Le pied, l’organe qui nous relie au sol, la base de nombreuses activités. Or, ces dernières le sollicitent de manière intensive. Il faut bien l’équiper pour le préserver, et surtout bien s’entourer. On ne parle pas ici d’aspect physique (pédicurie) mais bien de santé (podologie). Bons appuis, bon chaussage, bonne posture : parce que oui, un pied en bonne santé, c’est l’assurance d’une pratique sportive épanouie.
Par Léa Borie, Extrait de Women Sports magazine n°30 octobre-novembre-décembre 2023
Démarrer avec les bases en podologie
C’est lors d’une journée PEPS (pour « Pratiquer En Pleine Santé »)* animée par des experts au Matmut Stadium de Lyon Gerland, que nous avons pu revoir un peu les bases. On nous explique ici que le pied est comme un triangle, avec un centre stable, et une instabilité à l’intérieur et à l’extérieur. Prenons des notes.
* Journée PEPS organisée cet été par la DRAJES (Délégations régionales académiques à la jeunesse, à l’engagement et aux sport) et l’IREPS (Instance Régionale d’Education et de Promotion Santé) Auvergne-Rhône-Alpes
Les dysfonctionnements courants du pied
Une blessure (immédiate) ou une usure (à long terme) précoces ou anormales, comme de l’arthrose, sont les principaux dysfonctionnements observés par les spécialistes. On peut aussi voir apparaître une fragilité du tendon pour les personnes qui font de la musculation, car le corps sera en mesure de gagner en puissance rapidement mais le tendon lui mettra des mois voire des années à s’habituer à ce changement. Fragilités au niveau du ligament et aponévrose plantaire sont d’autres pathologies fréquemment rencontrées à faire surveiller.
Les pathologies fréquemment rencontrées par type de sport
- Course à pied : le syndrome de l’essuie- glace, qui touche hommes et femmes confondus. La métatarsalgie (douleur plantaire), concerne davantage les femmes.
- Autres pathologies : tendinopathies, arthrose, contractures. › Sports multidirectionnels (foot / rugby / tennis / basket / volley / handball) : conflits osseux articulaires, pathologies mécaniques ou dues à la posture, fragilité au niveau des genoux et compensation aux étages supérieurs (hanches, dos), friction sous l’avant-pied.
Comprendre le phénomène d’empilement
Quand le bâtiment est branlant, c’est toute la structure au-dessus qui est fragilisée, que ce soit au niveau des chevilles, du bassin, de la hanche, des lombaires…
On comprend que pour éviter les blessures à l’effort, il faut que le squelette fonctionne sur les axes prévus, afin que les muscles travaillent dans les bonnes proportions. Bien sûr, le corps peut s’adapter, mais parfois il compense à tort. Les semelles orthopédiques sur mesure peuvent alors traiter certaines pathologies, en local sur le pied, ou à distance plus haut sur le squelette.
Les grands repères de l’alignement pour un pied équilibré
- La symétrie des genoux
- La symétrie des chevilles
- Les hauteurs d’épaules
Des pathologies féminines ?
Que ce soit lié au mode de chaussage (talons, chaussures serrées) ou à la génétique, les femmes souffrent davantage d’hallux valgus (oignon au pied).
Le risque à avoir trop d’amorti ?
La marche n’a pas besoin d’amorti puisqu’elle fonctionne en « glissé ». La bulle d’air s’écrasera doucement d’un côté ou de l’autre, alors qu’en courant, la bulle d’air s’enfoncera pour amortir.
Les types de semelles
Selon les besoins, on peut déjà envisager une paire pour la ville et une paire pour le sport. Ce ne sont pas les mêmes matériaux, ni le même type de moulage. Pour les femmes qui portent des talons, l’épaisseur de la semelle pourra être revue. Pour une personne qui court un marathon, où chaque gramme compte, la semelle pourra être allégée.
