Nous avons rencontré James Blateau, le président de la Fédération française de gymnastique (FFGym). Une fédération réputée très féminine et pour cause : 85% des 325.800 licenciés sont des femmes. Mais nous avons découvert que cela n’a pas toujours été le cas ! Nous avons également appris que la FFGym abrite de multiples disciplines et que la moitié des licenciés ne sont pas dans la gymnastique de compétition mais ont une pratique de loisir. Partons de ce pas à la chasse aux idées reçues, en compagnie d’un président passionné.
Par David Tomaszek
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°17 de juillet-août-septembre 2020.
James Blateau, 63 ans, est président de la FFGym depuis 2013. Il fut auparavant gymnaste, entraîneur, arbitre, cadre technique… Bref, la gymnastique n’a aucun secret pour lui, tant sur les aspects sportifs que politiques ou économiques. Sa priorité du moment ? « Nous avons mis en place un plan de relance d’1 million d’euros à destination des clubs pour les aider à faire face aux conséquences de la pandémie. » La fédération s’est mobilisée durant la crise sanitaire pour informer les clubs sur les aides de l’Etat, mettre en place les nouvelles règles sanitaires et former des « Manager Covid » dans chaque club. Elle a également dû gérer les nombreuses annulations de compétitions, dont les championnats d’Europe de gymnastique artistique qu’elle devait organiser à l’AccorHotels Arena de Paris. Une situation de crise, certes, mais James Blateau reste positif : « Bien sûr, nul ne peut anticiper les conséquences de cette situation inédite sur la rentrée. Mais à l’heure où l’on se parle, nos clubs ne sont pas menacés sur le plan économique. » Eh oui, c’est la vertu du sport associatif face aux clubs privés. Pas de recherche de profit et donc moins de problèmes en temps de récession.
La FFGym a développé un programme adapté aux problèmes de lombalgie, « le mal du siècle »
Du reste, en ces temps de Covid-19, la FFGym est plus légitime que jamais sur les questions de santé. « La FFGym n’abrite pas que la gymnastique de compétition, nous avons également depuis de nombreuses années des programmes de gym-santé. Et tous nos programmes sont validés scientifiquement, en partenariat avec des instituts prestigieux. » A l’heure où chaque influenceur du Net s’improvise coach sportif, la rigueur et le sérieux de la fédération font la différence. « On ne va pas aller faire la leçon à d’autres mais on va faire ce qu’on a à faire, avec des applications sérieuses et fiables », se félicite James Blateau. Durant le confinement, la FFGym a notamment proposé en ligne quelques-uns de ses cours particulièrement adaptés à la lombalgie, le « mal du siècle ».
On comprend alors que la gymnastique n’est pas uniquement un sport de compétition diffusé une fois tous les quatre ans à la télévision, lors des Jeux Olympiques. C’est un sport de masse, pratiqué chaque jour par quelque 325.800 licenciés « soit plus qu’en athlétisme ou en natation », souligne James Blateau. La moitié de ces licenciés ne prennent part à aucune compétition. Ils pratiquent la gymnastique en loisir, pour leur santé et leur bien-être. La FFGym abrite les disciplines olympiques de la gymnastique artistique, de la gymnastique rythmique et du trampoline, mais aussi des disciplines non olympiques comme le tumbling ou l’aérobic. La fédération a même obtenu depuis quelques mois la délégation pour une discipline très urbaine, le « Parkour », soit l’art du déplacement, popularisé par les Yamakasi rendus célèbres dans un film de Luc Besson. Il existe enfin un dispositif de « Baby Gym » : « Nous avons des licenciés âgés d’un an et demi ! », nous glisse le Président.
Depuis quelques années, le Ministère des Sports exige de chaque fédération un plan de féminisation. Un problème qui ne touche pas la FFGym, qui compte 85% de licenciées féminines. Mais surprise, cela n’a pas toujours été le cas. « Le Plan de féminisation à marche forcée ne nous concerne pas, car au niveau de notre discipline il a été réalisé depuis de nombreuses années. Au début des années 1980, 80% des licenciés de la fédération étaient des hommes. La gymnastique avait notamment une forte tradition de sport militaire. La croissance très forte du nombre de licenciés depuis cette époque s’est accompagnée d’une très grande féminisation. Aujourd’hui, 85% des licenciées sont féminines et la plupart sont très jeunes. Il y a un pic des licences un peu avant 12 ans », nous apprend James Blateau.
On comprend par ces quelques chiffres à quel point l’image d’un sport peut être éloignée de la réalité de sa pratique, mais aussi à quel point cette réalité peut changer. Les projets de la FFGym vont accélérer ce changement. La fédération prépare notamment une plateforme digitale pour produire et diffuser ses propres images. « Il devient important de proposer des services dans l’air du temps », s’enthousiasme James Blateau.