Parfois pratiquée à l’école, la course d’orientation reste plutôt méconnue au haut niveau. Pourtant, l’activité est le parfait mélange d’agilité physique et de réflexion stratégique. Pour en apprendre plus sur ce sport très familial, Céline Dodin, l’une des athlètes les plus titrées de cette discipline unique, nous partage son parcours et sa passion pour ce sport. PROPOS RECUEILLIS PAR RUBEN DIAS. Extrait du WOMEN SPORTS N°31.
WOMEN SPORTS : POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER VOTRE DISCIPLINE ?
Céline Dodin : C’est simple. À l’aide d’une carte et éventuellement d’une boussole, il faut trouver des balises posées sur le ter- rain. Ce n’est pas un parcours jalonné, il faut trouver ce graal en fonction de nos capaci- tés. D’abord en lecture de carte mais aussi physiquement. Si une balise est positionnée derrière une colline, certains y arriveront plus vite en la contournant parce qu’ils sont rapides, d’autres, plus puissants, passeront par-dessus. Chacun optimise ses qualités. Les terrains de jeux sont multiples. Cela peut se passer aussi bien en forêt qu’en ville.
COMMENT AVEZ-VOUS DÉCOUVERT CETTE PRATIQUE ET COMMENT LA DÉCRIRIEZ-VOUS EU HAUT NIVEAU EN FRANCE ?
J’ai commencé en UNSS (Union nationale sport scolaire) après proposition d’une amie. Je ne savais pas ce que c’était mais étais plutôt sportive. J’adorais le sport et l’ai accompagnée. La première course, elle m’a tout expliqué. La deuxième, je l’ai gagnée ! Cette notion de lecture de carte en faisant la relation avec le terrain, était une dimension supplémentaire avec laquelle j’étais très à l’aise. Aujourd’hui, je suis quadruple championne du monde en catégorie Women 40 (vétérans) et j’ai plus de 40 titres de championne de France (conquis entre 2001 et aujourd’hui, NDLR). Mais à ce jour, dans l’hexagone, vivre de ce sport est compliqué, voire impossible.
QUAND LE SPORT SE PRATIQUE EN VILLE, Y-A-T-IL DE LA «TRICHE » OU DU REPÉRAGE ?
J’étais par exemple à Rome en novembre dernier, mais nous n’avons pas le droit d’y aller avant, en courant, carte à la main pour faire du repérage. En tant que simple touriste en revanche, nous pouvons aller sur le terrain, oui. Puis il y a pas mal de visualisation en 3D possible, notamment en travaillant sur d’anciennes cartes afin de nous préparer. Ce qui est complètement légal pour le coup ! Tous les itinéraires sont dévoilés à H0 le jour J. Avant, on ignore ce qui a été tracé. En forêt ou autre milieu naturel, les zones sont totalement gelées et nous n’avons pas le droit de nous y rendre avant la compétition.
QU’EST-CE QUI EST RÉELLEMENT INTERDIT ? A-T-ON LE DROIT D’EMPRUNTER UNE VOITURE À LA FAÇON DE PÉKIN EXPRESS ?
Non évidemment, il ne faut pas exagérer ! Pas de vélo, pas de moyen de locomotion ni de géolocalisation d’ailleurs. Tout est in- terdit. Nous avons notre carte, la boussole, nos pieds, nos jambes et éventuellement, en cas de besoin, nos bras et nos mains. Pour le reste, c’est autorisé tant qu’il n’est pas marqué sur la carte que c’est interdit. Souvent, il y a des endroits dangereux d’ac- cès, et c’est notifié.
POURQUOI UTILISERIEZ-VOUS VOS BRAS ET VOS MAINS ?
Déjà pour tenir les éléments. Mais un jour, je me suis retrouvée avec de l’eau jusqu’à la poitrine. J’avais une balise à aller chercher et il y avait de l’eau à contourner. Dans ma tête je me suis dit que c’était plus rapide de traverser à la nage, donc j’ai plongé et j’ai tenté de garder la carte au sec en levant les bras (rires).
LA COURSE D’ORIENTATION SOUFFRE-T-ELLE PARFOIS DE CLICHÉS ?
Comme c’est assez méconnu, parfois les gens ne savent même pas que ce sport existe. Lorsqu’on nous demande ce qu’on fait et qu’on répond course d’orientation on nous répond « natation ? », non, vraiment : course d’orientation. Forcément s’ils ne connaissent pas, les personnes se demandent ce que c’est que « ce truc ». Et ce qui se rapproche pas mal au niveau sonorité et qui ressort, c’est donc la natation.
POURTANT, IL Y A UN VRAI ASPECT FAMILIAL ?
La course d’orientation est, d’après moi, l’un des seuls sports où toutes les générations peuvent participer ensemble. Il offre des circuits adaptés, de l’élite mondiale, aux tout-petits de 4/5 ans, et cela, sur un même terrain.
MAIS CE N’EST PAS TOUT…
Pour que personne ne soit exclu, sur toutes les compétitions françaises et internationales, c’est dans le cahiers des charges de l’organisation, il faut qu’il y ait une garderie. Pour les petits. Voilà pourquoi c’est vrai- ment un sport famille. Il y a beaucoup de choses faites pour que cela le reste et que les mamans puissent courir et ne soient pas mises sur la touche pendant un certain nombre d’années.