco-romaine n’avaient pas d’équivalents féminins ; les femmes pouvaient seulement se présenter en lutte libre. De la même façon, les deux épreuves de gymnastique rythmique (concours général individuel et concours des ensembles) et de natation synchronisée (duo et ballet) n’existaient que chez les filles. Les hommes peuvent en faire, mais pas aux Jeux Olympiques ! En cause, un nombre de participants masculins qui serait trop faible.
Sports mixtes : où sont les femmes ?
Aux côtés de l’équitation et de la course hippique, il existe d’autres disciplines non olympiques qui permettent de confronter hommes et femmes dans la même com- pétition, comme par exemple la pétanque ou les sports automobiles.
La dernière fois qu’une femme a pris le départ d’un Grand Prix de F1, c’était en 1976 !
En effet, même si la Formule 1 reste très connotée masculine, il s’agit en réalité d’un championnat ouvert aux femmes. Cependant, force est de constater que ces dernières sont assez rares dans le milieu ! En plus de soixante ans d’existence, celles qui ont pu prendre le départ d’un Grand Prix se comptent sur les doigts d’une main. La dernière participation d’une femme à un Grand Prix remonte aux années 1970 avec Maria Grazia « Lella » Lombardi (12 Grand Prix entre 1974 et 1976), seule pilote femme à avoir marqué un point en F1 en terminant sixième du Grand Prix d’Espagne en 1975. D’autres ont pris part aux essais (Divina Galica entre 1976 et 1978, Désiré Wilson en 1980, Giovanna Amati en 1992), sans jamais parvenir à marquer les esprits. Même état des lieux dans les autres compétitions de sports automobiles, notamment en IndyCar, où Danica Patrick reste à ce jour la seule femme à avoir remporté une épreuve : l’Indy Japan 300 à Motegi en 2008. L’Américaine a également signé le meilleur résultat pour une pilote femme en terminant troisième des 500 miles d’Indianapolis, l’épreuve phare du championnat. Superstar outre-atlantique, Danica Patrick, qui a pris sa retraite cette année, ne semble cependant pas avoir trouvé de successeur.
Parmi les sports mixtes, on compte également toutes les courses de voile au large telles que la Solitaire Urgo du Figaro ou encore la Route du Rhum. Mais, une fois n’est pas coutume, les femmes y sont bien moins nombreuses que leurs homologues masculins. Et cela ne va pas en s’améliorant : en 2016, aucune navigatrice n’avait pris le départ de la 6e édition du Vendée Globe aux Sables-d’Olonne. Une première depuis 1992 !
Homme VS Femme dans l’histoire du sport : et si on rapprochait les terrains ?
• LA « BATAILLE DES SEXES » : LE DUEL D’ANTHOLOGIE
En tennis, il existe deux circuits de compétitions distincts : la WTA pour les femmes, et l’ATP pour les hommes. Les seules fois où les tenniswomen et les tennismen se côtoient sur les courts, c’est donc en double mixte, une épreuve qui n’existe qu’en Grand Chelem, aux Jeux Olympiques ou à l’occasion du tournoi annuel spécialisé, la Hopman Cup. Pourtant, en 1973, un match épique a opposé la grande star féminine de l’époque, Billie Jean King, à l’ancien N.1 mondial des années 1940, Bobby Riggs. Machiste et provocateur, ce dernier avait pour habitude de critiquer publiquement le tennis féminin. Après avoir sèchement corrigé l’Australienne Margaret Court (6-2, 6-1), il a mis au défi Billie Jean King de le battre avec, en jeu, une somme de 100.000$. Surnommé la « bataille des sexes », ce duel hypermédiatisé (30.472 spectateurs sur place à Houston et 90 millions de téléspectateurs dans le monde) donnera l’avantage à King.
NB : Un film inspiré de ce match est sorti en salles en 2017 : « Battle of the Sexes », de Jonathan Dayton et Valerie Faris. Avec les acteurs américains Emma Stone et Steve Carell dans les rôles de Billie Jean King et Bobby Riggs.
• MICHELLE WIE RÉALISE LE CUT SUR UN TOURNOI MASCULIN
Dans le golf aussi il existe des compétitions séparées pour les hommes et les femmes : la Ladies Professionnal Golf Association (LPGA) d’une part, et la Professionnal Golf Association (PGA) de l’autre. Cependant, dans le passé, certaines golfeuses ont pris part à des tournois de PGA, notamment l’Américano-danoise Annika Sörenstam. C’était en 2003. Mais la super-star des greens n’était pas parvenue à franchir le cut (passer les premiers tours), ce qu’a brillamment réussi l’Américaine Michelle Wie en 2006, lors du SK Telecom de Séoul, à seulement 17 ans. Au terme de quatre tours, elle se classe à douze coups du vainqueur. Un exploit encore unique à ce jour.
• LINDSEY VONN EN PISTE CONTRE MARCEL HIRSCHER ?
Le nouvel affrontement homme/ femme qui se profile dans le domaine du sport concerne la glisse. Avant de terminer son immense carrière en 2019, la championne américaine de ski alpin Lindsey Vonn rêve de disputer une étape de Coupe du monde masculine. Et pas n’importe laquelle ! La descente de Lake Louise : cette piste de l’Alberta qui l’a vue remporter 18 succès en Coupe du monde. Autrement dit, son terrain de jeu favori. « Je ne m’attends pas à gagner, a expliqué l’Américaine au magazine Forbes. Quand je m’entraîne avec des hommes, je monte mon niveau. C’est la raison pour laquelle je veux participer à une course masculine. Je ne cherche pas à prouver quelque chose. Je sais qu’ils peuvent me battre mais j’ai envie de voir où je me situe. » En 2012, Lindsey Vonn avait déjà exprimé son souhait de concourir contre ses homologues masculins. Elle avait cependant été déboutée par la Fédération internationale de ski (FIS) au motif que les courses mixtes sont interdites par le règlement. L’année dernière, la championne a réitéré sa demande. Cette fois-ci, la FIS a été moins catégorique et a promis qu’elle étudierait la question.