Saisi par le gouvernement, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) rend public 19 préconisations pour « favoriser l’accès du plus grand nombre à la pratique sportive ». Un rapport défendu par la sprinteuse Muriel Hurtis, championne d’Europe 2002 du 200 m et championne du monde 2003 du 4 x 100 m, et Françoise Sauvageot, présidente de la Fédération française d’éducation physique et gymnastique volontaire (FFEPGV).
Muriel Hurtis et Françoise Sauvageot ont présenté leur rapport afin de répondre à l’objectif du gouvernement d’augmenter de 3 millions le nombre de personnes pratiquant une activité physique et sportive (APS). Dans sa lettre adressée le 26 février au Conseil économique, social et environnemental (CESE), Edouard Philippe insistait sur « l’insuffisance d’équipements sportifs ». « Je souhaiterais que le CESE engage un travail afin de faire émerger des stratégies de développement et d’adaptation de l’offre sportive sur les territoires carencés ou les territoires ruraux », écrivait alors le Premier ministre, qui évoquait alors une prochaine « feuille de route ».
« S’engager dans une politique de développement pour le plus grand nombre, c’est forcément mieux identifier celles et ceux qui sont aujourd’hui les plus écartés, écrit le CESE. L’âge est un facteur déterminant de la pratique d’APS, surtout si l’enjeu vise une démocratisation durable de celle-ci. Elle est répandue chez les plus jeunes, on assiste à de nombreuses ruptures, par exemple à l’adolescence, à l’entrée dans l’enseignement supérieur, pendant les années d’activités professionnelles ainsi qu’à la naissance du premier enfant, notamment pour les femmes. » Les deux rapporteuses défendent plusieurs préconisations.
Parmi elles, l’incitation à la pratique, le développement des infrastructures sur le territoire (l’intégration dans les opérations de rénovation urbaine d’un espace sportif…). L’accent devrait aussi être mis sur la féminisation de l’encadrement et la médiatisation du sport au féminin. Quant au financement, une préconisation prévoit une hausse des prélèvements sur les recettes de la Française des jeux – « mesure que la privatisation envisagée peut remettre en cause », est-il précisé -, des paris sportifs en ligne et du produit des droits de retransmission télé pour « financer les politiques en faveur de l’accès du plus grand nombre à la pratique d’activités physiques et sportives ». Une partie des éventuels bénéfices des JO 2024 pourraient aussi être affectés à une future fondation, Héritage Paris 2024.
19 préconisations :
• Promouvoir via des campagnes nationales la pratique d’APS ;
• Co-construire un projet sportif de territoire au niveau de chaque intercommunalité, reposant sur un diagnostic partagé de l’existant ;
• Faciliter le partage de la compétence « sport » entre commune et intercommunalité, via une instance de concertation et d’action sur les pratiques d’APS et les équipements à l’échelon intercommunal ;
• Renforcer les moyens humains et financiers de l’INJEP pour la production régulière de statistiques sur les APS ;
• Pour développer les pratiques d’APS et la péréquation entre territoires, augmenter les plafonds de prélèvement sur les recettes de la Française des jeux, des paris sportifs en ligne et du produit des droits de retransmission télévisuelles, et créer une fondation Héritage Paris 2024.
• Renforcer la formation initiale et continue et l’accompagnement pédagogique pour l’EPS des professeures et professeurs des écoles, développer dans le cadre du projet d’école la co-intervention d’actrices et acteurs extérieurs issus notamment du mouvement sportif ou des collèges ;
• Offrir à chaque étudiant(e) la possibilité de s’engager dans des activités physiques et sportives et voir cet engagement reconnu.
• Rénover, réaffecter et éventuellement déconstruire les équipements sportifs publics y compris scolaires dans le cadre du projet sportif de territoire et créer les nouveaux équipements nécessaires en commençant par les territoires dépourvus au sein des QPV, des zones rurales et des Outre-mer en veillant à leur moindre impact environnemental ;
• Intégrer, dans les opérations de rénovation urbaines et dans les projets d’envergure de construction de quartier d’habitations ou de bureaux ainsi que d’établissements scolaires, la construction et/ou la rénovation d’au moins un espace sportif et la desserte des équipements sportifs sur le territoire concerné ;
• Inscrire les équipements sportifs dès leur conception dans une démarche de qualité (proximité, accessibilité, adaptation aux besoins, fonctionnalité) et veiller à leur mutualisation, ainsi qu’à leur animation régulière.
• Conforter l’accompagnement de la pratique d’APS à tous les âges de la vie, en direction des familles, des personnes âgées et via la RSE et les Comités d’entreprises pour les personnes salariées ;
• Prévoir des dispositions renforcées pour les femmes en luttant contre les stéréotypes, en féminisant l’encadrement sportif et médiatisant le sport au féminin, ainsi que par des budgets « genrés » et équilibrés relatifs aux APS ;
• Renforcer la formation des encadrantes et encadrants sportifs pour adapter l’accompagnement des APS à des publics divers (personnes âgées, population carcérale, personnes malades, personnes en situation de handicap…) ;
• Mieux reconnaître l’engagement des bénévoles accompagnant le développement de la pratique d’APS.
• Prévoir des dessertes sécurisées et optimisées des équipements sportifs et développer dans les territoires ruraux des centrales de mobilités faisant appel au numérique ;
• Utiliser des structures mobiles équipées proposant une offre régulière et encadrée d’APS au plus près des populations ;
• Favoriser le développement d’aires sportives adaptées et des mobilités douces (vélo, marche à pied), en prenant en compte les concepts de « ville active », de « ville amie des aînés » en inscrivant ces mobilités dans le projet sportif de territoire.