Avant de faire leur entrée sur les catwalks, des sagas fashion sont nées sur les terrains. Les produits techniques, détournés de leur utilisation d’origine, sont devenus loisirs, voire mode…
Ces origines diverses ont traversé les générations pour devenir des pièces de mode, oubliant parfois la notion sportive. Ça n’empêche : la pratique sportive a influencé la mode, de sa dimension populaire à la plus élitiste. Parvenant à casser l’image ringarde du vêtement de sport, les créateurs l’ont transformé en symbole de cool.
Un mouvement hybride est né, l’athleisure, entre gymwear et streetwear. C’est devenu le nouvel habit du pouvoir. Les vêtements façon sport suggèrent que celle qui les porte est Wonderwoman.
Dans la course à la performance, un réel culte est voué au sportif, combiné à celui de l’excellence et du fashion.
Audrey Millet parle même de « coolisation du look » : « On nage en plein dans la culture du plus. On travaille plus, on fait plus de sport, on court plus vite. Si je mets des baskets et non des talons, c’est parce que je suis pressée. En se payant de tels produits, on achète l’image du sportif sain dans son corps. Et les marques, elles, vendent du bonheur ! Si tu achètes cette tenue, tu seras meilleur, plus heureux, pour être en adéquation avec ta vie rêvée ».
Et si l’usage des accessoires sportifs reflète la prévalence des valeurs masculines, on peut voir qu’avec l’évolution des mœurs, la gent féminine s’est emparée des codes du sport à la ville, devenant aussi légitime que l’homme à porter Converse, Perfecto et autres polos – l’inverse ne fonctionnant pas nécessairement, à l’image des ballerines… Ce qui marche dans les deux sens, c’est l’influence du sport sur la mode et désormais, de la mode sur le sport, les deux histoires n’ayant jamais été aussi proches.
Merci à Audrey Millet, chercheuse à l’Institut européen de Florence en histoire et en lettres, spécialiste de l’histoire des techniques, du luxe, de la mode et du travail, enseignante en histoire moderne et contemporaine