D’habitude, vous êtes plutôt de ceux qui se la jouent « farniente » sur la plage pendant les vacances d’été. Mais qui dit année exceptionnelle (coucou le virus…), dit aussi comportements inattendus. Exit la team « bronzette » : cette année, vous voulez bouger ! Et parmi toutes les activités de plein air qui vous seront proposées, vous pourriez être tenté par le windsurf.
Par Floriane Cantoro
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°17 de juillet-août-septembre 2020.
Le wind, quoi ? Le windsurf. Vous savez, ces petites planches à voile souvent très colorées qui naviguent là-bas, à l’horizon. Mal connu et souvent préjugé, le windsurf pâtit d’une réputation infondée de sport inaccessible et trop difficile. Pour y remédier, nous avons fait appel à une véliplanchiste chevronnée, Delphine Jariel, qui nous aide à découvrir cette discipline qui gagne à être (re)connue. Petit rite initiatique contre vents et marées.
Qu’est-ce que le windsurf ?
Le windsurf – ou planche à voile – est un sport de glisse né il y a une cinquantaine d’années, et entré au programme des Jeux Olympiques en 1984, à Los Angeles. Il se pratique sur l’eau à l’aide d’une planche et d’une voile, reliées entre elles par un mât qui tourne sur lui-même à 360°.
Comment le pratique-t-on ?
Le « windsurfeur » – ou « véliplanchiste » – est debout sur la planche. C’est lui qui maintient la voile et le mât en position verticale en les tenant par le « wishbone », une barre horizontale fixée sur la voile. Il s’oriente sur l’eau en les inclinant d’avant en arrière en fonction du vent et en changeant ses appuis sur la planche. Le windsurf est aussi un sport technique : des réglages spécifiques permettent de modifier la puissance de la voile et donc la vitesse de glisse. Ainsi, plus il y aura de vent, plus il faudra « étarquer » la voile, c’est- à-dire la tendre au maximum.
Quelles sont les conditions requises pour faire du windsurf ?
Pour pratiquer la planche à voile, il faut : une planche et une voile (vous l’aurez compris !), et n’importe quel plan d’eau (océan, mer ou lac). C’est tout ! Contrairement aux idées reçues, un vent fort n’est pas forcément nécessaire pour pratiquer le windsurf. Bien sûr, les courants d’air restent le « moteur » primaire de ce sport, mais le windsurfeur pourra compenser le manque de vent par sa technique et ses réglages de voile. Aussi, il est possible de pratiquer la planche à voile sur des lacs de montagne, protégés du vent par les cimes et sommets alentours.
Quelles sont les parties du corps qui travaillent le plus ?
La planche à voile est un sport très physique et complet, qui fait appel à tous les muscles du corps. Les jambes, la sangle abdominale et le dos permettent au véliplanchiste de garder l’équilibre tandis que les épaules et les bras sont sollicités pour le maintien de la voile. Les conditions de navigation peuvent également venir accentuer la contribution de certains muscles. Par exemple, pour gagner en vitesse quand l’eau est calme, le windsurfeur devra mobiliser encore davantage ses bras et ses épaules en pratiquant le « pumping » (ndlr, le fait d’agiter la voile d’avant en arrière pour créer une accélération). À l’inverse, quand il y aura un peu moins d’air, ce sont les jambes qui maximiseront le travail du véliplanchiste en poussant fort sur la planche pour la faire avancer plus vite. Delphine travaille également l’endurance car le windsurf est un sport qui demande de pouvoir tenir l’effort dans la durée. Notamment dans le haut-niveau, les compétitions s’étalent en effet sur plusieurs jours (de 3 à 6), avec en général trois manches quotidiennes de 30 minutes, soit 1h30 d’effort intense par jour (sans compter les entraînements et la préparation sur l’eau).
Ce qu’il faut savoir sur le matériel :
Il existe différents supports en planche à voile qui dépendent des conditions de navigation et des sensations recherchées par le véliplanchiste.
- Le funboard (petite planche et petite voile) est idéal pour faire du freestyle dans les grosses vagues et nécessite pour cela un plan d’eau assez venté (à partir de 18 noeuds en fonction de la taille de la voile).
- Le slalom (planche de taille moyenne et voile assez grande) est utilisé pour faire de la vitesse pure et dure sur un plan d’eau plat et dans un endroit venté (à partir de 12/13 noeuds).
- Le RS:X (planche moyenne et voile standard de 8,5 m2 pour les femmes / 9,5 m2 pour les hommes) est fait pour naviguer dans tous les types de conditions. Il s’agit du support des JO depuis 2008 et il le restera jusqu’à Tokyo l’été prochain.
