Les chiffres de l’arbitrage dans le football parlent d’eux-mêmes : parmi les 25 150 arbitres officiels en France (*), il n’y a que 779 femmes. Dont une seule parmi les arbitres de l’élite : Stéphanie Frappart, 33 ans, qui exerce en Ligue 2. Arbitre depuis 1996, elle était également présente aux JO de Rio. Voici son portrait.
« J’ai d’abord joué au football, comme la plupart des arbitres. J’ai alors appris les règles indispensables à la profession et je me suis rapprochée de mon district », se souvient Stéphanie Frappart qui démarrera directement sa fonction auprès des hommes, en section « Poussins » et « Benjamins ». « Je suivais des cours d’arbitrage pour les jeunes, deux samedis par mois. J’ai fini par me prendre au jeu. Et au fil du temps, c’est devenu une passion. Pendant quelques années, j’ai concilié l’arbitrage avec mon parcours de joueuse. Puis j’ai dû faire un choix. À l’époque, le football féminin n’était pas très développé et mes chances d’évoluer professionnellement dans le milieu étaient très réduites. J’ai donc opté pour l’arbitrage. »
Nommée meilleur arbitre féminin en 2014 aux Trophées UNFP de football, Stéphanie Frappart devient la même année la première femme à arbitrer un match professionnel masculin de football français, dans le Championnat de France de Ligue 2. Également à son palmarès impressionnant : les compétitions internationales femmes, la Coupe du Monde féminine au Canada en 2015 ou encore les JO de Rio en 2016.
Difficile de devenir arbitre quand on est une femme ? « Je dirais juste que la fonction est à l’image de la société. Pour monter, il faut faire ses preuves… Une fois que vous avez su prouver que vous étiez compétente, tout roule ! » Et d’officier sur des rencontres masculines ? « Ce n’est pas plus difficile. Au contraire, je pense que cela peut même faciliter les rapports. La relation hommes-femmes est toujours plus cordiale que les relations hommes-hommes ou femmes-femmes. Sur le terrain, les hommes ont beaucoup plus de respect pour une femme arbitre. Il y a moins d’insultes ou de violence envers une femme. Sans doute parce qu’elle est plus pédagogue et inspire davantage confiance quand elle est reconnue par ses pairs. Reste que la seule chose qui compte au final, c’est de prendre les bonnes décisions. C’est là-dessus qu’on est jugé. »
Pour se faire respecter dans un univers essentiellement masculin, une seule règle : « être compétente ». « Une fois que vous avez été reconnue dans vos fonctions et jugée « apte », l’autorité découle d’elle-même. Exactement comme en entreprise. »
Salariée à mi-temps à la FSGT, Stéphanie Frappart consacre une bonne partie de son temps « libre » et « arbitral » à la préparation physique. Outre ses sorties « running » entre midi et deux, la jeune femme suit un programme d’entraînement particulièrement chargé. « Il est important d’être au top, 24h sur 24. Pour se faire, je m’entraîne plusieurs heures par semaine… N’oublions pas qu’un arbitre parcourt en moyenne entre 12 et 14 kilomètres par match. En fractionné, sur des distances courtes et répétées. C’est extrêmement fatiguant ». Par ailleurs, les arbitres de niveau professionnel passent deux tests physiques par an, auxquels viennent s’ajouter des tests écrits. « Les arbitres hommes et femmes sont logés à la même enseigne… Autant vous dire que mon passé de sportive m’aide considérablement à valider ces épreuves. »
40% des arbitres ont moins de 28 ans aujourd’hui. Stéphanie Frappart explique ce
« jeune âge » par la condition physique exceptionnelle qui est requise pour arbitrer
un match. Depuis peu, il est néanmoins possible d’exercer la profession après 45 ans, « seuil qui était fixé jusqu’alors par les instances arbitrales ». « C’est une très bonne chose. Aujourd’hui, si vous souhaitez arbitrer à 55 ans, libre à vous ! Encore faut-il en avoir la capacité. »
La Poste ? « J’essaye de répondre présent aux journées de l’arbitrage que La poste organise chaque année. C’est le moins que je puisse faire. Ces journées visent à susciter des vocations et donner envie, notamment à des femmes, de se mettre à l’arbitrage. Elles permettent aussi de sensibiliser le public et les joueurs de tous âges à la fonction d’arbitre. J’attache beaucoup d’importance à ce rendez-vous annuel. »
En ligne de mire, l’Euro aux Pays-Bas en Juillet, « et pourquoi pas la Ligue 1 » !
* dont 35 arbitres internationaux, 137 arbitres centraux et 82 assistants au niveau fédéral (dont 22 arbitres centraux et 32 assistants en L1)
Fondation Égalité Mixité
Le projet « Pourquoi pas une femme ? » est soutenu par la Fondation Égalité Mixité, abritée par le Fondation FACE. Il vise à promouvoir la place des femmes dans les métiers du sport. En effet, 87% des femmes pratiquent le sport et un 1 sportif sur 2 est une sportive. Pourtant, dans les métiers du sport, les femmes sont très peu représentées. A titre d’exemple, seuls 32% des éducateurs sportifs sont des femmes. Pourquoi un tel écart ? Les causes sont-elles d’ordres culturels, psychologiques ou pratiques ? Répondre à ces questions et mettre en œuvre les bons leviers pour casser ces blocages est tout l’enjeu de ce projet, porté par l’association Sport Univers’Elle.
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http://www.sport-universelle.org/