Elle avait mené l’équipe de France de basket-ball vers le titre européen en 2001. C’est désormais au service du volley-ball que Yannick Souvré dédie son énergie communicative. A la tête d’une équipe mixte, « parce que la diversité est ce qu’il y a de meilleur », elle a la lourde tâche d’organiser les compétitions professionnelles et de dénicher des sponsors pour la LNV. Elle nous raconte son parcours et sa passionnante mission.
Propos recueillis par Djelina Ndiaye
En quoi consiste votre travail de directrice de la ligue nationale de volley-ball ?
Je m’occupe de la gestion de l’ensemble de l’entité commerciale de la Ligue, en particulier de la communication et la logistique. La Ligue de volley comprend trois championnats, c’est la seule qui est professionnelle et mixte (2 divisions garçon et 1 division fille). Il faut donc organiser les championnats de ces 3 divisions : calendriers, partenariats, gérer les licences, les contrats des clubs et des joueurs etc… Je travaille avec une équipe de 8 personnes extrêmement dédiées à leur travail et surtout très enthousiastes. On a les mêmes ambitions et les mêmes envies de développement mais ce n’est pas toujours facile parce que l’on n’a pas les mêmes moyens que d’autres sports, comme le football par exemple. C’est pour cela que notre principale mission est la recherche de partenaires mais ce n’est pas toujours évident.
Mon équipe de travail est mixte et j’y tiens ! Parce que la diversité est ce qu’il y a de meilleur pour nous. Si l’on ne se mélange pas on ne peut pas apprendre des autres. Pour revenir sur le fond, il y a un vrai potentiel sur le volley. Le sport est souvent qualifié de phénoménal côté esthétique, mais ce qu’on ne sait pas c’est qu’il y a aussi le côté physique. En effet, les athlètes ne sont pas seulement beaux mais aussi extraordinaires et puissants dans leur jeu. J’ai envie de le crier à la terre entière pour attirer les marques. Il n’y a pas de dégradation avec les supporters et les joueurs/joueuses sont très proches de leur public. On ne retrouve pas le côté négatif que peut emmener le professionnalisme du sport.
« JE N’Y AI PAS JOUÉ POUR L’ARGENT MAIS PAR PASSION, SI JE POUVAIS EN VIVRE TANT MIEUX. »
Vous êtes ancienne joueuse de basket-ball professionnelle, comment on passe du basket au volley ?
Suite à mon poste au sein de la FIBA en Allemagne je n’ai pas eu d’opportunité dans le monde du basket-ball. A mon retour en France, j’ai postulé dans d’autres postes mais comme j’étais une ancienne basketteuse on me disait non. J’avais toujours l’étiquette de sportive malgré mon expérience et mes diplômes en Marketing opérationnel et Gouvernance du Sport Européen obtenus à l’Institut d’Études Politiques. Ce que j’ai vécu en Allemagne n’est pas négligeable, j’ai eu un très bon poste mais j’ai l’impression que ça n’a malheureusement pas eu de répercussion en France et que ça ne compte pas. J’ai donc vu ce poste comme une opportunité afin de me faire connaître au-delà de mon parcours de joueuse. Le volley-ball fait partie des sports que j’ai toujours aimés. Je connais très bien Isabelle Collette l’ancienne directrice, c’est elle qui m’a proposé de lui succéder. Le poste est très intéressant, il y a plein de choses à y faire. Je m’épanouis vraiment ici.
Avez-vous déjà pensé à être entraîneure de basket-ball ?
J’ai en effet eu cette réflexion quand je me suis préoccupée de ma reconversion, mais je connais ma limite à gérer un poste que je considère difficile. J’aurai eu la capacité à être un leader étant donné que j’étais capitaine et meneuse de jeu, par contre, gérer le stress, le style de vie particulier pas sûre. J’avais envie d’avoir une vie familiale classique. En plus, à la base, je suis diplômée en marketing et communication donc c’est tout naturellement que je me suis dirigée vers ces postes-là.
Quelles sont vos relations
avec la fédération française
de volley-ball ?
Très bonnes, on s’entend bien et on est dans les mêmes locaux. Il est vrai que dans le passé la cohabitation n’a pas toujours été parfaite. Mais aujourd’hui, entre les employés ça se passe très bien. J’aimerais que l’on travaille encore plus main dans la main mais ce n’est pas toujours simple. Alain Griguer, le président de la Ligue, et Éric Tanguy, le président de la fédération, entretiennent de bonnes relations et ont vraiment pour objectif de collaborer ensemble.
Que pensez-vous de la place des femmes dans les métiers du sport ?
Il faudrait déjà que davantage de femmes puissent accéder à ces fonctions, mais il y a une évolution positive. Auparavant, le sport féminin était caché. Cela a énormément évolué, des gens ont œuvré pour ça. Par exemple dans le football, le président Noël Le Graët a mis en œuvre un plan de féminisation de façon très sérieuse. Ce qui a permis de créer des fonctions et de voir des femmes à des postes clés. Il y a des parts de marché à prendre et ils le font admirablement bien. Il faut que toutes ces portes s’ouvrent.
