Cécile Saboureau, une paratriathlète accrochée

Une revanche à prendre sur les Jeux Paralympiques, une résilience à toutes épreuves… À 39 ans et malgré un parcours semé d’embûches, Cécile Saboureau n’abandonne jamais. Cette sportive d’Elancourt, commune de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, nous raconte son parcours, sa préparation pour Paris 2024, ses objectifs et les projets qui lui tiennent à cœur.
Par Léa Borie
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°25 juillet-août-septembre 2022

Multiple championne de France, Cécile Saboureau s’est toujours accrochée très fort à ses objectifs. Cavalière en saut d’obstacle dès ses 12 ans en équipe de France, elle s’est vue devoir stopper net la compétition à 20 ans, en 2004, lorsqu’elle a per­du sa jambe droite dans un accident. Après des mois de rééducation, la jeune femme rebondit et se forme pour obtenir un diplôme d’éthologue équin au haras de la Cense à Rochefort-en-Yvelines. Et son parcours est loin de s’être arrêté là.

Comment êtes-vous arrivée au triathlon ?

Cécile Saboureau : Peu après  mon accident de 2004, j’ai repris le chemin des compétitions sur le circuit amateur, et j’ai décroché le titre de championne de France en 2006. Mais le jumping n’est pas une discipline olympique. Je me suis remise à courir, après 14 ans de pause. Je faisais du vélo pour aller travailler et nageais en loisir. J’ai participé à mon premier triathlon en 2018. J’ai été repérée par le staff de l’équipe de France pour intégrer le circuit Coupe du monde. Et me suis qualifiée pour Tokyo !

Pourtant, on ne vous a pas vu participer aux Jeux Paralym­piques de Tokyo.

Cécile Saboureau : Un mois avant, lors d’un entraînement au CREPS de Vichy, j’ai eu un grave ac­cident avec un poids lourd, qui a néces­sité trois opérations dont un spinejack cimentoplastie (criques dans la ver­tèbre pour la rehausser). Mais un pro­blème neurologique persiste autour de la moelle épinière, créant des hypoten­sions intracrâniennes. J’espère trouver un neurochirurgien capable d’opérer prochainement. En tenant compte de ça, j’entends réintégrer le circuit de Coupe du monde sur la 2e partie de l’année, en septembre.

Pensez-vous prendre votre re­vanche sur Tokyo ?

Cécile Saboureau : Clairement ! Les précédents Jeux me sont passés sous le nez, j’ai ma re­vanche à prendre ! Dès 2023, la ranking list olympique sera ouverte. Forcément, je me projette sur le triathlon de Paris 2024. Après, je pense réintégrer le cir­cuit de para-dressage, ma discipline de prédilection initiale.

Comment vous entraînez-vous pour atteindre vos objectifs ?

Cécile Saboureau : Licenciée au Triathlon Club Saint-Quen­tin-en-Yvelines (TCSQY), je m’entraîne et sors nager avec eux de temps en temps. Je suis inscrite à l’association omnis­port de Trappes (AOT) où je me rends 2 à 3 fois par semaine. Une belle oppor­tunité fleurit à côté de chez moi à la rentrée : l’ouverture d’une nouvelle piscine, le Centre aquatique Castalia à Maurepas. Cela facilitera mes entraîne­ments.

En parallèle, je suis suivie par un kiné-os­téo à Montigny-le-Bretonneux avec un travail très approfondi pour comprendre les effets de la compensation liée à la prothèse. Reste à trouver un entraîneur unique sur place pour le quotidien.

Quelles sont les embuches que vous rencontrez ?

Cécile Saboureau : J’ai un handicap lourd dû à l’ampu­tation très haute de mon fémur droit. Or, quand vous n’avez plus de genou, il est beaucoup plus difficile de repro­duire les mouvements de la marche. Je dois adapter mes entraînements parce que quand je fais 40 km de vélo par exemple, ça représente 80 km pour une personne valide.

Vous semblez pourtant faire de cette épreuve une force.

Cécile Saboureau : Je suis aujourd’hui égérie France d’Ot­tobock, leader mondial de l’appareil­lage. Les prothèses sont comme des jouets pour moi. J’aime les tester pour retranscrire mes sensations et former les orthoprothésistes en France. Avec mon amputation très courte, je joue un peu les cobayes, ce n’est pas toujours évident mais on arrive à faire de belles choses.

Des belles choses que vous sou­haitez partager avec les plus jeunes…

Cécile Saboureau : Ma prothèse est entièrement appa­rente. Les enfants en ont peur car ils ne connaissent pas. Je veux non pas les sensibiliser mais au contraire les désensibiliser au handicap. Avec Elan­court et Maurepas, je me rends dans les écoles. Mon outil de désensibilisa­tion : des prothèses à faire démonter et remonter. SQY sera terre des Jeux en 2024 : l’occasion de parler des équipe­ments golf, vélo et VTT.

Présidente et fondatrice de l’Association sport handicap et autonomie (ASHA), je travaille avec les Bouchons de l’Espoir pour financer vélos, lames de course et fauteuils de course. Mon objectif : ai­der les enfants handicapés à s’intégrer dans le sport. Je compte aussi mettre en place des conférences en entreprise sur le thème de la résilience.

Le soutien de Saint-Quentin-en-Yvelines

Cécile Saboureau a besoin de fonds pour financer ses déplacements, stages, équipements… Par l’intermédiaire de son club, elle bénéficie d’aides financières de la part de SQY : une aide pour sa préparation aux Jeux Paralympiques, mais aussi une subvention annuelle dédiée aux sportifs de haut niveau. Elle dispose en outre d’une labellisation du ministère des Sports, pour acheter du matériel sportif.

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