Paroles de passionnée, souffle de sportive. Julie Mazière court pour deux, parfois pour trois. Avec ses deux chiennes, Leïa et Tsuki, elle file sur les sentiers, fusionne les battements de cœur et les foulées. Son moteur : l’amour du sport, de la nature… et des poils sur les vêtements. Rencontre. PROPOS RECUEILLIS PAR RUBEN DIAS. Extrait du WOMEN SPORTS N°37.
WOMEN SPORTS : POUVEZ-VOUS NOUS EXPLIQUER CE QU’EST LE CANICROSS ?
JULIE MAZIÈRE : C’est un sport de traction, où le chien court relié à son humain via une longe élastique et un baudrier. Il tracte devant, en fonction de commandes précises : droite, gauche, devant, ralentis… C’est un sport tout-terrain, à pratiquer en forêt, à la plage, en montagne, partout où le sol est tendre sous les pattes. Il faut faire attention à la chaleur et surtout… bien connaître son binôme. Car oui, c’est un sport d’équipe.
ET C’EST CE QUI VOUS A ATTIRÉ ET POUSSÉ VERS LE SPORT CANIN ?
Je suis sportive, et quand j’ai adopté Leïa, j’ai senti qu’elle avait envie, besoin, de faire du sport. Elle avait une énergie folle. En rejoignant un éducateur canin qui proposait du canicross, ça a été le déclic. Puis j’ai découvert la canitrottinette, une grosse trottinette de cross avec laquelle le chien tracte devant. C’est fun, puissant, grisant. Aujourd’hui je préfère très largement courir avec mes chiennes, plutôt que toute seule. Le chien ne juge pas, il accueille, il apprend, il transmet.
ET COURIR SANS ELLES ?
Pas vraiment. Je cours pour elles, avec elles. Même sans laisse ou harnais, en liberté, elles courent à mes côtés. Et si l’une reste à la maison pendant que je pars avec l’autre, elle le vit mal. Elles savent quand c’est une simple balade et quand c’est « le moment canicross ». C’est important pour elles.
QU’EST-CE QUE CES DISCIPLINES VOUS APPORTENT ?
Une complicité énorme avec mes chiennes. Le sport de traction, m’a permis de renforcer le lien avec elles. Puis il y a cette fierté quand on les voit donner tout ce qu’elles ont, ce lien invisible qui se tend entre nous au fil des kilomètres. C’est du partage pur. Et puis, le canicross, c’est aussi de belles rencontres humaines. Des passionnés comme moi, des clubs, une vraie communauté.
PEUT-ON PRATIQUER CE SPORT AVEC N’IMPORTE QUEL CHIEN ?
Absolument ! Sur les compétitions, on voit de tout : carlins, teckels, bouviers, jack russell, grysters… Bien sûr, les performances varieront, mais l’essence du canicross, c’est le plaisir du partage avec son animal. Il existe même une version randonnée, la « canimarche », pour ceux qui préfèrent marcher en traction. Il suffit d’un chien et d’un harnais.
ET EN COMPÉTITION, COMMENT ÇA SE PASSE AVEC LÉA ET TSUKI ?
Leïa, c’est la force tranquille. Elle est réservée, discrète, mais en course, elle donne tout. Tsuki, elle, c’est l’impulsion. Une bombe d’énergie, plus vive, plus technique. Elles sont différentes, mais complémentaires. Et surtout, elles adorent ça. Quand elles voient ma tenue de sport, elles s’excitent, pleurent, tournent en rond. Elles sont tellement contentes.
UNE ANECDOTE DE COURSE À PARTAGER ?
Oh, tellement ! Mais il y en a une qui me vient. Avec Léa, en canitrottinette, on est déjà montées sur un podium alors qu’elle s’était arrêtée en pleine course pour… faire ses besoins.
Entretien avec les deux chiennes de Julie
Leïa et Tsuki, à cœur et à crocs ouverts

Elles sont poilues, sportives et plus attachantes qu’une médaille autour du cou. Leïa et Tsuki, les deux coéquipières à quatre pattes de Julie, prennent la parole. Enfin, presque. Entre reniflements, gambades et mastications, elles nous livrent leur vision du bonheur en traction.
Bonjour les filles !
Pour commencer, une petite présentation ?
Leïa : J’ai 5 ans, je suis une beauceron croisé golden. Petit gabarit, grand cœur. On dit de moi que je suis calme, timide, mais je suis aussi la force tranquille de l’équipe.
Tsuki : Moi, j’ai 2 ans, je suis une border collie croisée berger australien. Vive, vive, et… vive. Je suis née pour courir. J’ai le feu dans les pattes et des étoiles dans les yeux quand je vois la longe.
Quel est votre sport préféré ?
Leïa : La canitrottinette, sans hésiter. Rien que la voir, j’en pleure d’excitation. C’est ma Formule 1.
Tsuki : Moi, j’aime courir en liberté à côté du VTT. Sentir le vent, choisir ma trajectoire, sentir l’appel du sentier… C’est mon terrain d’expression.
Et niveau friandises, vous êtes plutôt… ?
Leïa : Tout. Absolument tout. Je ne suis pas une golden pour rien. Mention spéciale au bœuf séché, évidemment.
Tsuki : Moi ? Je suis plus cérébrale. Ce que je préfère, c’est quand Julie me dit que je suis la meilleure. Mais bon… un petit poisson séché, je ne dis pas non.
Votre passe-temps préféré à la maison ?
Tsuki : Les tapis de fouille. J’adore travailler mon nez, chercher, analyser, fouiner.
Leïa : Les siestes. Avec un os à mâcher. Et de préférence après une bonne course.
Vous entendez-vous bien toutes les deux ?
Leïa : Au début, c’était pas évident. Une tornade de 17 kilos qui débarque dans mon monde… Mais maintenant, on est inséparables.
Tsuki : Leïa, c’est ma sœur de sport et de sieste. On fait tout ensemble. Bon, sauf manger. On a chacune notre bol, faut pas pousser.
Un moment inoubliable à partager ?
Leïa : Le premier podium. J’avais traîné les pattes ce jour-là, mais Julie était tellement fière. C’est là que j’ai compris : ce n’est pas la vitesse, c’est le lien.
Tsuki : Moi ? Mon premier « droite- gauche » réussi sans erreur. Julie a crié de joie. C’était qu’un virage, mais pour moi, c’était un Everest.