Depuis toujours, le jeu a été perçu comme un simple loisir, un moment de détente entre deux obligations sérieuses. Pourtant, la montée en puissance des disciplines qui demandent autant de concentration que d’endurance mentale invite à revoir cette vision. Même si certains jeux ne sont pas encore considérés comme des sports à part entière, ils partagent avec eux une exigence commune : celle de la rigueur, de la stratégie et du mental. Et si savoir jouer devenait, au même titre que courir ou nager, une compétence sportive à part entière ?
L’entraînement mental, un effort invisible, mais réel
Derrière chaque bon joueur se cache un esprit d’athlète. L’effort ne se voit pas à l’œil nu : ce ne sont pas des muscles qui se contractent, mais un cerveau qui anticipe, s’adapte et calcule. Des recherches ont suggéré que la pratique régulière de jeux exigeant une stratégie et un multitâche peut renforcer la flexibilité cognitive, c’est‑à‑dire la capacité à passer rapidement d’un mode de pensée à un autre (Glass et coll., 2013).
De plus, d’autres travaux ont identifié une association entre participation à des jeux de stratégie et meilleure mémoire de travail ainsi qu’une plus grande résistance aux distractions (Heliyon, 2023). Les joueurs de haut niveau cultivent la même rigueur que les sportifs : entraînements fréquents, analyse des erreurs, gestion du stress, rebond après une défaite.
Des salles d’entraînement virtuelles : l’e-sport comme pionnier
L’essor de l’e-sport a changé la perception du jeu. Ce n’est plus seulement un passe-temps, c’est une discipline structurée, avec ses équipes, ses coachs, ses analystes et même ses préparateurs physiques. Selon les prévisions, l’audience mondiale de l’e-sport devrait atteindre 640,8 millions de spectateurs en 2025.
Les joueurs professionnels s’entraînent chaque jour selon un rythme digne d’un athlète. Pendant les saisons régulières, certaines équipes d’e‑sport consacrent environ 6 à 10 heures par jour, six jours par semaine, à l’entraînement collectif et individuel. En phase de préparation intensive, ce volume peut monter à 10 à 14 heures quotidiennes.

Jouer pour se connaître : quand la stratégie devient un art
Les jeux de réflexion et de stratégie ont une vertu commune : ils révèlent la personnalité de ceux qui y jouent. Savoir s’adapter, garder son calme, oser au bon moment — autant de compétences utiles sur une table de jeu que dans la vie professionnelle.
C’est d’ailleurs ce qui rend certaines disciplines fascinantes. Par exemple, lorsqu’on cherche à apprendre facilement la règle du poker (distribution de cartes, tours de mises, abattage, all-in, etc.), on découvre bien plus qu’un jeu : un terrain d’entraînement pour la prise de décision, la lecture des comportements et la maîtrise du risque.
Les échecs, le mah-jong ou même certains jeux coopératifs modernes ne sont pas en reste. Ils développent l’esprit d’équipe, la communication et la stratégie collective. Autant d’aptitudes qui font désormais partie des soft skills recherchés dans le monde du travail.

Aujourd’hui, le sport ne se limite plus à la force physique ; il s’étend désormais à la maîtrise de soi et à l’intelligence de jeu. La frontière entre l’athlète et le joueur s’efface : l’un apprend à gérer son corps, l’autre son esprit, mais tous deux poursuivent le même objectif : la performance durable. En valorisant le jeu comme discipline mentale, la société reconnaît que la concentration, la patience et la stratégie sont aussi nobles que la vitesse ou la puissance.



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