Née à Nantes le 5 mai 1884 et décédée le 19 mai 1957, Alice Milliat a consacré près de 25 ans de sa vie au combat pour la reconnaissance du sport féminin sur la scène internationale. Nageuse, hockeyeuse, rameuse, celle qui a été l’une des figures emblématiques de la féminisation de la pratique sportive demeure encore pourtant mal connue.
Sportive dans l’âme, Alice Milliat s’engage très tôt dans le développement de la pratique physique chez les femmes. En 1915, à l’âge de31 ans, elle devient présidente du club omnisports féminin parisien « Femina Sport » crée trois ans plus tôt par deux professeurs de gymnastique, Auguste Sandoz et Pierre Payssé.
En 1917, elle décide d’organiser une rencontre interclubs. Le succès de ce projet la pousse à créer la Fédération des Sociétés Féminines de France, dont elle deviendra présidente en mars 1919. Grâce à ses nombreux voyages outre-Atlantique, en Angleterre et en Scandinavie, elle développe ses connaissances dans l’organisation du sport et élargit son réseau dans le milieu sportif.
Forte de ses rencontres et de ses connaissances, elle décide d’organiser, en 1921 à Monaco, une Olympiade Féminine à laquelle cinq nations vont participer : la Suisse, la France, la Norvège, la Grande-Bretagne et l’Italie. Avec le soutien de l’Angleterre, de l’Italie, des Etats-Unis, de la Tchécoslovaquie et de la France, elle créé à Paris la même année la Fédération Sportive Féminine Internationale (FSFI).
En 1922, le Rocher accueille la deuxième édition de l’Olympiade Féminine où sont présentes pas moins de 300 sportives. Deux petits nouveaux parmi participants cette année-là : la Belgique et la Tchécoslovaquie.
L’organisation des Olympiades Féminines et la mise en place de la FSFI ont pour but de convaincre Pierre de Coubertin, président du Comité international olympique (CIO), que les femmes sont aptes à participer aux Jeux Olympiques au même titre que les hommes. Alice Milliat souhaite aussi atteindre la Fédération Internationale d’Athlétisme Amateur pour qu’elle reconnaisse enfin l’athlétisme féminin comme une discipline officielle.
Grâce à elle, 277 femmes athlètes participent aux Jeux d’été de 1928
En 1922, la FSFI organise les premiers Jeux Mondiaux Féminins au stade Pershing à Paris avec la présence des Américains, des Français, des Anglais, des Suisses et des Tchèques. Face au succès que rencontrent ces jeux, la Fédération Internationale d’Athlétisme va enfin réclamer le contrôle de l’athlétisme féminin et un protocole d’accord entre les fédérations est signé.
Dans la foulée, le CIO fait part de son intention d’inscrire cinq épreuves féminines aux Jeux d’été de 1928 à Amsterdam : le 100 et le 800 mètres, le saut en hauteur, le lancer du disque et le 4×100 mètres. Cependant, pas satisfaite par cette proposition qu’elle juge trop limitée, Alice Milliat décide de poursuivre l’organisation des Jeux Mondiaux Féminins à Prague en 1930 et à Londres en 1934, réunissant désormais 16 nations.
Grâce à une pression sans relâche de la part de la FSFI, les épreuves féminines vont se multiplier aux Jeux Olympiques à partir de 1936 et être reconnues peu à peu par les fédérations sportives. C’est ainsi que, force est de constater qu’elle a rempli ses missions, la FSFI ferme ses portes en 1938.
La mixité et la place du sport féminin dans les compétitions, notamment les Jeux Olympiques, sont en grande partie dus au travail d’Alice Milliat. Elle a, durant toutes ces années, mis en place des actions et des mouvements sportifs féminins qui n’ont cessé de défendre l’intérêt des femmes.
Djelina Ndiaye