Interview croisée de Laure Moreau, Présidente du Club de tennis de Voisins-le-Bretonneux, soutenu par Saint-Quentin-en-Yvelines, et Charlotte Fairbank, sportive de haut niveau handisport potentiellement qualifiable pour les Jeux Paralympiques. Les deux femmes se sont confiées sur l’importance du tennis dans leur vie, leurs objectifs et leur approche des Jeux Paralympiques. PAR THIBAULT SIMON. Extrait du WOMEN SPORTS N°29.
WOMEN SPORTS : QUE REPRÉSENTE LE TENNIS DANS VOS VIES ?
CHARLOTTE : Le tennis est bien plus qu’un simple passe-temps pour moi, c’est toute ma vie. C’est une passion qui a dé- buté en 2016, lorsque j’ai commencé à pratiquer ce sport. Depuis lors, le tennis a pris une place prépondérante dans mon existence, et depuis 2020, je me consacre à cette activité à temps plein. Pourtant, avant de découvrir cette discipline, je ne m’y intéressais pas particulièrement. Mais le tennis est arrivé dans ma vie au moment où j’en avais le plus besoin. Il m’a permis de surmonter une période difficile et m’a aidée à sortir de la dépression.
LAURE : Le tennis a été une partie intégrante de mon éducation depuis l’âge de 9 ans. C’est une discipline qui a toujours fait partie de ma vie, et qui a modelé mon parcours jusqu’à aujourd’hui. Je suis aujourd’hui présidente du club de tennis où j’ai grandi.
ÊTES-VOUS PROFESSIONNELLES DANS VOS FONCTIONS ?
C. : Je suis devenue une joueuse de tennis professionnelle de niveau international en 2017. Depuis 2020, je me consacre entièrement à cette passion, pour laquelle je m’investis totalement. Pourtant, avant de devenir une athlète de haut niveau, j’avais une tout autre carrière : celle de juriste. J’avais suivi un cursus en droit et je pour- suivais un master dans cette discipline.
L. : Jusqu’à récemment, j’avais un autre métier en parallèle de ma présidence au sein du club de tennis. Avec 640 adhérents et une équipe de 6 enseignants, le club de tennis est une entreprise complexe à gérer. Avec une équipe de collaborateurs motivés, nous avons de nombreuses idées de pro- jets ambitieux qui nécessitent du temps et de l’investissement. Pour mener à bien ces projets, j’ai pris la décision de vendre mes parts en tant que directrice associée d’une agence de communication, pour me consacrer pleinement à la présidence du club.
QUEL EST VOTRE OBJECTIF FUTUR ?
C. : Mon objectif principal, en tant que joueuse de tennis professionnelle, est de me hisser dans le top 15-20 mondial, tout en me qualifiant pour les Jeux Paralym- piques et en visant pourquoi pas une médaille. J’ai pour ambition de stabiliser mon jeu et de faire tout mon possible pour éviter les blessures et rester au meilleur de ma forme. Après les JO 2024, je ne sais pas trop pour l’instant. Pourquoi ne pas aider les jeunes dans l’acceptation de leur handi- cap et aider les personnes en fauteuil roulant à gagner en autonomie dans la vie de tous les jours.
L. : Pour le club, l’objectif est de continuer à accompagner les jeunes débutants, tout en aidant les joueurs plus confirmés, tels que Charlotte qui est une figure de proue. Nous sommes fiers de notre engagement éco-responsable et respectons les règles de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).
À L’APPROCHE DES JO, QUE REPRÉSENTE CET ÉVÉNEMENT À VOS YEUX ?
C. : Les JO, c’est quelque chose d’historique. J’ai participé aux Jeux de Tokyo en 2020, mais c’était pendant la période de la Covid-19. Cette fois-ci, ce sera différent et en plus à domicile, donc ce sera mille fois mieux ! Il y aura une belle ambiance et une superbe atmosphère en équipe de France. J’espère vraiment me qualifier et que ce soient des Jeux égalitaires.
QUELLE EST VOTRE JOURNÉE TYPE ?
C. : Je m’entraîne régulièrement au Centre national d’entraînement et ma routine d’entraînement comprend géné- ralement entre 2 et 4 heures de tennis par jour, accompagnées d’une prépa- ration physique de 1h30, qui inclut les soins et la récupération nécessaires.
L. : En ce qui concerne mes journées, je n’ai pas vraiment de routine type, ce qui est très agréable. Tout dépend de la pé- riode de l’année, car il y a beaucoup de relations avec les adhérents à gérer, ainsi que les équipements, les inscriptions et la recherche de partenaires. En ce mo- ment, nous sommes en train de préparer les plannings pour l’année prochaine.
QUELLES SONT LES DIFFÉRENCES DE RÈGLES ENTRE LE TENNIS ET LE TENNIS HANDISPORT ?
C. : La principale différence entre le ten- nis en fauteuil et le tennis traditionnel est que les joueurs en fauteuil ont le droit à deux rebonds pour frapper la balle. De plus, même si un joueur en fauteuil a un handicap qui ne l’empêcherait pas de jouer au tennis debout, il est obligé de jouer en fauteuil pour participer aux com- pétitions.
QUE PENSEZ-VOUS DE LA MÉDIATISATION DU TENNIS FAUTEUIL ?
C. : On pourrait toujours en faire plus. Il y a plus de tournois filmés, mais on n’en parle pas assez. Il faudrait continuer à avoir plus de médiatisation, et surtout une plus grande parité. Le tennis est l’un des sports les plus populaires en handisport, donc on bénéficie de plus de visibilité que d’autres disciplines, mais on peut encore faire mieux.
L. : J’ajouterais qu’avec les JO, il y a une visibilité à gagner, mais j’espère que ça ne s’arrêtera pas à cet événement. Il faudrait mettre en avant davantage les résultats des sportifs handisport. Les pays anglo-saxons sont plus avancés sur ces thématiques, à nous de nous y mettre. Mais globalement, je suis contente de la progression en termes de visibilité, à condition que cette mise en lumière continue après les Jeux.