Elle est l’une des golfeuses les plus prometteuses de sa génération. Clémence Martin, 17 ans, est ce que l’on appelle un petit « as » du green. Mais c’est aussi une lycéenne qui se destine à un beau parcours universitaire. Pour jongler au mieux entre ces deux objectifs, la jeune fille a fait confiance à Acadomia. Étudiante le matin, golfeuse l’après-midi, bosseuse à temps plein : voici son quotidien.
Par Floriane Cantoro – Photos : Pierre Costabadie / Icon Sport Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.15 de janvier-février-mars 2020
À 17 ans, Clémence Martin rêve d’un parcours à la Céline Boutier. Comme son idole française, la jeune golfeuse du Paris Country Club aimerait intégrer le LPGA Tour, le circuit de golf féminin professionnel nord-américain, considéré comme le plus prestigieux du monde. Mais pour cela, elle sait que la route est encore longue…
Elle passera par d’innombrables heures d’entraînement sur le practice, entre-coupées de moments d’études et d’apprentissages. Car, avant d’être une excellente golfeuse, Clémence Martin se doit d’avoir une tête bien faite : pour assurer ses arrières ou préparer sa reconversion. « Le stéréotype du sportif inculte, ça n’existe plus ; aujourd’hui, les jeunes savent que les études vont de pair avec leur réussite sportive », précise Ellen Morel, directrice de l’école Acadomia de Paris. Élève en classe de Terminale Scientifique, Clémence y suit cinq heures de cours par jour, du lundi au vendredi, et dispose de ses après-midis libres pour se consacrer à la pratique du golf. C’est la particularité de cet établissement parisien conçu pour permettre aux jeunes de mener à bien leur double projet sportif et scolaire (voir encadré ci-dessous) : ici, les enseignements sont concentrés sur les matinées uniquement. De quoi permettre à Clémence de s’entraîner plus de 20 heures par semaine au Paris Country Club ou au Golf National lorsqu’elle est avec le Pôle France. Et quand elle ne parfait pas sa technique sur le practice, la jeune lycéenne emploie son temps libre pour sculpter son corps, à raison de 4 heures de physique en salle hebdomadaires.
Avec le Paris Country Club, la jeune golfeuse a déjà été sacrée trois fois championne de France par équipes. (Photo DR/.)
Le bac, sinon pas de golf à l’université !
Avant d’étudier à l’école Acadomia, Clémence était inscrite dans un collège à horaires aménagés qui a vite montré ses limites. Elle n’avait droit qu’à cinq jours d’absence par an, soit même pas l’équivalent du temps qu’il lui faut pour disputer un tournoi (compétition et déplacement compris). Elle s’arrangeait pour récupérer les devoirs, bien sûr, mais le système n’était pas fait pour. « Chez Acadomia, les professeurs s’adaptent vraiment aux besoins de chacun. Par exemple, quand je manque une semaine d’école parce que je suis en tournoi à l’étranger, ils m’envoient systématiquement les cours par mail et restent joignables par téléphone pour m’expliquer les notions que je ne comprends pas. »
Clémence aime le golf parce que c’est un sport d’extérieur et que chaque parcours est unique. Son préféré ? Celui de Saint-Cloud. (Photo DR/.)
Cette saison toutefois, la jeune golfeuse va limiter ses tournois à l’étranger car c’est l’année du baccalauréat. Elle a d’ailleurs renforcé son emploi du temps scolaire par des heures supplémentaires en physique-chimie le lundi après-midi, au détriment du golf. « Je veux préparer au mieux l’examen, et me donner les moyens de viser la mention ! ».
Clémence fait partie d’une famille de golfeurs : c’est son père, grand amateur de la discipline, qui lui a mis « le pied à l’étrier » tandis que ses deux petites soeurs suivent les traces de leur aînée.
Surtout que le « bac » est la seule étape qui la sépare de son rêve de devenir golfeuse professionnelle. En effet, Clémence a été repérée par une faculté américaine de Caroline du Sud qui la veut dans son équipe de golf féminine universitaire pour l’automne 2021. Seule condition : des études secondaires auparavant.
Aux États-Unis, elle se donnera quatre années supplémentaires pour progresser et mûrir sportivement, tout en préparant un diplôme dans le domaine du business. Une « sécurité » non négociable pour ses parents. Lorsqu’elle aura terminé ses études, et si son niveau de golf le lui permet, elle se lancera sur le circuit LPGA, comme une certaine… Céline Boutier, diplômée de l’université Duke de Caroline du Nord en 2016. « Son parcours m’inspire beaucoup ; elle est rigoureuse dans sa pratique mais sait aussi profiter de sa vie en dehors du sport », explique Clémence. Les deux golfeuses se sont déjà rencontrées au Paris Country Club lorsque Clémence n’était qu’une enfant et Céline une ado surdouée des greens. Aujourd’hui, la championne de 26 ans a remporté trois tournois professionnels, dont le ISPS Handa Vic Open sur le LPGA Tour, ainsi que la Solheim Cup 2019 (compétition par équipes opposant l’Europe aux USA). Espérons pour Clémence que leurs chemins se recroisent un jour, clubs à la main !
Clémence rêve d’un parcours comme son idole Céline Boutier, diplômée de l’université Duke de Caroline du Nord et golfeuse sur le circuit LPGA. (Photo DR/.)
Une construction pédagogique autour d’un double projet
Depuis la classe de seconde, Clémence Martin est inscrite à l’école Acadomia de Paris, ouverte en 2012. « Il s’agit d’un établissement basé sur la différenciation pédagogique, à savoir le fait de mener à une même réussite des étudiants très différents », explique la directrice Ellen Morel. « Au départ, l’école a été créée en partenariat avec le Paris Country Club pour des enfants golfeurs qui ne trouvaient pas leur place dans les collèges et lycées classiques, poursuit-elle. Avec le bouche-à-oreille, la demande s’est développée et d’autres élèves ont été intégrés. » Aujourd’hui, l’établissement est un lycée privé hors-contrat reconnu par l’État, accueillant 93 élèves (pour 21 professeurs), dont 70% de sportifs. « Les familles viennent nous voir parce qu’elles ont le sentiment que leur enfant ne pourra pas s’en sortir dans un lycée traditionnel ; sa différence, sous-entendue sportive, ne sera pas prise en compte. Cela va se traduire, en cas d’absence du jeune pour cause d’entraînement ou de tournois, par une succession de mauvaises notes… Chez Acadomia, nous prenons en compte son emploi du temps sportif. Toutes nos ressources sont mises en ligne sur notre plateforme scolaire ce qui fait que l’élève pourra facilement suivre à distance ce qui est fait en classe pendant son absence. Par ailleurs, les petits effectifs des classes (ndlr, 12 élèves maximum), et la relation privilégiée élève/enseignant qui en découle, participent à la réussite de nos étudiants. Nous sommes un établissement scolaire mais nous ne ressemblons pas à une école. », souligne sa directrice.
Photos DR/.
Outre l’éducation, l’école Acadomia se présente comme un vrai projet pédagogique. « Nous avons des sportifs de haut-niveau, des sportifs de niveau moindre, des non-sportifs, des chanteurs, des hockeyeurs, des danseurs… mais tout le monde vit ensemble sans discrimination ». L’idée est de créer un environnement de respect mutuel autour des notions de responsabilité et d’autonomie. « Ici, nous sommes tous sur un pied d’égalité ». Une liberté qui donne envie de travailler !