Géante, ou le parcours d’une sportive hors norme, figure du basketball français, qui raconte son enfance, ses victoires, mais aussi ses peines et ses accidents de vie. Aux Jeux olympiques de Londres, en 2012, la championne au sourire rayonnant et aux tresses bleu-blanc-rouge marque les esprits. Une voix douce qui tranche avec sa taille d’1m90 et sa carrure impressionnante, la nature du Bénin est éprise de liberté, non-conformiste même. Comment s’est forgé son caractère ? Quels furent ses combats ? Ses passions ? Quelles fêlures se cachent derrière la carapace ? Rencontre avec Isabelle Yacoubou au sujet de son livre « Géante », chez l’Archipel éditions.
WS : Pouvez-vous nous présenter votre projet « Géante » ?
Isabelle Yacoubou : « Géante c’est le récit de ma vie, une autobiographie. Pourquoi ? Je suis basketteuse professionnelle, ancienne internationale mais aussi femme et maman de deux enfants. C’est tout simplement un témoin de ce que j’ai vécu. Une trace de ma vie. Mais surtout un espoir. Si à travers mon histoire, je peux inspirer 2 ou 3 jeunes filles dans un moment difficile et qui se diront ‘si elle a réussi pourquoi pas moi ?’, ce serait une victoire. Je le présenterait comme ça, un livre porteur d’espoir. »
Des joies au tristesses, des victoires, des difficultés, vous racontez beaucoup de votre vie dedans, pouvez-vous nous en dire plus, sans nous spoiler bien-sûr !
« Il y a toute une partie de ma vie. Mes débuts au Bénin. La petite fille que j’étais. Le type d’enfants que j’étais. Dans quel type de famille j’ai grandi. Les idées qui m’on bercé. Mais aussi ce qui m’a poussé aujourd’hui à devenir une femme battante. C’était l’occasion de rendre hommage à toutes les personnes qui ont pu m’aider dans mon parcours. »
Comment l’idée de retracer votre vie vous est venue ?
« La plupart des gens qui connaissaient un peu ma vie, ou à qui je la racontais, me disaient « oh tu devrais en faire un livre ». Cela restait dans un coin de ma tête, mais je ne sentais pas légitime. Je me sentais trop jeune, je me disais que tout le monde a des difficultés, pourquoi les miennes seraient-elles plus importantes ? Mais finalement je trouve que par les temps qui courent, on a tous besoin d’un peu d’espoir, et de modèles d’espoir. Donc j’ai envie qu’une jeune fille ou qu’un jeune garçon se dise, si cela a été possible pour Isabelle, moi aussi je vais m’accrocher et moi aussi je vais y arriver. »
Êtes-vous fière du résultat ?
« Absolument fière. Ce qui est extraordinaire en plus, c’est que je suis encore joueuse. Pouvoir le faire pendant que je joue encore, et avoir donc le retour des filles avec qui je joue, c’est vraiment une chance formidable. Il y en a certaines avec qui j’ai partagé des moments qui sont dans le livre. Donc c’est spécial. Cela ne peut rendre que fière.
Pour l’instant les retours sont très positifs. Mais surtout, les gens me reconnaissent. C’est un point qui me tenait à coeur. Le projet a été monté avec une écrivaine ; Sarah Bensousse avec qui j’ai pu travailler. Donc ce n’est pas toujours facile, et mes mots auraient pu être interprétés. Mais non, les gens me reconnaissent à travers ces écrits et c’était très important. Double raison d’être fière. »
Beaucoup de combats vous tiennent à coeur…
« En tant qu’athlète de haut niveau je me bats forcément pour une parité, du moins salariale. Aujourd’hui nous faisons un métier aussi intense et important que les garçons mais reconnu, que ce soit médiatiquement ou financièrement au dixième de nos compères garçon. Le sport est pourtant le même. Le panier est à la même hauteur, on joue le même nombre de minutes. Pour moi cela fait partie des arguments, et pouvoir me prononcer à ce sujet, c’est très important. Aujourd’hui beaucoup d’athlètes, femmes, de haut niveau, ne peuvent même pas en vivre.
Puis la maternité. Je suis une femme et en tant que femme, ce n’est pas parce que je fais du sport que je renonce à ma part de féminité. Mettre une jolie robe, des talons, me maquiller ou tout simplement avoir des enfants. La sportive que je suis ne m’empêche pas d’être une femme. »
Donnez-nous envie de lire « Géante » !
« C’est un bouquin à forte connotation féminine. La femme dans le sport, le corps de la femme. Les droits de la femme. Surtout que sur ce dernier point rien n’est garantit et il faut toujours se battre pour. Nous le voyons aujourd’hui aux Etats-Unis, la révocation du droit à l’avortement… Ce sont des choses qui semble acquises, mais qui ne le sont pas. Donc il faut en parler. »