Dans le regard d’Hortense Guillet, il y a cette lumière vive des femmes qui ont traversé la tempête et choisi d’en faire une force. Infirmière dans la Loire, sapeur-pompier volontaire et sportive accomplie, elle incarne une énergie rare. Une énergie où l’intime rejoint l’universel. Car, en janvier 2021, sa vie bascule. Son père, victime d’un arrêt cardiaque brutal, s’effondre dans le salon familial. Elle est là. Elle agit. Et elle lui sauve la vie. Rencontre. PAR RUBEN DIAS. Extrait du WOMEN SPORTS N°38.

« J’ai encore du mal à expliquer comment j’ai fait, confie-t-elle. Tout est allé si vite. Je me souviens juste d’avoir pris le pouls, de constater qu’il n’y en avait pas, et de commencer le massage cardiaque. J’ai appelé le 18, j’ai répété les gestes… Et puis j’ai tenu. »
Ces gestes qu’elle connaît, appris au fil de ses années d’engagement auprès des pompiers, deviennent la frontière ténue entre la vie et la mort. Son père restera de longues semaines hospitalisé, plongé dans le coma, avant une rééducation éprouvante. « Ces mois-là ont été terribles. Chaque coup de fil pouvait annoncer le pire. Mais il s’est battu, et aujourd’hui il est là. » De cette épreuve, Hortense sort transformée. « On réalise que tout peut basculer en une minute. Cela a changé mon rapport à mon métier, à ma famille, à la vie. On n’a plus le droit de remettre au lendemain ce qui compte. » La relation avec son père, elle, se charge d’un poids nouveau : une reconnaissance silencieuse, un lien presque indicible. « Il ne se souvient de rien, dit-elle avec pudeur. Mais moi, je n’oublierai jamais. »
Le sport, devenue une mission
Ce jour de 2021 n’est pas l’origine mais le point d’inflexion d’un parcours déjà marqué par l’effort et la discipline. Petite, Hortense pratique le karaté, jusqu’au championnat de France. Elle enchaîne ensuite athlétisme, handball en sport-étude, puis course à pied avec les pompiers. « Le sport a toujours été mon refuge. Une manière de me dépasser, mais aussi de me retrouver. » Après le sauvetage de son père, cette passion devient une mission. Elle crée l’association Courir pour le cœur, avec une idée simple et forte : sensibiliser le grand public aux gestes qui sauvent, promouvoir la recherche cardiovasculaire et transformer chaque foulée en acte solidaire.
Son premier grand défi : courir un marathon. « Ce n’était pas pour le chrono, mais pour le symbole, explique-t-elle. Je m’étais fixé entre 4h30 et 5h. J’ai terminé en 5 heures. L’important, c’était d’aller au bout – et de courir pour une cause plus grande que moi. » Son père, ce jour-là, l’attendait à l’arrivée. Ce qu’elle emporte aujourd’hui dans ses foulées ? La réponse est immédiate : « L’histoire de mon père. Quand je faiblis, je me dis qu’il s’est battu, alors moi aussi je dois aller au bout. Courir, ce n’est plus juste du sport. »
La cagnotte lancée à cette occasion récolte plus de 1 100 euros, reversés à l’Hôpital Louis Pradel de Lyon pour soutenir la recherche. « J’ai pensé à tous ces patients qui, comme mon père, ont pu bénéficier d’avancées médicales. Je voulais que d’autres aient, eux aussi, cette chance. »
Courir pour le cœur : un élan collectif
Depuis, l’aventure s’accélère. L’association organise des courses solidaires, sensibilise aux massages cardiaques et collecte des fonds. Hortense s’engage aussi dans une nouvelle étape : porter partout avec elle un défibrillateur portable, le CellAED®, développé par l’entreprise TaTonDef’, dont elle est devenue ambassadrice. « Je cours avec, je me balade avec, je l’ai toujours sur moi. Parce qu’un arrêt cardiaque peut arriver n’importe quand, à n’importe qui. » Mais Hortense regarde déjà plus loin. Marathon après marathon, elle rêve de repousser ses propres limites.
« Un Ironman, la Diagonale des Fous… Des épreuves extrêmes. Parce que chaque barrière franchie, c’est un message supplémentaire… pour le cœur. »










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