- Le windfoil (planche composée d’une aile-portante qui permet de survoler l’eau avec la vitesse, associée à une voile assez grande) se pratique globalement dans tous les types de conditions, mais généralement dans un vent moyen de 13 à 20 noeuds. Il sera le nouveau support olympique pour les JO de Paris-2024.
Les amateurs de planche à voile, qui pratiquent pour le loisir, peuvent s’équiper pour moins de 1.000 €. Les débutants optent souvent pour la location. Le haut-niveau reste cher : comptez un budget de quelque 20.000 € pour une saison avec Delphine (Coupe du monde, Mondiaux…), incluant les différentes planches et voiles, les frais de déplacements…
Débuter en planche à voile :
Tout d’abord, il faut se rapprocher d’un club nautique et s’inscrire soit pour des cours individuels, soit pour des stages d’une semaine. Si vous n’avez jamais pratiqué ce sport, Delphine conseille de prendre plusieurs cours hebdomadaires car il y a quand même beaucoup de choses à apprendre au départ : comment fonctionne le vent, une planche, une voile… Pour autant, il n’est pas question de faire des heures et des heures de théorie ! Les apprentis véliplanchistes seront vite « mis dans le bain » lors de séances pratiques sur l’eau. « C’est un sport de sensations, il est primordial de ressentir les choses directement pour les comprendre et mieux apprendre. » Ceux qui ont déjà pratiqué un sport de glisse type surf, skate ou snowboard pourront avoir quelques aptitudes et réflexes sur la planche. Mais ils devront malgré tout apprendre à apprivoiser la voile.
Où pratiquer dans les meilleures conditions en France ?
Pour les vagues, il y a pas mal de spots en Bretagne comme par exemple La Pointe de la Torche, dans le Finistère. Dans le sud, on peut citer les plages connues de Carro (vers Marseille) et de l’Almanarre (à Hyères, dans le Var), en fonction de l’orientation du vent. Lorsqu’il y a un vent de sud-est, le spot de « Destroy Beach », entre Carnon et la Grande Motte, peut également accueillir les windsurfeurs avides de vagues. Pour le slalom, les plans d’eau calmes de Gruissan et Leucate (Aude) sont assez réputés. Enfin, le RS:X et le windfoil sont des supports qui permettent de pratiquer partout et dans n’importe quel type de conditions et de vent. Delphine s’entraîne par exemple à Carnon-Plage (Hérault).
Et dans le monde ?
Notre windsurfeuse-guide a particulièrement adoré le Lac de Garde en Italie, Palma de Majorque aux Baléares et l’île Maurice. Pour les vagues, elle recommande les plages de Maui à Hawaï, les îles Canaries (et plus précisément Tenerife et Fuerteventura) et Tarifa dans le sud de l’Es- pagne. Mais ce ne sont là que quelques adresses : « il existe plein d’autres spots partout dans le monde, et il est facile d’en trouver » (Brésil, Grèce, …).
Le windsurf est fait pour moi, si :
J’aime les sensations de liberté, de vitesse, de glisse. « On a un peu l’impression de voler au-dessus de l’eau ». Par contre, c’est un sport pour lequel il faut de la persévérance car, au départ, plusieurs sessions sur l’eau sont nécessaires avant d’avoir de bonnes sensations. Avis donc aux impatients : ne vous découragez pas, « ça vaut vraiment le coup ». A bon entendeur, jetez- vous à l’eau à présent !
DELPHINE JARIEL, BIO EXPRESS
23 ans, championne de France Elite voile olympique (RS:X) 2015Delphine Jariel est la cadette d’une famille de windsurfeurs. Ce sont ses parents qui lui ont transmis, ainsi qu’à ses deux soeurs, l’amour de la planche à voile. Tout a commencé par des petites sessions en famille pendant les vacances, qui se sont transformées en entraînements au club nautique les samedis après-midis, puis ensuite les mercredis aussi. Elle a fini par entrer en sport-études au lycée, puis a intégré le Pole France à Marseille, à 18 ans. Depuis, la jeune femme jongle entre ses études de kiné à Montpellier (elle passera en 4eme et dernière année à la rentrée), ses entraînements à Carnon-Plage et ses compétitions aux quatre coins du monde. Elle s’entraîne dur comme fer pour réaliser son rêve sportif : participer aux Jeux Olympiques de Paris, en 2024. Elle tentera de s’y qualifier soit en windfoil (la nouvelle discipline olympique de la planche à voile), soit en kitefoil, un support qui l’intéresse aussi beaucoup. « Je me laisse le temps de voir. » Pour nous, c’est tout vu : on espère de tout coeur retrouver Delphine dans quatre ans, au large des côtes marseillaises, pour ce qui sera sans doute la compétition de sa vie.