Ophélie Gouveia vit dans l’espoir de devenir footballeuse professionnelle. Un « rêve de gamine » qu’elle s’est donnée les moyens de réaliser en rejoignant la toute nouvelle – mais déjà très ambitieuse – équipe féminine d’Auxerre. Depuis la rentrée 2018, la jeune femme de 18 ans partage son temps entre l’école du Centre de formation Acadomia AJA, et les terrains de football du club bourguignon. Elle travaille pour atteindre son but, des étoiles plein les yeux.
Par Floriane Cantoro
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.12 d’avril-mai-juin 2019
Bleu et blanc, ce sont les nouvelles couleurs d’Ophélie Gouveia. Depuis septembre 2018, la jeune femme de 18 ans a rejoint l’équipe féminine de l’AJ Auxerre (AJA). Cette nouvelle formation, qui évolue actuellement en Régionale 2 (quatrième division), est issue de l’association du club professionnel bourguignon avec un autre club amateur de la ville, le Stade Auxerrois, entré dans le football féminin il y a quelques années. « Nous avons signé un partenariat sur cinq ans avec la volonté de développer une formation emblématique du sport féminin dans l’Yonne, permettant à des joueuses d’évoluer au plus haut-niveau du football national », explique Baptiste Malherbe, directeur général de l’AJA. Pour cela, le club s’est entouré de jeunes pousses talentueuses, dénichées un peu partout en France.
Pour trouver Ophélie, il lui aura fallu pousser les portes du plus célèbre club de France : le Paris Saint-Germain. L’attaquante, fan absolue de Laure Boulleau et d’Eugénie Le Sommer, y a joué pendant un an la saison dernière, après avoir fait ses gammes aux foot-clubs de Coignières et d’Élancourt dans les Yvelines, d’où elle est originaire.

Seule féminine de l’école Acadomia AJA
Comme elle, de nombreuses joueuses ont été détectées pour rejoindre l’AJA et sa nouvelle section féminine. Cependant, parmi les 100 licenciées que compte la structure (équipes A, B, U19 et école de foot comprises), Ophélie fait figure d’exception : en effet, elle est la seule joueuse inscrite à l’école du Centre de formation du club, gérée en partenariat avec Acadomia depuis 2016 (voir encadré ci-dessous). « Elle souhaitait faire un bac pro gestion-administration, une formation que certains de nos jeunes suivaient déjà. On lui a donc proposé d’intégrer l’école du Centre de formation Acadomia AJA, au lieu de l’inscrire dans un lycée classique », explique Baptiste Malherbe. Le directeur général d’Auxerre précise toutefois que le cas de figure pourrait bien se normaliser dans les années à venir, la moyenne d’âge de l’équipe féminine étant de 20 ans (très jeunes joueuses).
« Être seulement trois dans la formation permet d’avoir un suivi extrêmement individualisé. »
À la différence des apprentis-footballeurs auxerrois, Ophélie n’a cependant pas de convention de formation, « elle profite seulement de l’école ». Elle ne vit pas sur place mais dans un appartement, à quelques centaines de mètres du club. Un confort de vie énorme par rapport à l’année dernière. « À Paris, je perdais beaucoup de temps dans les transports pour me rendre aux entraînements qui étaient tard le soir, se souvient la néo-bourguignonne. Ce n’était pas toujours facile de concilier football et études. Ici, j’ai tout à portée de main. »
Le foot pro dans la tête
Ophélie a conscience de l’avantage d’une telle situation pour concilier un emploi du temps chargé pour une jeune fille de son âge : 23h de cours par semaine (dont 3h d’études dirigées), un service civique au sein de l’association du club, quatre entraînements de football hebdomadaires et des matchs de championnat le week-end. Pour autant, elle s’est rapidement adaptée à son nouveau quotidien icaunais. À l’école, elle a été très bien accueillie par tout le monde, notamment les joueurs, et partage sa classe avec deux d’entre eux. « Être seulement trois dans la formation permet d’avoir un suivi extrêmement individualisé ; les professeurs d’Acadomia sont plus présents et disponibles que dans une école traditionnelle où on est 32 élèves par classe », apprécie Ophélie. Grâce à ce système, elle peut continuer à rêver de football tout en s’assurant un autre avenir professionnel si les choses ne se passent pas aussi bien qu’espérées. « Devenir footballeuse professionnelle est un rêve de gamine mais cela ne concerne que peu de joueuses aujourd’hui, admet-elle, lucide, d’où la nécessité d’avoir un bon bagage scolaire. »
Et si ses désirs les plus fous devenaient réalité ? Pour sa première année d’expérience dans le football féminin, l’équipe auxerroise affiche en effet des résultats très prometteurs : une belle saison laissant entrevoir une rapide accession en Régionale 1 (3e division), et un parcours plus qu’honorable en Coupe du France avec une élimination au 8e tour, « une première pour le Stade auxerrois auquel on s’est associé, qui n’avait jamais dépassé le 6e tour », se réjouit Baptiste Malherbe. D’autant que la création d’une équipe féminine à l’AJA a été très bien reçue par les acteurs locaux. « On s’était fixés un maximum de cinq partenaires car on voulait créer des packs très visibles sur cette équipe féminine en associant un emplacement maillot à un dispositif marketing important ; en moins d’un mois, on avait trouvé nos cinq sponsors ! », se félicite le DG du club. Un engouement et des constats qui prédisent de beaux jours pour les féminines de l’AJ Auxerre. Et donc de bons espoirs pour les rêves étoilées d’Ophélie.
Acadomia fait souffler un vent nouveau sur la légendaire formation auxerroise
Depuis juillet 2016, le club bourguignon de l’AJA s’est associé à Acadomia pour gérer la scolarité des jeunes de son Centre de formation. Baptiste Malherbe, directeur général du club, nous explique la démarche. « On a voulu mixer deux compétences : celle de l’AJA, expert dans la formation de futurs footballeurs, et celle d’Acadomia, maître dans l’accompagnement scolaire. » Depuis bientôt trois ans, le club s’occupe donc de la partie sportive quand Acadomia recrute les enseignants et organise les cours. « Ce partenariat nous permet d’avoir de nouveau une organisation 100% internalisée, ajoute Baptiste Malherbe [ndlr, le club avait déjà fonctionné en école privée il y a quelques années]. École, football, hébergement, restauration : le fait d’avoir tout sur place est gage d’efficience pour le club.» Par ailleurs, grâce à Acadomia, Auxerre bénéficie d’un argument de recrutement supplémentaire par rapport aux autres centres de formation, la société d’accompagnement scolaire étant capable de construire des formations sur mesure pour répondre aux envies et choix d’orientation de tous les jeunes. « On est vraiment dans des parcours individualisés », apprécie le directeur général. Tout est fait pour que la scolarité ne gêne pas le jeune dans sa recherche de performance sportive et, à l’inverse, que le football ne l’empêche pas d’envisager une autre carrière professionnelle (en cas de reconversion ou de ré-orientation hors football). Enfin, Acadomia a mis son expérience au service d’Auxerre pour adapter les enseignements au public concerné – en l’occurrence des apprentis-footballeurs en pleine croissance et extrêmement sollicités par ailleurs. Aussi les effectifs par classe ne dépassent jamais les 8-9 élèves, tandis que les cours et l’aménagement des espaces ont été repensés pour un meilleur résultat pédagogique (utilisation importante des supports vidéos et disposition « en rond » des tables dans les salles de cours). « La formation a toujours existé au club mais Acadomia a apporté son savoir-faire particulier », résume Baptiste Malherbe.

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