Comment évolue la situation des sportives professionnelles?
Je vais parler du basket-ball parce que c’est ce que j’ai connu. C’est un sport qui était très amateur et qui est aujourd’hui plus professionnel. Les contrats et les salaires dans le basket féminin ont entraîné des bons et des mauvais côtés : je n’y ai pas joué pour l’argent mais par passion, si je pouvais en vivre tant mieux. C’était plus convivial, plus festif et chouette de pouvoir se mettre à 100% pour son sport et gagner sa vie grâce à ça. Je suis inquiète pour les sportifs professionnels actuels, hommes et femmes. Je veux leur faire comprendre que certes ils gagnent bien leur vie aujourd’hui mais que ça ne leur permettra pas de vivre jusqu’à la fin de leurs jours. Ma mission c’est aussi de les former, les entourer et de leur faire prendre conscience de l’importance de la reconversion. Il y a aussi une évolution flagrante des conditions dans lesquelles les sportifs évoluent et travaillent. Beaucoup aujourd’hui vivent sous le seuil de pauvreté car ils ne peuvent pas allier travail et compétition.
« EN CE MOMENT, ON A DES DIFFICULTÉS AVEC L’ÉQUIPE DE FRANCE FÉMININE DE VOLLEY-BALL »
Quelles sont les principales différences entre les hommes et les femmes dans le volley-ball professionnel ?
Les résultats sportifs. En ce moment, on a des difficultés avec l’équipe de France féminine de volley, on compte sur la Fédération et la Ligue pour aider. Il n’y a pas vraiment d’autres grosses différences si ce n’est les moyens, mais ce n’est pas aussi flagrant que dans d’autres sports. Il n’y a pas un écart qui fait qu’il y ait des choses inconcevables. La mise en place d’Etats généraux pour le volley féminin et la ligue participeront au développement et à la mixité de manière sérieuse.
Quel est le salaire moyen des joueuse par rapport aux joueurs?
Les joueuses gagnent moins mais pour comparer les chiffres il faudrait prendre en considération de multiples critères comme le club, l’ancienneté… Toutefois, il y a beaucoup moins de différence en volley où l’on retrouve une forme d’équité meilleure que dans d’autres sports. Au basket c’est pareil, les joueuses sont moins bien payées mais on vend aussi le match bien moins cher aux partenaires.
Quelles sont les principales différences entre le basket-ball et le volley-ball?
Le plus flagrant et ce qui m’a marquée c’est le contact physique qui existe très peu en volley-ball. La gestion du temps est également très différente. En volley-ball c’est un peu comme au tennis, le match peut durer de 1h15 à 3h : on ne sait jamais quand ça va se terminer. Au niveau des valeurs on est sur des valeurs de sport collectif et de sport de ballon. Ce qui est remarquable au volley c’est que c’est un sport très collectif, les joueurs se tapent dans les mains, s’encouragent. Ce qui n’est pas le cas dans tous les sports.
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YANNICK SOUVRÉ EN BREF
Née le 19 septembre 1969 à Toulouse, Yannick Souvré est issue d’une famille de sportifs. Ancienne basketteuse professionnelle pendant 20 ans (1984- 2003), elle s’est depuis lors reconvertie dans le marketing au sein des instances sportives.
CARRIÈRE PROFESSIONNELLE :
1984-1989 (5 ans) – Mirande
1989-1990 (1 an) – Fresno State (Université Californienne)
1992-1993 (2 ans) – Racing Club de Strasbourg
1993 (1 an) – SPO Rouen
1993-2003 (10 ans) – CJM Bourges
243 sélections en équipe de France, dont elle était capitaine Championne d’Europe avec les Bleues en 2001.
En juin 2003, elle rejoint la direction commerciale du club de Bourges au sein duquel elle a pris sa retraite en tant que joueuse un mois auparavant. Au mois de novembre 2003, une opportunité exceptionnelle s’offre à elle : elle devient directrice générale de FIBA Europe Properties à Munich en Allemagne et s’occupe de la gestion des droits marketing, merchandising et télévisuels pendant 13 ans. A son retour en France en 2015, elle participe à l’opération « Je rêve des Jeux » en lien avec la candidature Paris 2024 en tant que chargée de mission au sein du CNOSF (Comité National Olympique et Sportif Français). Puis, pendant 7 mois, elle va travailler sur le projet de loi pour le développement du sport professionnel féminin mis en place par Thierry Braillard, le secrétaire d’Etat aux Sports. C’est à partir d’août 2016 qu’elle va accéder à la fonction de directrice technique au sein de la Ligue Nationale de Volley-Ball.