Le matériel fréquent du podologue
- Le podoscope : avec miroir au fond.
- Le podographe : pour prendre l’empreinte, via de l’encre sur une feuille ou via du silicone. w
- Les appareils connectés et logiciels d’analyse : Pour pousser plus loin l’observation en fonction du comportement du pied.
- L’œil : A l’oeil nu, au repos debout comme à la mise en exercice, des dysfonctionnements sont détectables. C’est encore mieux quand le spécialiste peut venir sur le bord du terrain pour observer en situation.
- Les anciennes chaussures usées : car elles en disent long sur la façon de marcher et de courir du patient.
Analyse de la tête aux pieds avec Barbara Montessuy
Le centre de podologie de Confluence (Lyon) accompagne Caroline Garcia, Héléna Ciak, Marion Delespierre et d’autres grandes athlètes. Barbara Montessuy, responsable du centre, est podo-orthésiste. Spécialiste de l’appareillage du pied, elle prend en charge le patient dans sa globalité. Elle-même pratiquant course à pied et cross training, la spécialiste nous éclaire sur son accompagnement des sportifs.
Qu’est-ce qui peut amener à consulter un podologue ?
Barbara Montessuy : En prévention après un examen clinique, lorsqu’on ressent une douleur à la pratique, que ce soit sur le plan articulaire ou musculaire. Mais on peut aussi porter des semelles juste le temps de soigner une pathologie comme l’aponévrosite. En suivi long, en général, on refait les semelles tous les ans, en fonction de l’usure.
Comment se passe une consultation chez un podologue ?
Dans nos centres de consultation, il faut compter 1h15 pour le premier rendez-vous d’examen / conception. Un examen qui consiste à regarder les fonctionnements articulaires, musculaires, en décharge puis en dynamique, à étudier la posture et à pousser l’examen en fonction de l’activité sportive pratiquée. Un mois ou deux plus tard, on revoit le patient pour faire un bilan de contrôle.
À quel âge peut-on commencer à porter des semelles ?
Dès 6 ans. Des pieds plats par exemple : on peut encore apporter une correction pendant la croissance. Or chez une femme, cette période se termine tôt. On pourra bien sûr toujours venir éviter l’aggravation avec des semelles, et un renforcement intrinsèque pour muscler le pied avec du gainage, mais on ne pourra pas corriger. On a 26 os dans le pied, tous reliés entre eux. Qu’on ait 10 ou 70 ans, on devrait faire du renforcement musculaire ! Lorsque la pathologie s’installe, c’est plus compliqué à soulager.
Sur quelle chaussure travaillez-vous ?
On peut conseiller un sportif sur son équipement chaussant selon sa pathologie. Et on s’adapte selon la place qu’on a dans la chaussure. J’ai eu il y a peu une patineuse artistique pour laquelle j’ai proposé des semelles avec une épaisseur différente. On reste logique : pour les semelles de ville, au-delà de 6 cm de talon, on oublie les semelles. Et on évite les ballerines, ça ne tient pas au pied et la forme plate n’est pas conseillée. L’idéal pour marcher au quotidien, en dehors du sport, reste une bonne chaussure de ville un peu souple avec du maintien et une hauteur de talon de 1,5 à 2 cm.
Avec quoi complète-t-on un suivi podologique ?
Un médecin du sport, un ostéopathe lorsqu’il y a un conflit osseux ou une défaillance dans la posture, un kinésithérapeute axé sport ou un préparateur physique pour de la réathlétisation. L’occasion pour nous de nous questionner sur des interprétations : est-ce que le patient a vraiment une jambe plus courte que l’autre ou bien est-ce une bascule du bassin ? Nous sommes d’ailleurs en lien avec les chirurgiens et médecins qui nous confient les patients.
Pour aller plus loin en matière de suivi de podologie
L’UFSP (Union français pour la santé du pied) recense les podologues qui consultent près de chez vous
Par exemple, le site de Lyon Confluence