Mélanie De Jesus Dos Santos, championne d’Europe en titre à la poutre, va participer à ses premiers Jeux Olympiques à l’âge de 21 ans. La gymnaste artistique française, qui n’avait pas pu se rendre à Rio en 2016 en raison d’une blessure, n’a qu’un seul objectif pour Tokyo :
la médaille. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL.
WOMEN SPORTS : QUELS OBJECTIFS TE FIXES-TU AUX JEUX OLYMPIQUES DE TOKYO ?
MÉLANIE DE JESUS DOS SANTOS : Mon objectif est tout d’abord de prendre du plaisir et de faire une belle compétition. J’espère évidemment que cela me mènera au podium et à la médaille.
TU ES CHAMPIONNE D’EUROPE EN TITRE, EST-CE QUE CELA TE MET EN CONFIANCE POUR LA COMPÉTITION ?
Ce titre me permet de prendre un petit peu plus confiance en moi mais il faut que je reste sur mes gardes et que je ne m’envole pas pour Tokyo trop confiante tout de même. Moralement, cette mé- daille d’or fait du bien. Néanmoins, je sais qu’il y a encore du travail et je dois me concentrer.
ÊTRE CONSIDÉRÉE COMME L’UNE DES FAVORITES DES JO, EST-CE QUE CELA TE RASSURE OU AU CONTRAIRE TE MET UNE PRESSION SUPPLÉMENTAIRE ?
Je préfère faire abstraction de tout ça. Je ne peux pas dire que je ne ressens pas le fait d’être considérée comme l’une des favorites, mais je fais exprès de ne pas le voir et de rester dans ma bulle. Je ne ressens pas de stress pour le moment. Quand j’y serai, ce sera sûrement différent. Comme d’habitude, je devrai le gérer avant la compétition.
LES JEUX OLYMPIQUES ONT ÉTÉ DÉCALÉS D’UN AN, COMMENT AS-TU GÉRÉ CE REPORT AU NIVEAU DES ENTRAÎNEMENTS ?
Ça a été un énorme chamboulement. Cette annonce nous est tombée dessus, on n’a pas compris ce qui nous arrivait. Ça a été très compliqué car on n’a pas pu s’entraîner pendant un certain temps, alors qu’on a l’habitude de faire des séances tous les jours. Notre corps a été perturbé. Mais comme tout le monde, on s’est entraîné à la maison. À la campagne, on pouvait sortir, courir un peu. Je suis contente car j’ai pu gérer physiquement pour tenir la route et pouvoir reprendre les compétitions et les entraînements après le confinement, sans avoir trop perdu.
ET PSYCHOLOGIQUEMENT ?
Psychologiquement on s’y attendait. On se disait que c’était étrange d’aller aux Jeux, qu’ils soient maintenus, alors que tout le monde était confiné. Par conséquent, ça a été assez simple du côté sportif à encaisser. Après, personnellement, le confinement a été difficile pour moi, j’ai des proches qui ont été malades.
« PARADOXALEMENT, LA BLESSURE QUI M’A PRIVÉE DES JO DE 2016 M’A AIDÉE. »
COMMENT SE SENT-ON À L’APPROCHE DES JO QUAND ON PEUT DÉCROCHER SA PREMIÈRE MÉDAILLE OLYMPIQUE ?
Ce sera mes premiers Jeux. J’ai déjà participé à la préparation des Jeux 2016, mais j’étais blessée (rupture des ligaments croisés, NDLR). Je sais maintenant que je fais pleinement partie de l’équipe, donc je n’ai plus qu’une seule hâte, c’est d’y être. J’ai travaillé dur pour ça.
APRÈS LA BLESSURE SURVENUE EN 2016 (AVANT RIO), CONSIDÈRES-TU CE DÉPLACEMENT À TOKYO COMME UNE REVANCHE ?
Je ne sais pas si je peux dire que c’est une revanche. Cette blessure, au final, m’a aidée. Peut-être que si je ne l’avais pas eue, j’aurais baissé les bras. Elle m’a donné encore plus la niaque pour arriver jusqu’ici. C’était difficile mentalement, puisqu’il s’agissait d’une blessure importante et que j’ai passé neuf mois sans faire de gymnastique. Aujourd’hui, je peux dire que c’était bénéfique.
QUELLE GYMNASTE EN LICE AUX JO REDOUTES-TU LE PLUS ?
Je ne parle pas de Simone Biles, on est d’accord ? (rires). En réalité, je ne crains personne en particulier. Je ne suis pas trop ce que font les autres gymnastes. Je sais que les Américaines, les Russes sont très fortes, mais c’est presque tout. Je ne cherche jamais à voir ce que font mes concurrentes. Si je tombe sur une vidéo d’elles sur mon compte Instagram, je la regarde, mais je ne vais jamais aller voir de moi-même. Je sais que certaines filles aiment bien regarder mais moi pas forcément. Je préfère rester dans ma bulle.
COMMENT T’ENTENDS-TU AVEC LE RESTE DE L’ÉQUIPE DE FRANCE ? QUELLE EST L’AMBIANCE ENTRE VOUS ?
On a la chance de très bien s’entendre dans la totalité du collectif France, que ce soit avec les Pôles de Marseille, l’INSEP, etc. On se voit souvent, alors on tisse forcément des liens. Je m’entends particulièrement bien avec Marine Boyer ou encore Lorette Charpy. On se connaît par coeur et c’est important en com- pétitions. Cette fois-ci ce sera un peu particulier car je suis la plus grande de l’équipe, donc je ferai le déplacement avec des « jeunes » !