Elle est l’un des plus grands espoirs de l’escrime tricolore. À 18 ans, Jade Maréchal a déjà tout d’une grande : un palmarès bien garni, une assiduité inégalée et un mental d’acier. Compétitrice dans l’âme, cette spécialiste du fleuret est née pour gagner. Un tempérament qui devrait la mener jusqu’aux Jeux olympiques de Paris 2024… et vers le diplôme d’une école de commerce. Accompagnée dans son sport et dans ses études par Acadomia, Jade Maréchal est la première héroïne de notre nouvelle rubrique « Sport, Éducation et Réussite ! ».
Par Floriane Cantoro
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.11 de janvier-février-mars 2019.
« Un jour, je regarderai derrière moi en me disant que je l’ai fait ». Jade Maréchal vit toujours avec cette devise dans un coin de la tête. Cette jeune Bordelaise de 18 ans, étudiante en première année à KEDGE (commerce international), est pressentie pour devenir un des futurs grands noms de l’escrime tricolore. Spécialiste du fleuret, elle a déjà un beau palmarès à son actif, notamment un titre de championne de France Senior N2 acquis en 2017, alors qu’elle concourait encore en cadette. Mais outre la précocité et le talent, c’est certainement la détermination de cette jeune tireuse qui la conduira jusqu’au sommet de son art.
Débrouillarde, elle s’est lancée dans la recherche de sponsors
Jade Maréchal est la cadette d’une famille de cinq filles et un garçon. Petite, elle suivait sa grande soeur escrimeuse partout jusqu’à prendre son relais à 10 ans, fascinée par les combinaisons blanches des sportifs. Depuis, Jade n’a plus jamais quitté les pistes. Elle passe le plus clair de son temps libre dans la salle d’entraînement du BEC Escrime, son club, ou en compétitions. Un rythme de vie qu’elle a toujours voulu concilier avec une scolarité normale. « Au lycée, j’avais des horaires arrangés : j’étais autorisée à manquer certains cours, à charge pour moi de les rattraper », se souvient-elle, expliquant avoir pris des heures de soutien scolaire en maths et en physique auprès d’Acadomia. Jade a obtenu son baccalauréat scientifique avec mention, tout en préparant les concours des écoles de commerce grâce à un module dispensé par Acadomia. Désormais à KEDGE, son emploi du temps plus léger lui laisse plus de liberté dans sa pratique.

Heureusement car, cette année, Jade va disputer cinq Coupes du monde qui pourront la sélectionner pour les Championnats du monde et d’Europe Juniors 2019. Mais comment financer tout ça ? « La fédération m’aide par le biais de la ligue notamment, mais l’ampleur des dépenses pour une saison est telle que je me suis motivée à chercher des partenaires pour m’accompagner dans mon aventure sportive », explique-t-elle. Cela fait deux ans et demi maintenant qu’elle s’est lancée dans la pêche aux sponsors. Acadomia a été le premier à la rejoindre. Aujourd’hui, elle a récolté 10.000€ de fonds, soit le budget nécessaire pour une saison (déplacements, stages, tenues). Une somme qui lui a permis de couvrir la moitié de ses frais l’an dernier. Elle a dû sortir autre moitié de sa poche avec l’aide de ses parents qui l’ont toujours accompagnée autant mentalement que financièrement.
Assidue, elle s’impose une hygiène de vie stricte
Ces réalités économiques la poussent à faire certains sacrifices. D’autant que l’escrime est un sport qui passe par beaucoup d’entraînements et Jade le sait. Elle a emménagé dans un appartement à quelques mètres seulement de son club où elle se rend tous les jours pour répéter ses gammes, sous la direction de son maître d’armes. Elle est également membre du Centre régional d’entraînement fédéral et de détection (CREFED).
Après chaque compétition, Jade écrit sur un petit bout de papier tout ce qui n’a pas fonctionné.
« Je m’impose mes propres horaires en dehors de l’école. Je ne bois pas, je ne fume évidemment pas et je ne sors pas avec mes amis après les cours », confie la jeune athlète. Une maturité dans la pratique, couplée à un apprentissage méthodique. Par exemple, après chaque compétition, Jade écrit sur un petit bout de papier tout ce qui n’a pas fonctionné. Elle trouve la solution et travaille sur celle-ci la semaine suivante, à l’entraînement. Cette démarche est le fruit d’un profond travail sur le mental. « Avant, j’avais beaucoup de mal à accepter l’échec, se souvient-elle. Que ce soit en escrime, à l’école ou dans tous les domaines de la vie. Le sport m’a appris à relativiser. À force d’échouer en compétition ou à l’entraînement, j’ai commencé à voir le petit côté positif de l’échec. Puis j’en ai vu plusieurs jusqu’à aujourd’hui où je suis presque contente d’échouer parce que ça me fait plaisir de réussir la fois d’après. » Un état d’esprit qu’elle applique également aux études.

Ambitieuse, elle vise les JO 2024 et le commerce du luxe
Pour progresser, Jade s’est entourée d’un gros staff : coach mental, préparateur physique, kinésithérapeute, ostéopathe et maître d’armes. Tout est carré, millimétré. Cette rigueur, elle se l’impose parce qu’elle ne veut surtout rien regretter. Au bout de son fleuret, elle vise les Jeux olympiques de Paris 2024. « Ce n’est pas un rêve inaccessible, c’est un objectif plausible pour lequel je travaille tous les jours. » Pour y parvenir, pas question de négliger ses autres objectifs, notamment professionnels.
Son partenariat avec Acadomia s’inscrit dans cette voie. « J’aimerais mener le plus loin possible sport et scolarité. Je n’ai aucune intention de lâcher l’un ou l’autre. » Une fois diplômée de KEGDE, Jade se voit bien travailler dans le commerce de luxe aéronautique. Une ambition qui n’est pas sans rappeler le parcours d’une autre escrimeuse olympique, Astrid Guyart, multi-médaillée au fleuret et ingénieure aérospatiale. On souhaite à Jade un parcours aussi brillant !