Le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) nous a accordé un entretien exclusif. Denis Masseglia détaille la stratégie du mouvement sportif pour que la rentrée se passe au mieux dans les clubs, dans le contexte de crise sanitaire. Il insiste notamment sur les risques de voir la croissance du sport au féminin cassée par la Covid-19, si l’on n’y prend garde.
Par David Tomaszek – Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°18 d’octobre-novembre-décembre 2020.
Après la rentrée scolaire, place à la rentrée sportive. Quel sera l’impact de la crise sanitaire sur le renouvellement des licences sportives ? L’enjeu est de taille, surtout pour le sport au féminin. « Les dernières tendances que nous remontent les clubs nous font craindre une baisse du nombre de licences féminines. Nous devons tout mettre en œuvre pour limiter cette baisse au maximum », nous confie Denis Masseglia. Parmi les initiatives de rentrée imaginées par le mouvement sportif, une campagne de sensibilisation baptisée « Esprit Club », qui rappelle notamment que le sport encadré rassemble les meilleures garanties de pratique en toute sécurité face au coronavirus. Mais aussi une grande nouveauté dans les écoles primaires : la Carte Passerelle. Destiné aux élèves de CM1 et CM2, ce dispositif permet de tester gratuitement pendant quelques semaines un ou plusieurs sports en club. « Ce dispositif concerne autant les garçons que les filles. Il a été testé avec succès dans trois départements et sera déployé cette année dans la France entière. » Une opportunité pour les jeunes filles de trouver leur sport de prédilection.
La chaîne « Sport en France », une vraie chance pour le sport au féminin
Sur le plan du sport féminin de haut-niveau, Denis Masseglia ne cache pas son inquiétude. « On peut se faire du souci pour le sport pro féminin, c’est sans doute lui qui va le plus souffrir de la crise, tout simplement car il était déjà fragile dans son économie, sur le plan des affluences ou des droits TV. » Le CNOSF offre une solution de visibilité grâce à sa chaîne « Sport en France » diffusée gratuitement. « Sans cette chaîne, il n’y aurait tout simplement pas de visibilité sur les écrans pour les championnats professionnels féminins de handball, volley-ball et hockey ! », assure Denis Masseglia. Cette solution est d’autant plus pertinente que la politique est d’offrir les images à tous ceux qui le désirent. « A terme, la visibilité pour une compétition est meilleure que sur une chaîne à péage », renchérit-il.
« Il y aura beaucoup plus de femmes candidates aux prochaines élections fédérales »
Sur la question de la représentativité des femmes dans les instances sportives, Denis Masseglia se veut positif. « Il est vrai qu’il n’y a, à ce jour, que deux présidentes de fédérations olympiques, Isabelle Lamour (escrime, qui n’est plus présidente depuis les nouvelles élections fédérales intervenues avant le bouclage de ce magazine, fin septembre, ndlr) et Nathalie Péchalat (sports de glace). La transition est lente car nos structures sont anciennes, dans certaines fédérations les femmes doivent passer par les strates successives : présidente de club, puis de ligue, etc. Mais je pense qu’il y aura beaucoup plus de femmes candidates aux prochaines élections fédérales, qui s’étalent de cet automne au printemps prochain. »
Enfin, Denis Masseglia nous confirme l’apparition prochaine d’une statue d’Alice Milliat, la légendaire pionnière du sport au féminin, dans les murs de la Maison du Sport français. « Un groupe de dirigeantes nous a fait cette demande. Nous avons mené une réflexion. Il n’était pas question de créer une comparaison avec Pierre de Coubertin. Mais naturellement il était légitime de rendre hommage à Alice Milliat. L’inauguration est prévue le 8 mai prochain. »