Le 20 juin 2009 est une date inoubliable dans l’histoire de l’équipe de France de basket féminine. Ce jour-là, celles que l’on surnomme « Les Braqueuses » ont mis le drapeau tricolore sur le toit de l’Europe. Retour sur l’une des plus belles pages de l’histoire de la balle orange tricolore. PAR RUBEN DIAS. Extrait du WOMEN SPORTS N°31.
Intraitables. C’est sans doute l’adjectif parfait pour les décrire. Il y a 14 ans (oui, déjà), les Bleues s’offraient la Russie en finale de l’Euro (57-53), et leur deuxième médaille d’or. Mais le parcours fut long avant de fouler la Riga Arena. Remettons-nous dans le contexte de l’époque. Le nouveau sélectionneur Pierre Vincent et la Fédération ont affiché leur objectif avant le tournoi : terminer au moins 5e, avec la qualification au Mondial 2010 en ligne de mire. C’est sûr, après une 8e place en 2007, le chantier paraît complexe. Une équipe jeune est alors formée.
Seulement, après deux tournois de préparation réussis avec brio, conclus par 6 victoires en autant de matchs, le top 5 paraît large- ment atteignable. Sans prétention, l’équipe de France débarque en Lettonie, vêtue d’une tunique d’outsider. Développer la jeunesse, en comptant sur l’expérience de certaines comme Cathy Melain (35 ans), la seule dans le groupe à avoir connu le titre européen de 2001, c’était ça l’objectif fixé. Mais le talent n’attend pas. Il veut tout, sans se soucier de la hiérarchie et de l’adversité. Si Endy Miyem, 21 ans, en est la benjamine, Sandrine Gruda, 21 ans, aura symbolisé cette sublime campagne. Un immense potentiel qui aura déplacé des montagnes, pourtant inexistantes sur le territoire letton, pour porter la France vers l’or. Sortant d’une superbe saison à presque 13 points de moyenne sous la tunique russe d’Ekaterinbourg, aujourd’hui, Gruda est juste devenue la meilleure marqueuse de l’EdF avec 2878 points. Rien que ça. Une génération dents de lait, à laquelle on peut rajouter Céline Dumerc, qui va prendre de l’épaisseur et s’imposer tout au long de la compétition.
Russie, Espagne, Biélorussie… qui pourra les arrêter ?
Côté rivales, les principales adversaires sont la Russie, tenante du titre, l’Espagne, très régulièrement sur le podium, la Biélorussie, troisième en 2007 et la Lettonie, l’équipe locale. D’ailleurs, la France tombera sur la Biélorussie dès la phase de groupes. Un gros test, maîtrisé en prolongation grâce à une contre de Catherine Melain (63-61). Premières de leur poule D, les Bleues infligent ensuite la première défaite de la compétition aux Russes lors de la deuxième phase de poules. Toujours invaincues, l’objectif du Top 5 semble déjà bien trop simple pour celles qu’on surnommera les Braqueuses en raison de leurs victoires en prolongation et en fin de match après avoir été menées. Aux portes de la finale, c’est la Biélorussie qui se dresse. Pas aussi forte qu’attendue, la BBF s’écroule face à la montée en puissance des Françaises (64-56).
Les Bleues sortent les griffes contre la Russie
Le jour de gloire est arrivé. Le 20 juin, dans une Riga Arena, qui attendra le dernier quart-temps pour se réveiller, les Bleues retrouvent une nouvelle fois la Russie. Une finale très fermée et ultra défensive. Une finale qui s’est surtout jouée au mental. L’unité de cette équipe, la France a concassé les Russes. À l’image de leur Euro d’ailleurs. Face à une opposition, sans vrai collectif mais au talent connu et reconnu, la jeune génération ne tremble pas. À l’image de Sandrine Gruda. Son jeune âge ne l’a pas empêchée de se frotter aux 202 cm de Stepanova ou aux 196 cm de la meilleure joueuse du dernier Euroligue, Ospinova.
Une défense de fer, qui permet aux Bleues de creuser peu à peu l’écart, comme s’y attèle Emmeline Ndongue, obligeant chaque joueuse adverse à forcer son shoot. Le résultat est éloquent (22/64) et un piètre 15 % à 3 points… En basket, les chiffres trompent rarement. Malgré cela, et après avoir compté 19 points d’avance au milieu du 3e quart temps, les Bleues ont joué avec le feu. Comme un sursaut d’orgueil. Heureusement un simple sursaut. Devant l’apathie russe, capable du meilleur avec Arteshina et ses 12 points à 40 % de loin), comme du pire avec Hammon (9 points mais 0/8 derrière l’arc), les Braqueuses l’emportent (53-57). Gruda (13 points et 7 rebonds) a été grande, démarrant de la meilleure des façons son histoire en Bleue. Le champagne coule à flot pendant que les larmes envahissent les vi- sages français. L’équipe de France féminine est couronnée reine d’Europe pour la deuxième fois de son histoire. Inoubliable.