Toujours dans le Rhône, direction l’Ouest de Lyon cette fois, au club BMX VTT Dardilly. C’est là qu’on rencontre Blandine Cottereau, entraîneur bien décidé à faire grimper les filles très haut.
Par Léa Borie
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°23 d’octobre-novembre-décembre 2021
Women Sports : Blandine, dites-nous, comment on prend le virus du BMX.
Blandine Cottereau: Mon histoire avec le BMX a commencé à 10 ans, en 1995. C’est en voyant des cousins/cousines pratiquer et étant moi-même déjà casse-cou que j’ai eu envie d’essayer. C’est comme ça que j’ai fait partie de l’équipe de France durant 5 ans, à participer aux Championnats du monde…
Et vos études dans tout ça ?
En parallèle, à la Fac, j’ai fait Staps, un Master prépa physique et entraînement. Arrivée à Lyon en 2008, j’ai profité qu’un poste se libérait en 2011 au club de Dardilly pour passer côté entraîneur.
Votre idée derrière la tête à ce moment-là ?
Des choses ont été mises en place pour faire venir les filles, les inciter à pratiquer, à être plus performantes. Campagnes de pub, affiches… Tout était bon pour désacraliser la pratique et rappeler aux jeunes filles qu’on peut être féminine et faire du BMX, du freestyle, du VTT… On a lancé des stages 100 % féminines gratuits, afin de leur permettre de passer une journée sans le regard parfois pesant des garçons. C’est aussi pour ça que depuis 2012, je m’investis aux côtés de la Fédération française de cyclisme, comme en portant une équipe féminine pour l’aider à percer à l’international, sur les manches du Championnat d’Europe.
Ce regard, a-t-il pesé sur vous ?
Grâce à ma technique, j’ai été facilement acceptée côté masculin. Une fille qui commence peut faire l’objet de moquerie et osera encore moins. Alors qu’il n’y a pas de raison qu’elle y arrive moins qu’un garçon ! Sur la technique en tout cas, car l’aspect physique sera souvent plus fort chez un homme. Cela fait tellement d’années qu’on lui rabâche que ce n’est pas possible que ça s’ancre dans son cerveau. Il nous faut casser ces codes ! J’ai des filles de 10 ans qui sont des monstres à vélo ! Et en tant que coach, je craignais que les garçons ne m’écoutent pas mais j’ai tout de suite trouvé ma place.
Les choses évoluent selon vous ?
Le BMX est plus médiatisé aujourd’hui. Le sport féminin d’une manière devient plus intéressant à regarder car le niveau a augmenté, à l’image du foot féminin. Nous concernant, les filles sont davantage prises au sérieux, les formations pour les entraîner se développent. Ce qui nous permet de proposer des exercices pour lutter contre le déficit musculaire du bassin, ou de mieux gérer les périodes de règles des pilotes.
Vous n’avez jamais quitté ce monde.
J’ai arrêté ma carrière sportive mais ai tenu à rester dans ce milieu. Une façon de transmettre ma vision, de rester connectée au monde de la compétition avec un autre regard. C’est ce qui me pousse à m’investir pour les JO 2024 sur le BMX race féminin.