Championne du monde de slalom à deux reprises, professionnelle depuis 2016, Marion Mortefon est une figure majeure de la planche à voile. À 32 ans, elle vit une nouvelle étape marquante de sa vie : elle attend son premier enfant. Une grossesse qu’elle aborde avec la même énergie et détermination que sa carrière de sportive de haut niveau. Sans se fixer de barrières, elle poursuit ses activités sportives et encadre des stages de coaching tout en préparant sa participation au mythique Défi Wind.

Comment vivez-vous cette grossesse en tant que sportive de haut niveau ?
C’est une expérience que je découvre au jour le jour. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais j’avais quelques exemples de sportives enceintes qui avaient continué à s’entraîner et qui étaient revenues au plus haut niveau. J’ai choisi de mettre ma carrière en pause, volontairement, parce que c’était le bon moment pour moi. Mais je reste active : je continue les coachings, je fais encore un peu de planche à voile – dans des conditions adaptées, bien sûr – et je maintiens une activité physique régulière, entre salle de sport et VTT.
Ce rythme me fait du bien, je sens que ça m’aide à rester en forme physiquement et mentalement. Je m’adapte selon les jours, en fonction de ma forme, mais rester en mouvement, c’est essentiel pour moi.
Avez-vous eu des craintes à l’idée de faire une pause dans votre carrière ?
Pas tant vis-à-vis de la reprise physique, je sais que le corps s’adapte très bien, mais plutôt sur l’aspect professionnel. Dans notre discipline, on fonctionne souvent avec des contrats d’un an. J’ai beaucoup réfléchi à comment mes partenaires allaient réagir, comment j’allais pouvoir gérer ça. Finalement, tout s’est bien passé : on a adapté mes engagements, je continue d’être active mais différemment, plus dans la transmission et moins dans la compétition. C’est rassurant de voir que c’est possible.
Et justement, cette transmission, c’est important pour vous ?
Oui, énormément. J’organise régulièrement des coachings pour les jeunes ou pour le grand public. Par exemple, juste avant le Défi Wind, j’ai mis en place un stage 100 % féminin pour préparer les participantes. C’est une compétition particulière, où pros et amateurs partagent la même ligne de départ. J’adore cette ambiance, ce mélange de niveaux et de générations.
Vous allez participer cette année au Défi Wind, enceinte de 6 mois. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est une décision très personnelle. Je n’ai aucune pression de performance cette fois-ci. Je veux juste être sur l’eau, partager ce moment avec mes frères, mon compagnon, et tous les passionnés. C’est une fête de la glisse, dans un lieu auquel je suis très attachée, Gruissan, ma région d’origine.
Je ne fais pas ça pour prouver quoi que ce soit, mais parce que ça me fait plaisir. Quand j’ai un coup de mou, je vais sur l’eau… et ça va mieux. Donc, si je suis en forme, je participe. Ce sera ma première compétition enceinte, et je le prends comme une belle expérience humaine et sportive.