Double championne d’Europe d’escrime, Jade Maréchal connaît les exigences de la haute performance. Blessée peu après les Jeux Olympiques de Paris 2024, elle transforme l’épreuve en levier d’action. Avec sa coéquipière Éva Lacheray, elle a lancé le programme Perform’ au sein de leur entreprise EJ Unlimited : une formation qui puise dans l’expérience des athlètes de haut niveau pour aider chacun à performer dans ses projets de vie, professionnels comme personnels. Rencontre avec une escrimeuse déterminée à transmettre. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS N°37.
WOMEN SPORTS : VOUS ÊTES ENCORE EN PLEINE CARRIÈRE SPORTIVE. QU’EST-CE QUI VOUS A POUSSÉE À DÉVELOPPER UN TEL PROGRAMME ?
JADE MARÉCHAL : Je suis toujours en équipe de France, je me prépare pour les Jeux Olympiques de Los Angeles 2028, mais depuis ma blessure (une rupture des ligaments croisés), j’ai pris du recul. Ce coup d’arrêt m’a permis de me recentrer sur un autre pan de ma vie : EJ Unlimited. Avec Eva, on a voulu partager les apprentissages que le sport nous a transmis. Perform’, notre formation, propose en trois mois de vivre un vrai parcours de transformation, grâce à dix modules portés par dix champions. L’idée est simple : chaque module aborde une compétence mentale cruciale, comme la gestion du stress, l’atteinte d’objectifs, ou encore la confiance en soi, que l’on transpose directement à la vie pro ou perso.
JUSTEMENT, COMMENT VOTRE VÉCU DE SPORTIVE A-T-IL NOURRI CETTE FORMATION ?
Quand on est athlète de haut niveau, on apprend très tôt à gérer l’échec, la pression, la douleur, mais aussi la motivation. J’ai vécu ma blessure comme un échec immense, celui de ne pas avoir atteint Paris 2024. Mais grâce aux outils que nous transmettons dans la formation, comme la visualisation, l’identification d’objectifs intermédiaires ou encore l’intelligence émotionnelle, j’ai pu transformer cette blessure en opportunité. J’ai appris à voir le stress non pas comme un ennemi, mais comme un signal positif. Aujourd’hui, je me réjouis de ressentir du stress avant une compétition, car je sais que c’est le signe que mon corps est prêt à se dépasser.
CES MODULES SONT DONC BASÉS SUR VOTRE RÉALITÉ D’ATHLÈTE ?
Exactement. On ne parle pas en théorie. Quand Quentin Fillon-Maillet intervient sur l’échec, c’est parce qu’il l’a vécu. Quand Tifany Huot-Marchand parle d’adaptabilité, elle revient d’un accident où on lui disait qu’elle ne marcherait plus. Chaque module est porté par une histoire, un vécu. De mon côté, j’explique comment j’ai utilisé la visualisation pour reconstruire mon genou, comment j’ai réorganisé ma vie quand je suis passée de six heures d’entraînement à une heure et demie de kiné. Ces moments de crise sont des révélateurs puissants, et on veut montrer aux collaborateurs qu’eux aussi peuvent s’appuyer sur ce type de leviers.

QUELLE EST LA PLUS-VALUE DU SPORT DANS UN CADRE D’ENTREPRISE ?
Les athlètes inspirent parce que leurs parcours sont concrets, intenses et porteurs d’émotions. Nos interventions, avec Eva, en entreprise, sont en présentiel et accompagnent les modules digitaux. On y partage les coulisses de notre discipline : la rigueur, l’adversité, mais aussi la complémentarité, comme dans notre duo. On vit à la fois comme coéquipières et adversaires en sélection. Cette dualité, on la retrouve en entreprise : il faut savoir coopérer sans perdre de vue ses objectifs personnels.
QUELS RETOURS RECEVEZ-VOUS DE LA FORMATION ?
Au-delà des outils, ce qu’on entend le plus, c’est « Merci, ça m’a donné envie de passer à l’action. » Notre plus grande fierté, c’est de voir des collaborateurs reprendre confiance, oser, se fixer des objectifs, parfois même en dehors du travail. On ne forme pas que des professionnels plus efficaces, on accompagne des personnes à devenir les champions de leur quotidien.
10 champions et championnes intervenant dans la formation : Boris Diaw (basket), Astrid Guyard (escrime), Quentin FIllon-Maillet (biathlon), Virginie Dedieu (natation synchronisée), Tifany Huot-Marchand (patinage de vitesse), Thomas Lombard (rugby), Maxine Eouzan (Trampoline et plongeon), Thomas Cazeneuve (chessboxing), Blandine Pont (judo), Marie Patouillet (cyclisme)