Ce sont majoritairement des femmes que le praticien suit en cabinet d’ostéopathie. Et pour cause, Daniel Bontems s’investit au sein du Réseau Douleur Paris (*) pour lutter contre les douleurs chroniques, pelviennes et périnéales. Il nous rappelle à quel point il est important de connaître les spécificités de l’organisme féminin afin de bien accompagner les sportives.
Par Léa Borie
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°26 octobre-novembre-décembre 2022
Qu’est-ce qui vous a amené à suivre des athlètes féminines ?
Durant mes études Staps Education Motricité, je faisais des séances de shiatsu et d’ostéopathie japonaise à des collègues de ma promotion, sportives de haut niveau en natation, handball et danse. Puis, pendant mes études d’ostéopathe, j’avais un job de praticien de shiatsu. C’est comme ça que j’ai rencontré Gaëtane Thiney, Sandrine Soubeyrand, les joueuses du FCF Juvisy, mais aussi Laure Boulleau, Laura Georges et Sabrina Delannoy m’a permis d’accompagner au plus haut niveau les sportives. Par la suite, j’ai pu accompagner durant deux ans Serena et Venus Williams, en officiel puis en privé.
Qu’est-ce qui vous intéresse dans leur suivi ?
J’aime par-dessus tout voir une sportive performer, aller jusqu’au bout de ses capacités. Mais mon but principal à haut niveau est de préserver la santé de l’athlète. Passionné d’anatomie, de neurologie et d’endocrinologie, je veux tout faire pour permettre aux sportives de haut niveau d’aller au bout de leurs performances. Ce qui passe par une meilleure compréhension des particularités anatomo-physiologiques de chacune, et une prise en compte de tous les chamboulements dans la vie d’une femme.
Et qu’est-ce qui est important dans le binôme soignant – soignée ?
La pleine confiance. Par rapport aux sportifs, les sportives ont généralement besoin de comprendre davantage avant d’adhérer et de construire ensemble. Aussi, le sportif sera plus souvent dans du curatif quand la sportive travaillera plutôt en préventif, que ce soit en matière de sommeil, d’alimentation, de gestion du stress… Nous ne sommes qu’un point d’appui momentané pour le déséquilibre du corps. Il faudra donc comprendre et appliquer les différents conseils permettant d’optimiser la séance. Pour ça, le praticien doit trouver sa place, voire s’effacer, montrer qu’il est là sans s’imposer.
Est-ce que c’est plus dur pour un ostéopathe homme de suivre des femmes ?
Notre formation de base d’ostéo n’est pas suffisamment complète pour le plancher pelvien et son importance quant aux efforts physiques. Alors, évidemment, qui connaît mieux une femme qu’une autre femme, mais pour moi, ce qui est intéressant, c’est de prendre en compte, non pas qu’une sphère musculosquelettique, comme chez l’homme, mais aussi le poids de tout le système hormonal, qui agira sur la qualité des muscles. Il y a, selon moi, beaucoup plus de paramètres à prendre en compte chez une femme.
Or, comprendre la sphère uro-gynéco n’est pas si évident que ça. Savoir à quelle phase de son cycle en est la sportive est important car elle pourra avoir une propension à se blesser musculairement pendant ses règles par exemple. Des aspects qu’on évoque encore trop peu. On parlera aussi retour veineux, douleurs congestives aux lombaires et constipation. Mon rôle interviendra notamment dans la prise de conscience de la mobilité du bassin. C’est comme ça que je suis entré dans l’association Réseau Douleur Paris (*), composé d’hommes et de femmes, experts des douleurs chroniques, pelviennes et périnéales, de neurochirurgiens, d’algologues, de kinés, d’ostéos, etc.
(*) Réseau Douleur Paris : reseau-douleur-paris.fr reseaudouleurparis@gmail.com