Le pilates nous rend fou : une pratique qui se réinvente sans cesse

Le pilates, on y va, entre copines avant un resto, avec sa maman le samedi matin, entre collègues à la pause dej’… ou mais quel pilates pratiquer ?
Par Léa Borie, Extrait de Women Sports magazine n°38 octobre-novembre-décembre 2025

On n’a jamais autant pris soin de soi en France. Vous avez au moins une amie dans votre entourage qui en pratique, voire qui est carrément addict, si ce n’est vous-même ! Studios flambant neufs qui sentent encore la peinture fraîche et pas encore la sueur, cours hybrides voire carrément loufoques, machines qui ressemblent à des lits de torture… Le pilates est partout, de Paris à Toulouse, de Lyon à Rennes. Longtemps réservé aux danseuses pros ou aux bobos bien gainées, il devient la pratique chouchou des femmes (et pas que !). Mais pourquoi cet engouement ? Et surtout, lequel choisir entre tapis, reformer, fusion, power ou hot pilates ? On a enquêté, testé, transpiré. Spoiler : ça change tout… Parole de prof de pilates !

Un siècle de pilates et toujours pas de rides

Flashback : Joseph Pilates invente sa méthode il y a un siècle. Au départ ? Des exercices de rééducation bricolés pour des soldats blessés, avec ressorts et sangles fixés sur des lits d’hôpital. Puis des danseuses new-yorkaises adoptent la méthode pour sculpter leur corps et protéger leurs articulations. Résultat : un mix unique entre gainage, respiration et contrôle du mouvement. Aujourd’hui, le pilates traverse les décennies sans s’essouffler. Mieux : il cartonne plus que jamais.

Tapis vs Reformer : la grande question

Hep ! Pas si vite. En entendant parler de pilates à tout va, il faut d’abord clarifier :

• Pilates Matwork (au sol) : tapis, petits accessoires (ballon, élastique, cercle…). Accessible, doux, excellent pour renforcer le centre du corps, améliorer la posture et la respiration. Idéal pour débuter et progresser.

• Pilates Reformer (à prononcer « reformeur », sur machine) : la fameuse machine avec ressorts et chariot coulissant. Plus intense, plus précis, plus cardio aussi, selon les cours. On s’y sent au départ un peu gauche (le ‘‘truc’’ bouge dans tous les sens !), mais on progresse vite. C’est ce format qui explose actuellement dans les grandes villes.

En gros : le tapis, c’est l’école de base, l’initiation ; le Reformer, c’est la Ferrari du pilates. C’est un peu comme ça que c’est perçu. Bien que sur tapis, l’apprentissage est infini, et les sensations intéressantes à aller chercher aussi. Seulement, attention, on a l’impression que la machine est tendance, presque en passe de faire passer les  cours sur tapis as-been. Alors qu’en réalité, c’est bien sur « machine » que tout a commencé, avant de voir le concept adapté sur tapis, pour démocratiser la pratique à un maximum de gens, et permettre de pratiquer partout, à moindre coût. On peut au passage sourire en constatant les pratiques tarifaires de certains studios aux montants parfois exorbitants.

Des studios « Reformers » qui poussent comme des champignons

Il n’y a pas que le yoga qui truste les plannings désormais. Le pilates s’impose comme LE sport feel good du moment. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en France, l’offre de studios spécialisés a doublé en trois ans.

Club Pilates, mastodonte améri­cain (2 100 studios dans 21 pays), s’installe en force : déjà Paris, Bor­deaux, Lyon, Rennes… avec des fran­chises flambant neuves équipées de 12 machines reformer. Cours dès 33 €, abonnements autour de 130 €/mois, ambiance californienne garantie.

The New Meconcept-store lifestyle né à Paris en 2022 – a déjà ouvert près de 30 adresses en France. À la carte : cours reformer, bar à latte, corner mode et feel good room pour prolonger l’expé­rience. La fondatrice, Constance de Schompré, ex-avocate classée par­mi les « 40 femmes qui comptent » par Forbes, rêve d’imposer le pilates comme on parle du yoga en France.

Pilates Social Club, en plein déve­loppement : cours reformer 7/7 dans un décor arty, avec formules « Booty & Abs » ou « Full Body » qui cartonnent auprès des trentenaires urbaines.

Et ce n’est pas fini : Toulouse, Nantes, Marseille, Montpellier voient fleurir des studios indépendants avec listes d’at­tente.

