Vous êtes-vous déjà installé confortablement dans un espace cocooning, pour vous laisser totalement transporter par les sons d’instruments variés ? C’est ce qu’on a testé pour vous. Respirez profondément, c’est parti…
Par Léa Borie, Extrait de Women Sports magazine n°36 avril-mai-juin 2025
Sonnez, entrez, mais déchaussez- vous. Rien de méchant n’arrive lorsqu’on se retrouve la voûte plantaire à même le sol, pas vrai ? Surtout quand celui-ci est recouvert d’une moquette presque onctueuse. Me voici dans un nouveau centre de sonothérapie, Feel Gong, ouvert il y a quelques mois à côté de la gare des Brotteaux à Lyon, le premier de la ville, comme il en existe un peu progressivement dans quelques villes de France depuis quelques années. Sportive de nature, j’ai été tentée de tester le yoga chromatique au sein du centre, mais, souhaitant laisser parler ma flemme, je me suis laissée porter par une pratique passive : le bain sonore. Comme son nom l’indique, il travaille sur les sons.
Comment, pourquoi ? On va vite le savoir. Le pitch : dans quoi vais-je me mettre encore ? J’ai l’âme du service rendu et tiens toujours à informer, par tous les moyens, nos chers lecteurs de Women Sports. J’en ai testé pour vous des vertes et des pas mûres. Mais tout de même, avant d’y mettre un pied les yeux fermés et les orteils nus, et comme je ne suis pas très amatrice de lâcher prise – étant plutôt dans le sport contrôle – je me rencarde. C’est une relaxation par le son. Mieux même, cette forme de méditation utilise les vibrations de certains instruments pour atteindre des états de relaxation plus profonds. On se retrouverait rapidement et sans effort dans un état méditatif. Vous m’en direz tant. Sceptique d’y parvenir aussi aisément, mais curieuse, je souhaite réaliser cette immersion dite relaxante et revitalisante, prometteuse d’harmoniser corps et esprit. Je ne sais pas vous mais cette approche m’a séduite, moi qui ne tiens pas une image apaisante plus de 10 secondes pour essayer de m’endormir.
17 ans à Bangkok : l’histoire de Vanessa Lipovitch
C’est Vanessa Lipovitch, passionnée de bien-être fondatrice de Feel Gong, qui nous donnera la séance de bain sonore. Elle est certifiée en sonothérapie, kundalini yoga, yin yoga et reiki. Cette femme tout sourire, pleine de douceur et de force à la fois, me raconte son parcours peu commun. « Je suis arrivée de Bangkok humblement il y a 3 ans, avec mes instruments sur le dos ». Pour introduire son cours, Vanessa explique aux participants son approche : « Grâce à mes instruments, on vient apaiser le système nerveux et libérer les tensions physiques et émotionnelles. Notre corps est composé majoritairement d’eau. Les vibrations vont ainsi résonner à l’intérieur. Les ondes agissent sur le corps et aident à relâcher les blocages, à réduire stress et anxiété. »
Loin de toute publicité mensongère, Vanessa prévient d’emblée : « Ce n’est pas forcément toujours une sensation agréable. La musique peut aller chercher les sentiments de peur, d’angoisse… des vagues tout autour du corps ». Et de nous préciser que sa première expérience en 2016 à Bangkok l’a plus foudroyée que séduite. « C’était tellement fou que j’y suis retournée… avant de l’apprendre et de la transmettre, et ainsi d’ouvrir mon centre en rentrant en France. Toutes mes vies sont ici et j’ai envie de les partager ».
Entrons dans la Gong Room du bain sonore
Je vois l’écriteau « Gong Room » sur la porte. Intriguant. Derrière cette porte, de la moquette encore plus moelleuse. Tout est cotonneux autour de nous, du sol… au plafond ! On se sent comme dans une bonbonne remplie de cotons démaquillants. « Gong Room », ce n’est pas juste un nom stylé de pièce. Au mur face à nous trônent fièrement neuf énormes gongs, « ces instruments qui nous enveloppent au plus profond de nous », pose fièrement Vanessa. Au sol, bols tibétains, bols en cristal , tubulaires, double flûte…

Lorsqu’on est extérieur à tout ça, on peut se dire ‘’Mais qu’est-ce que je fais là’’. Eh bien on est là pour laisser les soucis dehors, alors arrête de poser des questions et installe-toi sur ce petit lit confortable, comme il y en a 40 autres dans cette grande pièce.
Une couverture, deux : il faut bien ça ! Se couvrir, s’envelopper, dans tous les sens du terme. Je me blottis, et là, ça commence. Tout commence. Vanessa nous indique la conduite à tenir pour que la pratique soit efficiente. Puis les instruments prennent le relais. Alors, ne me demandez pas comment Vanessa joue de ses instruments, ni dans quel ordre. Je n’en ai pas la moindre idée. Plongée dans le noir avec l’impossibilité de continuer de prendre des notes, j’ai bien été forcée d’enfin me laisser porter. Je m’accroche à quelques idées à retenir, qui filent doucement entre mes doigts, sous mon oreiller. Les premiers sons me font penser aux bruits de la forêt, des feuilles qui crissent sous les pieds. Ne pas interpréter, se laisser aller. Progressivement. Et puis subitement, sans savoir trop depuis quand, une voix se juxtapose aux sons. Comme l’effet d’une sirène sortie de l’eau. Juste dans le bon ton. Juste avec les bonnes notes. C’est Vanessa qui chante. La musique se poursuit. Elle me produit une sensation de chaleur, là, juste sous les côtes à gauche. Ce n’est pas désagréable, pas du tout même. C’est nouveau alors surprenant.
Il m’aura fallu entendre la voix posée de Vanessa nous indiquant que la séance d’une heure touchait à sa fin pour comprendre que j’ai réussi à lâcher prise, comme jamais. Comme jamais aussi, j’ai voyagé loin. Pas dans le sens du voyage dépaysant au bout du monde, non, un voyage à l’intérieur de soi où l’espace- temps ne compte plus. C’est ça, sans doute, l’impression d’être « réaccordée » à la manière dont parlait Vanessa. Parce que, même si c’était passif, je me suis sentie active : j’ai pris la décision de saisir ce temps pour m’y consacrer pleinement. Après tout ça, on se redresse doucement, mais ne faites pas comme moi la bêtise de ressortir socialiser derrière, dirigez-vous vers votre lit…