Le Palatine Women Project, Camille et Christèle, un duo entre sport et entrepreneuriat

Camille MAIRE (Photo by Hugo Pfeiffer/Icon Sport)

À première vue, tout semble opposer Camille Maire, 31 ans, pilote de BMX encore engagée dans une carrière de haut niveau, et Christèle Gautier, 55 ans, ancienne patineuse artistique devenue haute fonctionnaire. Pourtant, dans le cadre du Palatine Women Project (PWP), elles forment un duo où mentorat rime avec transmission, confiance et audace. Elles racontent leur histoire commune. PAR VANESSA MAUREL. Extrait du WOMEN SPORTS N°38.

Camille, de la piste aux projets

Si Camille découvre le BMX enfant, presque par hasard, c’est surtout son parcours d’athlète de haut niveau qui la définit. Résultats internationaux, intégration au pôle France à 15 ans, en clair, le sport devient son école de rigueur et de résilience. Mais en 2025, une nouvelle aventure commence. Élue à la Fédération Française de Cyclisme, elle croise alors la route de Marie-Françoise Potereau. « Elle m’a parlé du Palatine Women Project, un programme qui aide les sportives de haut niveau dans leur projet entrepreneurial. J’avais ce rêve de micro-crèche en tête depuis longtemps, et je me suis dit que c’était l’occasion parfaite. » Sélectionnée parmi de nombreuses candidatures, Camille s’engage comme cela dans le dispositif. Et à ses côtés, elle peut compter sur sa mentor, Christèle.

Un projet entrepreneurial pensé avec le cœur

La jeune athlète n’a pas choisi son projet par hasard. « Je suis passionnée par le bien-être et le développement des tout-petits. Mon projet est de créer une micro-crèche dans le Vaucluse, un lieu chaleureux et sécurisé où chaque enfant pourra grandir à son rythme. » Elle imagine ainsi « un vrai lieu de vie et de partage, pensé avec le cœur pour soutenir les familles ». Un projet exigeant qui nécessite méthode et structuration. C’est là que le rôle de Christèle prend tout son sens.

Christèle, l’expérience au service de la transmission

À 55 ans, Christèle connaît les réalités d’une carrière sportive et de sa reconversion. Ancienne patineuse de haut niveau, elle a poursuivi son chemin comme entraîneure nationale, puis inspectrice de la Jeunesse et des Sports, avant d’intégrer plusieurs cabinets ministériels. Son expertise mêle sport, action publique et engagement social. « Ma motivation à devenir mentor s’inscrit dans mon vécu », explique-t-elle. « J’ai connu cette période de transition après une carrière sportive, avec ses doutes et ses questions. Être mentor, c’est offrir ce que j’aurais aimé recevoir : écoute bienveillante, repères concrets, réseaux solides. »

Pour elle, le Palatine Women Project est un cadre idéal : « Il valorise le potentiel entrepreneurial des sportives et permet de transmettre très concrètement. Quand Séverine Desbouys m’a proposé de rejoindre le dispositif, je n’ai pas hésité un instant. »

Entre Camille et Christèle, l’entente se fait directement. Elles sont devenues « un tandem complémentaire ». Leur première rencontre a été marquée par « une curiosité réciproque et une envie sincère d’apprendre l’une de l’autre ». Très vite, la confiance s’est installée. Pour Camille, la mentor lui « permet de me sentir soutenue, rassurée dans chaque étape. Elle est à la fois guide, conseillère et soutien moral. D’un point de vue stratégique, elle m’aide à structurer mon projet, à clarifier mes objectifs et prioriser les actions. »

Christèle insiste, de son côté, sur trois valeurs clés à transmettre : « La confiance en soi et la légitimité ; la rigueur et la méthode ; et l’importance de l’éthique et du sens, surtout pour un projet lié à la petite enfance. »

Le « coup de massue »

L’une des étapes les plus marquantes reste ce moment de confrontation bienveillante. Camille s’en souvient : « Un jour, elle m’a fait réaliser que mon projet était solide, mais qu’il fallait y être investie à 100 %. Moi, je pensais l’être, mais en réalité je voulais tout mener de front avec ma carrière sportive. Ce jour-là, elle m’a posé les bonnes questions : ce que je voulais faire, comment, pourquoi. Je me suis pris un bon coup de massue, mais je la remercie. Ça m’a permis de mettre de l’ordre et d’avancer plus vite. »

« Avoir quelqu’un qui croit en ton projet, qui t’encourage dans les moments de doute, c’est précieux »

Les obstacles ne manquent pas. « Le premier défi, c’est le temps », analyse Christèle. « Une carrière sportive de haut niveau laisse peu de place pour un projet entrepreneurial. Ensuite, la crédibilité : être reconnue dans son sport ne signifie pas être légitime dans l’entreprise. Enfin, la transition identitaire : passer de ‘sportive’ à ‘cheffe d’entreprise’, c’est accepter un changement profond. » Camille en est consciente, mais elle sait pouvoir compter sur son mentor : « Avoir quelqu’un qui croit en ton projet, qui t’encourage dans les moments de doute, c’est précieux. » Si Camille bénéficie d’un accompagne- ment structuré, la relation sert aussi Christèle. « J’ai découvert une jeune femme déterminée, mais bousculée par cette nouvelle étape. Sa capacité de rebond, ses enthousiasmes, m’amènent à revisiter mes process et à ajuster ma façon d’accompagner. Son énergie et son audace sont très inspirantes. » Le mentorat est donc un échange équilibré. « Camille bénéficie d’un réseau élargi grâce au PWP, et moi je trouve une source de motivation dans sa détermination. »

L’esprit du Palatine Women Project

Au-delà du duo, leur histoire reflète l’ambition du PWP qui est d’accompagner des sportives de haut niveau dans leur transition et révéler leur potentiel entrepreneurial. Grâce à ce cadre, Camille a pu accéder à des ressources essentielles, mais aussi gagner en confiance. « Nous avons construit une relation fondée sur la confiance, l’écoute et le partage d’expériences », résume Christèle. « Ma valeur ajoutée est de lui offrir à la fois une boussole humaine et une boîte à outils opérationnelle. » Et Camille de conclure : « Je sais qu’avec Christèle à mes côtés, je peux avancer plus sereinement. »

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