J’ai découvert le Reformer

Rendez-vous était donné au Club Pilates, franchise ouverte récem­ment à Lyon 6e. Première impres­sion : “Oula, c’est quoi ce lit avec ressorts ?”. Pour les non-initiés curieux, le reformer impressionne. Allongée sur le chariot, sangles aux pieds, la séance démarre doucement. Puis les ressorts se tendent et là… on comprend. Chaque mouvement paraît simple (pousser, tirer, ouvrir), mais demande une concentration totale. Les muscles profonds tra­vaillent comme jamais, sans dou­leur ni impact. On corse les exer­cices, pieds sur la barre, shoulder bridge en équilibre… instable. Ça tremble. Oui, respirer “dans les côtes” est un vrai sport !

Ce que j’ai aimé : l’effica­cité. Tout le corps est sollicité, avec une fluidité incroyable. En une heure, on se sent presque plus gainé qu’après trois séances de fitness acharné ! Et on est fier d’avoir su (à peu près) dompter la machine sans la casser ni être tombé (et ça, c’est déjà pas mal !)

Ce que j’ai moins aimé : la machine bouge, on se sent par­fois maladroit. Mais la progres­sion est rapide, la sensation de contrôle est addictive. C’est la Rolls du pilates ! Le point noir : le prix. C’est beaucoup moins ac­cessible que le pilates (logique aussi, quand on connaît le prix de ces grosses machines !)

Le pilates à toutes les sauces, des déclinaisons à n’en plus finir

Le pilates, ce n’est plus juste « lever la jambe et respirer ». Les studios riva­lisent d’imagination pour inventer des versions hybrides, souvent plus ryth­mées, parfois plus ‘‘sexy’’. Ça en donne presque le tournis…

La liste est infinie. Ou presque.

J’ai testé le Pilates fusion

C’est parti pour une immersion to­tale, aux côtés de Juliette, la coach du jour, qui donne notamment cours à Fit Bellecour, à Lyon. On doit le concept à Adèle Van Damme, qui l’a créé en 2017. Dès le pitch intro­ductif, j’avais l’impression d’être à mi-chemin entre un cours de danse contemporaine, une séance d’ab­dos-fessiers et un TikTok challenge. Et je ne me suis pas trompée ! Le pi­lates fusion, c’est de la danse twistée ultra boostée par la musique, les en­chaînements et une vibe dynamique.

On commence dans le dur, avec de la cordo’ à gogo. Puis, alors qu’on pensait être déjà au taquet, ça s’ac­célère : relevés de bassin, rotations de buste, ouvertures de hanches, grands cercles de bras façon chorée endiablée. Hyper concentrée pour ne rien oublier, Juliette enchaîne avec un rythme quasi chorégraphié. Au bout de 45 minutes, les abdos sont en feu, alors qu’on a surtout dansé.

Ce que j’ai aimé : zéro monoto­nie, ambiance body positive, pas be­soin d’être danseuse pour s’éclater.

Ce que j’ai moins aimé : la coor­dination de nouveaux mouvements, pas toujours évidente quand on ne connaît pas la chorégraphie au dé­but, mais j’imagine qu’au bout de quelques séances, ça doit être beau­coup plus fluide. Verdict : on s’ac­croche et ça devrait prendre !

Pourquoi le pilates cartonne ?

Empowerment sur fond de chaussettes grip

Au-delà de l’effet de mode, le pilates coche toutes les cases du sport féminin actuel :

Beaucoup témoignent : « Je me tiens plus droit », « je n’ai plus mal au dos », « je dors mieux ». Et surtout : « je me sens plus fort ! ».

Ça cartonne grâce à une recette simple :

Une idée pour le mot de la fin ? Respirez !

L’idée est claire avec toutes ces va­riantes plus ou moins éloignées du pi­lates : adapter le pilates aux envies de chacun. Vous cherchez un entraînement doux qui soigne votre dos ? Optez pour le pilates matwork. Vous préférez brûler des ca­lories façon bootcamp chic ? Choisissez le pilates reformer avec option ++ ou le Pilates Fusion.

Alors, phénomène durable ou simple tendance ? À en croire les chiffres, ce n’est pas près de s’arrêter. Les grandes enseignes continuent d’inves­tir, les indépendants ouvrent partout, et la demande explose. Le pilates est en train de devenir en France ce que le yoga a été dans les années 2010 : une pratique mainstream, multigéné­rationnelle et déclinée à l’infini. Vous n’avez pas encore testé ? Prépa­rez-vous à souffler, allonger, respirer à plein poumon tout en pensant à votre centrage.

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