Tout droit venu de Chine, le Dragon Boat est une embarcation ancestrale dont la pratique est désormais répandue aux quatre coins de la planète. Aujourd’hui, la pratique est aussi connue pour ses bienfaits, notamment pour les personnes qui ont été touchées par le cancer. En France, tandis que les Dragon Boat Ladies prennent de plus en plus d’assurance, à Belfort, les Drag’lionnes font preuve d’une détermination sans égal. Estelle, 41 ans, fait partie de cet équipage. Rencontre. PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS N°22 (Octobre – Novembre – Décembre 2021)
WOMEN SPORTS : QU’EST-CE QUE LE DRAGON BOAT VOUS A APPORTÉ ET APPORTE À L’ÉQUIPAGE ?
ESTELLE : Il faut savoir que je ne suis pas du tout sport d’eau à la base. Bien au contraire ! Quand le Dragon Boat tangue, ce n’est pas toujours évident (rires). Mais depuis que j’ai essayé, je ne suis jamais redescendue du bateau. Quand on nous annonce un cancer, on ne sait jamais trop ce qui nous arrive, mais c’est très important de continuer à faire du sport et d’être entouré pendant et après le traitement. C’est ce que le Dragon Boat nous apporte. Cette pratique mobilise les bras et quand on a été atteinte d’un cancer de sein et qu’on nous a enlevé les ganglions, on peut vite avoir les épaules qui se bloquent donc si on ne bouge pas, ça fait mal. Les mouvements de pagaie permettent aussi de relancer le drainage lymphatique. De plus, le Dragon Boat participe à la prévention de la récidive.
Nous sommes dix pagayeuses, et nous savons chacune ce par quoi les autres sont passées, il y a énormément de bienveillance. Dès que l’une d’entre nous est fatiguée, elle peut respirer, arrêter un peu. Le reste de l’équipage continuera de pagayer et le bateau continuera d’avancer quoi qu’il arrive.C’est un sentiment de satisfaction, de bonheur et de fierté. C’est parfait pour la confiance en soi.
Les premières fois qu’on essaye, on se dit qu’on en est incapable, qu’on ne parviendra pas à faire un seul tour. Mais on se rend compte qu’on est bien plus fortes que ce que l’on croit.
COMMENT GARDEZ-VOUS CETTE DÉTERMINATION ?
Ce n’est pas parce qu’on a été malades, qu’on s’est senties diminuées à un moment, qu’il faut penser qu’on restera mal. On peut remonter la pente. Il faut de la patience, beaucoup de patience. Parfois, quand on nous annonce des rechutes on a l’impression de devoir tout recommencer une nouvelle fois, mais on y arrive, j’en suis la preuve !
Y-A-T-IL DES CONTRE-INDICATIONS ?
Aucune ! Bien sûr, il faut s’écouter, écouter son corps. Par exemple, après une opération, il faut prendre du temps pour soi et faire une petite pause. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, quand on a un cancer, il faut absolument bouger ! C’est primordial.
OBJECTIF VOGALONGA 2022
« Au début, on pratiquait le Dragon Boat en simple loisir, on faisait vraiment de la balade. Mais aujourd’hui, on se donne de nouveaux objectifs plus compétitifs. Le plus important est de participer à la Vogalonga (longue rame) en 2022 à Venise. C’est un parcours assez long – environ 32 km – mais qui représente beaucoup pour nous. On travaille dur pour ça. C’est également l’envie de montrer que la maladie n’est pas une fatalité et peut être le début d’un dépassement. »
Pour participer à cet événement, les Drag’lionnes ont ouvert une cagnotte : cliquer ici