Constance, coiffeuse en formation près de Tours, a 20 ans. Elle s’est lancée il y a peu dans le rugby à cinq en équipe mixte au sein des « Langeais Démon ». A 29 ans, le Bulgare Radoslav (Gopi Gosh de son nom spirituel), stagiaire au ministère des Affaires étrangères à Sofia, pratique le yoga sous différentes formes depuis 9 ans. Choc des cultures garanti ! Interview croisée. Par Léa Borie
CONSTANCE, DITES-NOUS : FAIRE DU RUGBY, QUELLE IDÉE ?
Constance : Mon petit frère, de quatre ans mon cadet, a arrêté le rugby il y a deux ans pour rejoindre les Compagnons du Tour de France, après 10 ans de ballon ovale. Du coup, j’ai repris le flambeau en m’inscrivant au rugby à 5. J’ai toujours baigné dedans, en tant que spectatrice, à venir à chaque match, les samedis, pour l’encourager. C’était une manière de garder contact avec le club. Et puis, à cinq sur un demi-terrain, on remplace le placage par plus de rapidité, c’est aussi ça qui m’a convaincue.
QUELLE VISION AVEZ-VOUS DU YOGA RADOSLAV ?
Radoslav : Les cours de yoga sont devenus à la mode, portés par les femmes, ce qui repousse malheureusement les hommes. Alors que pour moi, c’est plus un symbole de courage que d’adopter cette pratique et ce mode de pensée.
QU’EST-CE QUE CETTE PRATIQUE VOUS PROCURE ?
Constance : Depuis trois ans, je fais de la gym en salle tous les lundis, type cardio, body combat, step, yoga… Mais en intérieur, on ne court pas, alors que le rugby me permet de me défouler et de ne pas rester enfermée. Et puis, j’aime l’esprit d’équipe, les jeux de passes avec les camarades – croisés, sautés, redoublés, et la communication entre nous que ça nécessite. Jouer en équipe donne encore plus envie de ratatiner l’autre équipe tous ensemble. Bien qu’on soit une équipe mixte, l’entraîneur veille à ce qu’on soit d’un niveau assez homogène.
Radoslav : Le yoga une pratique intégrale et complexe. Ça ne comprend pas seulement le Hatha-yoga, de tradition hindoue. J’aime aussi le Bhakti-yoga, plus basé sur les échanges musicaux, le Jnana-yoga pour sa philosophie, ou encore l’Ashtanga-yoga. Dans cette large palette de yogas, je puise les divers bienfaits pour adopter un mode de vie différent qui me rend plus conscient de moi et du monde qui m’entoure. Après, c’est un cercle vertueux : plus j’en fais, plus je suis à l’aise et comble les manques.
QU’EN PENSE VOTRE ENTOURAGE ?
Constance : Il s’étonne. Surtout que je suis coiffeuse, et qui plus est la plus jeune de l’équipe dont la moyenne d’âge avoisine la trentaine. Mes clients au salon ont peur que je me casse quelque chose,
surtout qu’on est une équipe de 11 avec seulement 5 filles. Mais quand je leur explique le jeu, ça les rassure. Surtout quand j’explique à quel point je me sens mieux ensuite. Ma famille le sent : je suis plus ouverte qu’avant où j’étais davantage réservée. En fin d’entraînement, je suis euphorique, détendue. Sans compter les cuisses que j’ai prises.
Radoslav : Je suis le seul de la famille à pratiquer le yoga. Mes parents se sont montrés hyper surpris à vrai dire, car au lycée, j’étais plutôt adepte de musculation. Chose qui les a d’autant plus étonnés lorsque j’ai adopté un régime végétarien, eux qui sont des carnivores passionnés ! Mais à côté, j’ai pas mal d’amis qui font du yoga, et qui savent qu’à haut niveau de pratique, le yoga peut avoir attrait à la force mentale, psychique et physique. C’est-à-dire que ça signifie aussi prendre soin de son bien-être spirituel. Et dans l’autre sens, une femme qui fait du rugby trouvera sans doute un moyen d’atteindre l’estime des hommes « machos » ! Pas vrai ?