Sous les paillettes et les projecteurs, elle aurait pu se contenter de briller. Denitsa Ikonomova a choisi d’utiliser sa lumière pour en diffuser une autre : celle de l’engagement. Danseuse reconnue, artiste complète, la jeune maman mène aujourd’hui un combat profondément ancré dans sa sensibilité : celui du bien-être animal. Un parcours de cœur, guidé par l’instinct, l’amitié et le respect du vivant. PAR RUBEN DIAS. Extrait du WOMEN SPORTS N°37.
« Gimsy, c’est ma première fille », glisse-t-elle dans un sourire. Ce n’est pas une formule. Sa chienne shibainu, offerte il y a quelques années, est de toutes les tournées, des plateaux télé jusqu’à la scène. « Elle a traversé Danse avec les Stars avec moi, les tournées avec D’pendanse… Elle m’a suivie partout. » Un lien fusionnel, un amour profond pour les animaux, que Denitsa cultive depuis l’enfance. Son premier chien, une petite chienne adoptée alors qu’elle avait à peine six ans, a marqué son cœur durablement. « On a grandi ensemble. Elle était tout pour moi. » La suite n’a fait que nourrir cette relation si intime avec le monde animal.

©Stefan Mucchielli
La brigade des pattounes, la Brigadoune !
En 2020, au cœur du confinement, elle co-fonde La Brigadoune, une initiative joyeuse et militante imaginée avec son amie Anaïs Demaison. Ensemble, elles décident d’agir. « Anaïs m’a ouvert les yeux. Elle avait déjà transformé la communication d’un refuge du sud. En quelques mois, les adoptions avaient explosé (de 30 à 130 par an). Je me suis dit : si elle peut le faire sans notoriété, alors je dois essayer d’apporter ma pierre à l’édifice moi aussi. »
Le pari est réussi. Sur les réseaux, La Brigadoune relaie les profils d’animaux à adopter, partage des messages de sensibilisation, organise des collectes. L’idée ? Aider sans culpabiliser. Éduquer sans accabler. « On voulait quelque chose de joyeux, d’accessible. Pas de discours agressif, mais une communication pleine d’amour et de respect. » Récemment, les deux amies ont organisé une collecte de croquettes dans un supermarché de sa ville. Résultat : neuf caddies pleins, des dizaines de participants, un geste solidaire devenu élan collectif. « Une dame a donnépour 800 € de croquettes. C’était d’une générosité… » Elle évoque aussi ses voyages : comme ce jour à La Réunion, où elle et sa troupe rapatrient trois chiots à Paris car il n’y avait plus de place dans le refuge local. « J’ai fait 12 heures de vol avec eux. Mais ça valait le coup. »
Vers une adoption responsable
« Quand on prend un animal, il faut réfléchir. C’est une vraie responsabilité, en temps, en argent, en émotion. Ce sont des êtres sensibles, avec des besoins. » Sa voix s’adoucit. Elle n’accuse jamais. Elle invite seulement à une prise de conscience. « Un animal n’est pas un objet, il y a un petit coeur qui bat. » Pour Denitsa, il y a un message primordial à faire passer : « essayer toujours d’adopter au lieu d’acheter. Les refuges débordent de petits êtres qui ne cherchent qu’à être aimés. » Et ce n’est pas le seul avantage. « Quand on prend un chien plus vieux, il est plus facile d’appréhender son caractère et de trouver son âme-soeur. Un petit chiot sera plus imprévisible, et changera avec le temps. » Pourtant, l’âge rebute beaucoup de foyers. « Si nous nous disons ‘Je vais offrir une joyeuse retraite à cet animal’, c’est très gratifiant. Pour qu’ils puissent passer leurs derniers jours avec tout l’amour et l’attention qu’ils méritent. On va le voir partir plus vite, mais ces 4 ou 5 années passés auront été intenses et consacrées à leur bien être », affirme-t-elle.
Une mère de deux filles

Aujourd’hui, c’est dans la tendresse du quotidien que se joue ce lien. Maman d’une petite fille de six mois, Denitsa vit un équilibre nouveau, fait de maternité douce, de reprise progressive de la scène, et de présence attentive pour ses deux “filles”. « Je prends ce rôle très à cœur. Les premiers mois, je me suis consacrée entièrement à ma fille. Mais j’ai toujours veillé à inclure Gimsy dans ce nouveau rythme. Je voulais qu’elle sente qu’elle faisait toujours partie de la famille. » Gimsy, justement, observe. Protectrice. Elle veille sur le nourrisson comme sur un trésor. « J’étais étonnée. Elle n’a jamais trop aimé les enfants. Trois brusques à son gout. Pourtant, elle a tout de suite été là, à côté, presque comme une seconde maman. » Des gestes de fidélité qui rendent très fière sa mère.
Aujourd’hui, elle est partout : sur scène, sur Instagram, en refuge, dans un rayon soleil avec sa fille et Gimsy. Et partout, elle danse. Pour l’amour. Pour la cause. « J’espère qu’un jour, on ne parlera plus de bien-être animal comme d’un combat. Mais comme d’une évidence. »
BIENTÔT : UNE BEAUTÉ CONSCIENTE
En fin d’année 2025, Denitsa Ikonomova lancera une ligne de cosmétiques naturels et écoresponsables, née d’une volonté simple : allier beauté et éthique. Aucun test sur les animaux, des ingrédients clean, des packagings écoconçus et une fabrication transparente. « Ce sera une marque qui me ressemble, respectueuse du vivant et de la planète », confie-t-elle. Un prolongement naturel de ses engagements, et une nouvelle façon de faire passer le message du respect, dans la salle de bain cette fois-ci.
QUELQUES CHIFFRES :
Plus de 300 000 animaux abandonnés en France chaque année selon l’I-Cad (fichier national d’identification des chiens, des chats), soit 2 fois plus que dans n’importe quel pays en Europe (1 animal abandonné toutes les 2 minutes).
La SPA totalise 39 863 animaux adoptés en 2024, soit une régression de 6,4 % d’adoptions par rapport à l’année précédente.