Si le sport, dans un Qatar conservateur mais à l’islamisme plutôt modéré, est balbutiant en terme de résultats, son volet féminin est forcément réduit à la portion congrue. Il y a six mois, l’Américaine Anita DeFrantz, ex-candidate à la présidence du CIO, avait fustigé trois pays du Golfe, dont le Qatar, pour leur peu d’empressement à envoyer des femmes aux jeux Olympiques. Manière, dans les codes de l’institution, d’inviter ses collègues à écarter Doha de la course aux JO 2020.
Au Comité olympique du Qatar, on digère mal la critique. Pragmatiques, les responsables du sport national mesurent parfaitement l’effet désastreux d’une discrimination sexiste sur leurs ambitions. C’est d’ailleurs pour tenter de pallier cette absence sur les terrains que le Comité olympique qatari (QOC) a confié la gestion de la candidature de Doha 2020 à une directrice exécutive, la femme d’affaires Noora al-Mannai. « On nous a reproché de n’avoir pas envoyé de femmes aux JO de Pékin mais donner de la place au sport féminin, ça ne se décrète pas, c’est un long processus« , se justifie Cheikh Saoud bin Abdulrahman Al-Thani, secrétaire général du QOC. « Pour participer aux JO, vous devez gagner des quotas et ce n’est pas si simple.«
Au niveau inférieur, celui qui conduit aux qualifications pour les championnats régionaux, le sport féminin est en plein essor. Plus de 160 Qatariotes participeront à partir du 9 décembre aux Jeux Arabes de Doha avec une prédilection pour la gymnastique, l’escrime, le tir. Des équipes nationales existent dans tous les sports collectifs y compris le football et, c’est un signe fort dans un pays du Golfe, le Qatar s’enorgueillit d’une nageuse et d’une gymnaste de niveau continental.
Lolwa al Marri, secrétaire générale du Comité sportif des femmes créé au sein du QOC en 2001, espère envoyer une pongiste à Londres et rappelle aux esprits chagrins que deux jeunes filles représentaient le Qatar aux jeux Olympiques de la jeunesse de Singapour, à l’été 2010. Un embryon de féminisation. « Le sport féminin a 10 ans chez nous« , insiste Cheikh Saoud bin Abdulrahman Al-Thani.
Source: Sport