Le 12 septembre 2025, à l’Institut Français de Dakar, le programme HAVOBA, porté par les fédérations françaises de handball, volleyball et basketball, avec le soutien de l’AFD et de la Fondation du Sport Français, organisait un temps fort dédié au sport scolaire et à la féminisation des pratiques sportives. Parmi les intervenants, Sylvie Pascal-Lagarrigue, directrice technique nationale adjointe de la Fédération française de handball, a participé aux tables rondes de la matinée. Spécialiste de la formation, des politiques fédérales et des enjeux d’inclusion, elle revient pour nous sur les échanges et les perspectives ouvertes par cette rencontre.
Vous avez participé aux tables rondes organisées à Dakar le 12 septembre. Quels étaient pour vous les enjeux majeurs de ce temps fort autour du sport scolaire et de la féminisation ?
Lors de la table ronde il a été rappelé l’importance de la féminisation dans le sport (HB, BB, VB) car c’est un enjeu de société fort. La prise en compte de la place des femmes dans les instances est en marche même si le chemin est long. Il aura fallu plus de cent ans pour qu’une femme préside le CIO. La prise de conscience des hommes est un atout majeur dans l’accès des femmes et des jeunes filles au monde du sport. Nous avons été ravies de pouvoir accueillir des hommes engagés et investis lors des formations féminisation du projet. Les femmes doivent s’engager et surtout oser s’engager et agir.
Les intervenants ont insisté sur le rôle du sport scolaire pour l’inclusion et la cohésion sociale. Quels points vous ont particulièrement marquée pendant ces échanges ?
A l’école le sport est un atout pour tous les apprentissages. Par le sport le jeune apprend, découvre comprend et respecte les règles. Ces acquisitions sont transférables dans d’autres activités et permettent de mieux vivre et mieux contribuer à la vie en société. Le sport à l’école doit aussi montrer que tous et toutes peuvent pratiquer il suffit d’adapter la pratique. Dans le sport scolaire au-delà de l’activité sportive pratiquée nous pouvons donner des rôles sociaux aux élèves ce qui leur permet d’acquérir d’autres compétences (savoir arbitrer, organiser un tournoi, évaluer…).
Lors de la table ronde sur la féminisation, plusieurs freins ont été évoqués : culturels, structurels, sociaux. Quel regard portez-vous sur ces obstacles et quelles pistes prioritaires en ressortent selon vous ?
La structuration des clubs et le développement d’infrastructures (terrains) restent des freins importants au développement de la pratique. Il me semble également nécessaire de mettre en avant les enjeux de santé publique et d’égalité entre les hommes et les femmes et d’accès de la pratique pour toutes et tous, ceux-ci sont dépendant d’une volonté politique forte et affichée. Sur le plan culturel il est parfois difficile de faire évoluer les us et coutumes locales mais il est essentiel de faire changer les mentalités pour favoriser l’accès à la pratique pour les jeunes filles et les femmes. Les actions de sensibilisation sont essentielles pour faire prendre conscience des difficultés que les femmes et jeunes filles ont pour accéder à l’activité sportive. Oser parler des stéréotypes de genre, des discriminations liées au genre et mettre en avant des femmes qui peuvent être mentor et rôle-modèle. Il est important également que les femmes communiquent plus sur les actions de féminisation qu’elles mettent en place.

Ces échanges ont également mis en avant la nécessité de former les encadrants et de créer des environnements inclusifs. Comment les fédérations et acteurs locaux peuvent-ils coopérer plus efficacement pour y parvenir ?
Il est essentiel que lors de la mise en place de formation d’encadrants l’organisme formateur prévoit la parité dans les stagiaires. La problématique de la féminisation est identique quelque soit le sport (hand, basket ou volley), les fédérations et les structures locales peuvent créer des événements multidisciplinaires. Pour cela le programme HAVOBA a tout son sens. Les femmes engagées dans ce programme ont une réelle envie de développer la pratique pour toutes, des actions communes peuvent être menées.
Selon vous, quel impact concret cette rencontre à Dakar peut-elle laisser sur le long terme, tant pour HAVOBA que pour les initiatives locales soutenant le sport scolaire et la pratique féminine ?
La table ronde a permis de faire prendre conscience des difficultés rencontrées par les femmes. Son impact a permis de montrer aux hommes que cet enjeu est important pour le développement de la pratique dans le pays. Les femmes ayant participé à la formation féminisation du programme développent des actions de sensibilisation pour favoriser la pratique des femmes. Elles osent en parler et proposent des actions qui sont comme des petites graines semées dans leur environnement sportif. L’encouragement et l’entraide favorisent la réalisation d’actions communes.









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