Cette semaine, on dédit nos conseils aux femmes enceintes ET sportives en évoquant ensemble les grands principes du sport pendant la grossesse, rappelant que sport & grossesse, loin d’être incompatibles, peuvent faire bon ménage, à condition de doser ses efforts. Surtout pour les femmes dont c’est le métier. On continue avec l’expertise de Raphaël Manca.
L’entraîneur sportif multi-casquette – diplômé en Ingénierie et Ergonomie du Sport et Analyse de la posture et du mouvement, intégré au TechnoSport-AMU de l’IUT Aix-Marseille, revient avec nous sur les problématiques de femme que peuvent rencontrer les sportives de haut de niveau au cours de leur carrière.
QUEL ENTRAINEMENT ADOPTER ?
Le deuil est difficile à faire mais je ne conseille pas de s’entraîner à des fins compétitives dès lors qu’on apprend sa grossesse, mais dans le but de garder son niveau et de s’entretenir. On peut envisager de conserver un entraînement soutenu dans les trois premiers mois et profiter des pics d’œstrogène.
Au-delà, il faut adapter son rythme avec surveillance médicale. En termes de seuil d’intensité, on doit éviter de dépasser 70% de ses capacités pour ne pas tomber dans le surentraînement, en écoutant ses sensations. La problématique est d’ailleurs la même pour les sportives amatrices et de haut niveau : la limite d’intensité est identique.
EST-CE BÉNÉFIQUE ?
Les accouchements prématurés se voient diminués de 25% dans ce cadre, mais tout dépend des pratiques sportives.
ET LES QUESTIONS DE CARRIÈRE ?
Un désir de grossesse pendant une carrière sportive n’est pas toujours facile à assumer. Les femmes doivent savoir que ça ne les freinera pas nécessairement.
Aujourd’hui, certaines reprennent même au bout de 10 jours quand des non-sportives mettent des trimestres à envisager de réattaquer. On est sur deux planètes.
De manière évidente, l’impact de carrière est plus réduit chez les hommes : ils ne subissent pas de modifications de performances ni de morphologie. C’est la suite, au moment d’élever l’enfant, et les indisponibilités que ça implique, que ça pourra changer.
QUEL SUIVI PRÉCONISER ?
Le préparateur physique travaille en étroite collaboration avec le médecin, pour orienter vers les spécialistes. Pour les douleurs ligamentaires, augmentation de la laxité, j’envoie la sportive chez l’ostéopathe ou chez le kiné, et à la sage-femme pour la « réathlétisation » post-accouchement, l’idée étant de favoriser un retour accéléré dans les meilleures conditions.
Aux premières olympiades, Pierre de Coubertin ne souhaitait pas que les femmes participent, les jugeant juste faites pour enfanter. Aujourd’hui, combiner vie de famille et carrière sportive est mieux accepté.