Les sportifs sont des compétiteurs-nés, mais les perdants sont bien plus nombreux que les gagnants. Christophe Duchiron et Manuel Tissier, auteurs de « ‘Mon slip était trop petit’ les plus belles excuses des mauvais perdants », se sont amusés à compiler un florilège des excuses plus fantaisistes sorties par des sportifs à la suite d’un cuisant échec. Si les hommes semblent bien plus doués en la matière, les femmes n’échappent pas à la règle. Morceaux choisis. PAR RAPHAËL MARCANT. Extrait du WOMEN SPORTS N°27.
« Le mauvais couloir »
Considérée comme l’une des sprinteuses les plus rapides du paddock tricolore, Cindy Billaud s’est présentée à Rio, en 2016, avec de grandes ambitions. Forte d’une médaille européenne, elle espérait atteindre la finale du 100 m haies. Le temps (6ème en 13’03) aura eu raison d’elle, et l’objectif manqué fera naître une immense déception chez Didi Curly qui ne trouvera rien de mieux que de s’en prendre à la Canadienne Holder, dont la chute aura brisé ses rêves de finale : « Elle touche deux fois les haies, je crois, je ne sais pas trop où elle va du coup j’ai eu peur qu’elle me touche. C’est comme ça. J’aurais préféré avoir le couloir 3 mais on ne choisit pas ! »
« Finnoiseries »
Lors des Jeux d’Athènes en 2004, la Finlande n’a pas brillé avec un maigre bilan (2 médailles de bronze) mais a pu se satisfaire de la palme des plus belles excuses. Dépassée au lancer de javelot (28ème), Paula Huhtaniemi était en avance sur son temps en empruntant le multivers : « J’ai été surprise par les dimensions. Le stade était trop grand. Je ne pouvais pas diriger le javelot correctement. » Une mauvaise foi contagieuse au sein de la délégation finlandaise. Éliminée en série du 5000 m, Kirsi Valasti a été « victime » d’une masseuse peu performante tandis que Sari Multala, dans la catégorie dériveur solitaire, était déjà touchée par le fléau de notre siècle. Un sac plastique coincé à l’arrière de son embarcation l’aurait ralentie.
« Mauvaise combinaison »
En 2014 à Sotchi, l’équipe américaine de patinage de vitesse s’illustre avec un total de 0 médaille à son tableau de chasse. Pour la première fois depuis 30 ans, personne ne monte sur un podium. La faute à pas de chance ? Loin de là ! Les Etats-Unis, menées par Nancy Swider-Peltz, étaient impuissantes face à leurs combinaisons de course dont l’arrière aurait comporté des trous d’aération qui les ralentissaient. Un désastre textile qui aura causé bien des tourments à la patineuse américaine : « Je leur (l’équipementier, ndlr) ai écrit des mails. J’ai pleuré. Je suis devenue folle. Je vais avoir des problèmes en vous le disant mais je m’en fiche. J’en ai marre qu’on ne me croie pas. »
«Victimes de la mode »
Prêtes à viser les sommets aux JO de Rio, Caroline Garcia et Kristina Mladenovic vont tomber de haut en s’inclinant dès le 1er tour. A peine sur le court, la paire française doit faire face à un premier pépin, leurs tenues dépareillées contreviennent au règlement. Caroline Garcia se munit alors d’un second t-shirt identique prêté par sa partenaire. Seul hic, elle est forcée de le porter à l’envers. Défaites en trois manches, les Tricolores ont une excuse toute trouvée, elles sont « victimes de la mode ». Une justification au ras des pâquerettes balayée par Arnaud Di Pasquale : « Je comprends qu’on puisse être enragé, triste, déçu, et qu’on puisse en vouloir à la terre entière. On peut aussi s’en vouloir à soi-même. »
« Sur le plancher des vacheries »
L’équipe de France féminine de handball se souviendra longtemps de sa campagne olympique en 2016. Pour leur 1ère opposition, les Bleues s’imposent face aux Pays- Bas. Une victoire ternie deux jours plus tard par une défaite concédée contre la Russie. Un revers dur à digérer pour Allison Pineau qui, ce jour-là, s’armera d’une justification digne de son titre de meilleure joueuse du monde (2009) : « Le parquet, c’est une catastrophe. Il y a des lattes qui sont cassées, des trous des deux côtés du terrain. Cela met un peu les athlètes en danger. Une joueuse a failli se tordre la cheville. Moi pareil. », a-t-elle déclaré avant de s’en prendre au ballon, qui ne valait guère mieux : « On a dû le changer en seconde mi-temps parce qu’il glissait. » Pourtant, aucune plainte déposée du côté des Russes qui se sont offert le luxe de battre les Bleues une seconde fois, en finale. Mais là, la médaille d’argent suffira à combler Allison Pineau.
Livre : Mon slip était trop petit – Manuel Tissier et Christophe Duchiron, Editions Solar 12,90 €