A l’occasion de la sortie du livre « Cuisiner pour se soigner », Estel Barrellon, son auteure, pharmacienne et naturopathe, nous dévoile les grands principes d’une alimentation santé. De quoi nous rappeler les vertus du bien manger. Et ainsi toujours garder en tête qu’une alimentation naturelle est le meilleur des médicaments. Décorticage.
Par Léa Borie
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°22 d’octobre-novembre-décembre 2021
Pharmacienne de profession, Estel Barrellon est installée sur une colline lyonnaise, la Croix-Rousse, depuis 8 ans. Elle a dès lors eu à coeur d’oeuvrer pour un laboratoire d’expérimentation. « Pour moi, la pharmacie traditionnelle ne suffit pas à combler les attentes des personnes qui passent le pas de ma porte. »
D’autant que quelques mois après l’ouverture de sa pharmacie, la gérante a connu d’importants soucis de santé, et s’est interrogée sur ses habitudes alimentaires. C’est ainsi qu’elle a commencé une formation de naturopathe. « Je sais bien les vies qu’on mène, on n’a pas trois heures pour se préparer de bons petits plats, mais sensibiliser tout un chacun à l’impact de l’alimentation sur l’organisme m’est apparu crucial. » D’où l’intérêt de réfléchir à des réflexes alimentaires rapides à mettre en place. Pour ce faire, Estel Barrellon s’est tout simplement appuyée sur les problèmes les plus courants pour lesquels elle voyait les personnes s’approcher de son comptoir, afin d’articuler les recettes autour de ces thèmes : le sommeil, le rhume, les douleurs et la fatigue.
Sa méthode : proposer une action curative, une semaine de recettes pour commencer, pour finir par adopter les bons réflexes au long court.
Son crédo : résonner à l’envers, « partir de ce qui va nous manquer dans l’assiette si l’on souffre d’une pathologie bénigne, et se demander ce qu’il nous faudrait éviter d’apporter, pour trouver la juste balance entre les aliments ».
Des conseils nutritionnels pour bien manger qui cassent les codes
Pour mettre sur pied ses différentes recettes, la pharmacienne s’est entourée d’une naturopathe spécialisée en phytonutrition, Audrey Ligot-Ange, co-autrice du livre Cuisiner pour se soigner. Ce sont aussi 12 chefs locaux de la région lyonnaise qui se sont chacun penchés sur la question en respectant un cahier des charges précis, à l’image de Franck Blanc, du restaurant Le Canut et les Gones, ou encore de Maëlle Polidori de Traboule Kitchen.
Leur objectif à tous : trouver des solutions d’aller mieux à travers l’alimentation, en se référant à deux grands paramètres : l’acidité et l’inflammation. « On confond souvent goût acide et ce qui va se produire dans le corps ». Pour ce premier paramètre, elle évoque notamment le parmesan, l’un des aliments les plus acidifiants. Les plus inflammatoires se retrouvent globalement dans la viande, les produits laitiers, les céréales et le sucre.
Ce qui nécessite, d’après la naturopathe, de déconstruire toutes les croyances. « Si vous souffrez d’une tendinite et que vous mangez des spaghettis au fromage avec un steak, vous n’aiderez pas votre organisme. » À l’inverse, les fruits et légumes viendront basifier la digestion. Elle recommande donc ponctuellement, lorsque l’état de santé le nécessite, d’augmenter la portion d’aliments anti-inflammatoires. La classe reine pour ça est l’oméga-3, qu’on trouve dans les maquereaux et les sardines, ainsi que dans les huiles de colza, de noisette, de noix, ou encore dans les graines de chia.
Dans les grandes lignes, en cas de soucis de sommeil, Estel préconise de recourir à des féculents au dîner. « Mais ça ne veut pas dire manger des pâtes tous les soirs. Tout est une question d’équilibre ! » On peut aussi aller puiser dans les oméga-3 et le magnésium, qu’on consomme davantage quand on est stressé. Cela joue sur l’émotionnel.
Pour le rhume, il est recommandé de manger des aliments souffrés qui amélioreraient les symptômes, en puisant dans les oligo-éléments et les vitamines. Quant aux aliments « detox » pour nettoyer le corps, la pharmacienne entend par là les asperges et les endives, ainsi que les artichauts et les radis noirs pour leur action sur le foie.
En cas de fatigue, la recommandation est d’observer une alimentation la moins acide possible le temps de la phase difficile.
Côté sport, dans le volet douleur, la question de l’acidité se pose, car en pratiquant une activité sportive à haute dose, le corps en produit davantage. D’où l’intérêt d’avoir une alimentation qui contrebalance ce déséquilibre, et de veiller à son pH.
Attention aux tendances alimentaires dites healthy et Cie
Bien sûr que ça fait envie des maxi smoothies sur les comptes Instagram des influenceuses, mais la spécialiste rappelle que si c’est instagramable, c’est aussi très sucré ! C’est d’ailleurs en cela qu’Estel continue de lutter contre les idées reçues ‘‘mainstream’’. Un porridge par exemple est intéressant s’il est à base de lait végétal. « Il apporte un côté fun et créatif avec des toppings fruits rouges ou banane».
Bien manger c’est aussi varier les plaisirs
Bien qu’il soit question de rééquilibrer les acidités et les inflammations en fonction de ses douleurs et de son état global, il faut garder en tête la variété dans l’assiette. « Les Japonais disent qu’il faut manger une trentaine d’aliments dans la journée. Sans aller jusque-là, il est essentiel de couvrir un spectre large. » Tout en se méfiant des aliments « doudou » sucrés et gras. « Comme une cigarette, ce sont des aliments vides qui répondent au schéma de la récompense».
Un dernier secret alimentation avant de partir ? « Fiez-vous à l’alimentation intuitive. Un lendemain de « bringue », l’aliment doudou comme un burger/frites de fast-food répondrait à un piège alors qu’une petite diète ou une bonne soupe permettrait de se remettre plus vite sur pied ! »