Sous ce nom barbare d’«orthèse », on cherche à remettre l’articulation dans l’axe pendant une pratique sportive pour permettre une réassurance. Pourquoi porter une genouillère post blessure ou opération ? Laquelle choisir ? Combien de temps la garder et pour quelle activité ? Quand est-elle contre-indiquée ? On fait le point pour ficeler tout ça.
Par Léa Borie
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°22 d’octobre-novembre-décembre 2021
Reprise sportive : tout est sous contrôle !
Olivier Grosjean, sport brand manager chez Thuasne Sport, marque française d’orthopédie, qualifie l’orthèse de « solution non intrusive », en regard des médicaments, anti-douleurs et crèmes, pour pratiquer son sport en réduisant les douleurs.
« La personne s’inscrit dans une démarche de reprise sportive après une blessure ou une chirurgie, ou elle souffre d’une pathologie récurrente, avec douleurs et instabilités cycliques. Elle a alors connaissance de sa fragilité et s’équipe pour maintenir le muscle et le tendon, afin d’assister l’articulation et d’éviter la blessure. »
La différence entre orthèse et attelle ? La première permet le mouvement en l’accompagnant, quand la seconde immobilise. Dans la famille des orthèses, la genouillère est ciblée sur le genou, l’une des articulations des plus fragiles et complexes du corps humain avec la cheville.
Sa composition, faite d’os, de ligaments, de tendons et de cartilages, contribue au maintien et à la flexibilité du genou. Mais si certains éléments du rouage sont abîmés ou fragilisés, c’est tout le système qui en pâti et qui souffre.
Ce qui peut donner lieu à des pathologies plus ou moins limitantes – entorse, arthrose, lésions méniscales ou cartilagineuses, ligaments croisés, syndrome fémoro-rotulien, etc.
Bien s’entourer : une équipe médicale bien au fait de sa pathologie
Il est essentiel avant toute chose, lorsqu’on pratique un sport, a fortiori lorsque cela se fait à haute intensité et haute fréquence, de se construire une équipe médicale adaptée, d’un personnel de santé qualifié, bien au fait des pathologies de sportifs.
Tester, se faire son idée
Une fois qu’on a son ordonnance du médecin pour le port d’une genouillère de tel type, le mieux, pour bien choisir, est encore d’essayer, de tester, de pratiquer, pour voir quelle est la plus adaptée. Il se peut que ça ne soit pas la première, mais la 3e genouillère essayée qui convienne ! Et le professionnel de santé ne sera pas avec vous pour l’acheter à vous tenir la main.
Ce qui demande d’apprendre à se connaître et à s’écouter. Notamment en fonction de la phase du traitement et de guérison où l’on en est.
« En France, on le dit souvent, on est assisté, rappelle Olivier Grosjean. On a cette logique d’une santé qui ne coûte rien, qui nous est gratuite. Alors on se repose beaucoup sur les professionnels de santé pour trouver des solutions adaptées à sa pathologie, mais cela doit être avant tout une démarche volontariste du patient de maîtriser les choses, de prendre en main sa santé pour aller mieux. »
Les différentes genouillères sur le marché
Il existe deux grandes familles, les genouillères médicales, qui s’achètent en pharmacie, parapharmacie et magasin spécialisé, délivrées sur ordonnance.
Et les genouillères de sport, des alternatives non remboursées distribuées dans les magasins sportifs en automédication ou en pharmacie en vente libre.
En fonction de la pathologie, des douleurs et de l’expérience du patient, un kiné ou un médecin du sport pourrait orienter la personne vers un magasin de sport si besoin.
Différentes genouillères en fonction de sa pathologie et de l’activité pratiquée :
- Niveau 1
Blessure légère, douleur chronique légère, séquelle d’entorse du genou, gonarthrose, pour une activité linéaire avec peu d’impacts
› Genouillère de maintien avec effet antalgique, en tricot avec de l’élasthanne pour un effet compressif doux. Un tricotage plus relâché à l’arrière du genou pour libérer la flexion et évacuer la transpiration.
- Niveau 2
Famille de genouillère intermédiaire, pour le « jumper’s knee » (syndrome du sauteur), les problèmes de cartilages et de ménisques, les tendinites et les luxations, pour une activité de pivot
› Genouillère avec baleines souples qui accompagne le mouvement du genou, et anneau rotulien ouvert ou plein qui stabilise la rotule.
- Niveau 3
Blessures graves, qui nécessitent d’assister l’articulation
› Genouillère presque apparentée à l’attelle, en fonction de sa rigidité, avec baleines rigides en métal, en titane ou en carbone, afin de reproduire le mouvement du genou, et bande de strapping en «x» ou autour du genou pour ajouter en compression et en maintien.
Au-dessus du niveau 3, on viendra immobiliser complètement le genou avec des genouillères d’immobilisation, et régler manuellement l’amplitude du genou.
La bonne taille de genouillère
Le choix de la taille est crucial. Une genouillère s’essaye à même la peau, après avoir mesuré la circonférence du genou, la jambe semi-fléchie. Trop petite, ça cisaille et fait un effet garrot qui compresse et empêche le mouvement.
Trop lâche, elle n’est que psychologique. « Souvent, on ne tape pas juste du premier coup. Le plus important est d’avoir posé le bon diagnostic, après examens, radios, IRM, et avis appuyés de professionnels aguerris ».
Olivier Grosjean prend l’exemple de l’essuie-glace, 2e blessure des runners : « C’est une blessure difficile à soigner car les causes sont multiples. Elles peuvent venir de la voûte plantaire, des lombaires, du bassin… » C’est pourquoi il faut titiller les différentes solutions, essuyer des premiers échecs pour retrouver de bonnes sensations.
Dans la famille des genouillères médicales, on fonctionne par entonnoir, avec des niveaux de compression et une proprioception progressifs, mais avec un point commun : avoir une meilleure perception de l’articulation et moins d’appréhension pour pratiquer son sport et se remuscler.
Ne pas immobiliser l’articulation quand ce n’est pas nécessaire
On immobilise lorsqu’on rentre dans le protocole de Rice, que nous détaille Olivier Grosjean : « R rest, on s’arrête, I ice on glace, C compression, et E élévation du membre. » En effet, l’immobilisation vaut quand l’articulation doit être complètement au repos.
À ce moment-là, on fait une croix sur le sport. À l’inverse, quand l’articulation souffre de petites instabilités, il ne faut pas se suréquiper.
Lorsqu’on a repris, que l’articulation est stabilisée, il faut savoir se détacher de son orthèse quand celle-ci n’est plus nécessaire et qu’elle n’est là que pour rassurer. Car dans le cas de genouillère au maintien important, il y risque de démuscler ou de compenser sur l’autre jambe, de déséquilibrer la cheville, etc.
Au niveau des sensations, cela enverrait de mauvais signaux au cerveau. Une fois encore, si les signaux médicaux sont au vert, le professionnel de santé saura confirmer les impressions du patient pour lui conseiller d’ôter une genouillère qui n’est plus utile.