Cet été, pendant la Coupe du monde féminine de football en France, un événement a attiré notre curiosité : l’exposition, dans les neuf villes hôtes de la compétition, de baby-foots mixtes. Nous avons contacté Nicole Abar, à l’initiative de la nouveauté. L’ancienne internationale française, fervente militante de l’égalité hommes-femmes, nous en dit plus sur cette petite révolution sur terrains miniatures.
Par Floriane Cantoro
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.14 d’octobre-novembre-décembre 2019

Ces dernières années, les femmes ont gagné du terrain dans le sport. Sauf peut-être sur une surface, qui semble leur résister : les baby-foots. C’était sans compter sur l’opiniâtreté de Nicole Abar !
À l’occasion de la Coupe du monde en France cet été, cette ancienne footballeuse française a voulu aborder la thématique de l’égalité des genres dans le sport sous l’angle de la bonne humeur. Elle a tout de suite pensé au baby-foot, « un jeu amusant et accessible à tous, hommes ou femmes, petits ou grands, débutants ou confirmés ». « C’est aussi un jeu que l’on retrouve principalement dans les bars, des lieux publics que les femmes ne fréquentaient pas par le passé ; la symbolique était forte », explique cette féministe engagée, seule femme à avoir fait condamner un club de football en France pour discrimination sur le sexe (Plessis-Robinson, en 2002).
Une figurine féminine à l’image de la footballeuse d’aujourd’hui
Pour aller au bout de son idée, Nicole Abar a contacté la maison Bonzini, fabricant de baby-foots depuis 1927, pour que soit intégrée au catalogue de l’entreprise une figurine féminine. Le but était qu’elle puisse ensuite être dupliquée et adaptée sur tous les nouveaux modèles créés. Une joueuse avait déjà été confectionnée il y a une dizaine d’années par Bonzini mais elle portait une jupe comme au tennis. La figurine développée par Nicole Abar est plus sportive et plus moderne, en parfait accord avec nos footballeuses d’aujourd’hui.
Des baby-foots mixtes et multiculturels
Pour autant, pas question pour l’ex-star du ballon rond de créer des baby-foots exclusivement féminins. « Je me suis toujours battue pour l’égalité, c’est-à-dire autant pour les hommes que pour les femmes. Les filles et les garçons ensemble, cela avait un sens fondamental pour moi, c’est que les filles arrivent mais les garçons continuent à jouer. » Par le biais de son association Liberté aux Joueuses (LAJ) et grâce à une campagne de financement participatif lancée sur la plateforme KissKissBankBank au printemps dernier, elle a pu faire fabriquer sept baby-foots mixtes. C’est-à-dire avec 11 joueurs et 11 joueuses, mélangés dans les deux équipes. Elle souhaitait également que ses modèles soient multiculturels et a donc choisi des figurines blanches, noires et de type hispanique.

Ses sept créations, customisées par des artistes peintres, ont fait le tour de l’Hexagone pendant la Coupe du monde féminine 2019 en France. Elles seront prochainement mises aux enchères et l’argent reversé à des oeuvres caritatives en lien avec le sport… ou non ! « Je souhaitais que la Coupe du monde, et plus largement le football féminin, aient un impact sur la société autre que la compétition ou l’égalité hommes-femmes. »