Dayot Upamecano, joueur de football évoluant au FC Bayern Munich et membre de l’équipe de France A depuis 2020, s’engage dans l’aventure entrepreneuriale en investissant dans la start-up française Keyena, fondée par Coralie Gassama.
Tous deux originaires d’Évreux, Coralie Gassama, étoile de l’athlétisme français, et Dayot qui, grâce à l’intervention d’Ibrahima-solo Gassama, ancien footballeur international espoir sénégalais et père de Coralie, a rejoint l’Évreux Football Club (EFC), ont toujours été unis par un lien fort. À 26 ans, pour la jeune femme et 25 ans pour l’international français, les deux sportifs ont annoncé leur collaboration pour propulser Keyena vers de nouveaux sommets.
Pour rappel, Coralie Gassama a fondé Keyena à seulement 20 ans. Cette marque est la première à proposer des sursemelles de protection pour les chaussures à pointes d’athlétisme. Aujourd’hui, Plus de 1 200 athlètes en France et à l’international les adoptent, et plus de 100 les ont utilisées lors des derniers championnats du monde à Budapest en octobre dernier.
Séduit par l’innovation de Keyena et désireux de soutenir l’ingéniosité française, Dayot Upamecano investit dans la start-up et rejoint son actionnariat. Avec Coralie, ils ambitionnent de renforcer la présence mondiale de l’entreprise, notamment en explorant de nouveaux marchés tels que celui du cyclisme sur route. Face à ce défi d’envergure, les deux athlètes font preuve de détermination, rappelant que le monde des start-up présente des similitudes avec leur carrière sportive, entre succès et échecs, victoires et déceptions, dans une dynamique d’attente et d’action qu’ils ont déjà connue sur les terrains de sport.
Projets à venir, collaboration avec Dayot Upamecano, les débuts de Keyena… Entretien exclusif avec Coralie Gassama !
Née d’un père commercial et footballeur (ancien international de l’équipe du Sénégal-espoir), Coralie Gassama, spécialiste du 400m haies, a toujours été une grande passionnée de sport. À 17 ans, elle quitte son Evreux natal pour la périphérie de Lyon, où elle continuera sa carrière d’athlète de haut-niveau, tout en faisant en parallèle des études de STAPS. C’est d’ailleurs à l’issue de sa licence, lors de son master en management du sport, que sa passion pour l’entreprenariat va prendre vie, et, par la même occasion, sa marque Keyena. Entretien.
Women Sports : Racontez-nous votre parcours, jusqu’à la création de votre marque, Keyena.
Coralie Gassama : Je suis arrivée à Lyon pour continuer cette carrière d’athlète, tout en continuant mes études de STAPS. En master, j’ai eu un cours d’entrepreneuriat, où il fallait développer un projet. Et j’ai eu cette idée de développer des sursemelles de protection pour les pointes d’athlétisme, parce qu’en tant qu’athlète, moi-même, j’étais souvent amenée à me déplacer en dehors des pistes avec mes pointes aux pieds. Et c’était assez agaçant, ça les abîmait, ce n’était pas très confortable.
J’ai toujours eu ça en tête, alors je me suis d’abord lancée, uniquement pour les bienfaits du cours. Et puis petit à petit, mes profs ont poussé ma curiosité un petit peu plus loin. Et c’est comme ça qu’a commencé le projet Keyena, où je me suis retrouvée à travailler avec un bureau d’études pour développer et construire la sursemelle de protection.
Quand j’ai commencé à travailler avec ce bureau d’études, j’ai cherché des ingénieurs en matériaux sur internet… Je leur ai parlé de mon projet, on a fait un cahier de charge. Et puis le projet s’est construit petit à petit. Après un an de développement, après avoir passé quelques étapes, j’ai décidé de créer la société et de l’appeler Keyena, qui veut dire ‘pourquoi pas’ en Wolof (dialecte sénégalais NDLR). J’avais à coeur de donner un peu de mes origines dans ce projet. Et puis ‘pourquoi pas’, c’était un peu l’idée de se dire, pourquoi pas moi-même développer ce produit pour les athlètes. Pour nous, athlètes qui avons cette problématique depuis longtemps.
En février 2021, on a décidé de lancer la marque et de faire savoir au grand public ce qu’on était en train de faire, en mettant en précommande le produit. Voilà comment tout a débuté.
Depuis, il s’est passé des tonnes de choses et aujourd’hui, vous annoncez que le footballeur Upamecano, investit lui aussi dans la start-up. Comment est-ce que s’est fait cette rencontre ?
Nous étions tous deux originaires de Évreux, et nous nous connaissions par le biais de nos familles. D’ailleurs, c’est notamment grâce à mon père que Dayot a pu intégrer le club d’Évreux quand il était jeune. On a ensuite chacun pris des chemins différents pour continuer nos carrières sportives.
On a repris contact il y a peut-être trois ans. En 2022, on est même allé le voir jouer lors des championnats d’Europe avec ma famille. Et en 2023, on discutait, lorsque je lui ai dit que j’étais en levée de fonds. Je lui ai demandé s’il avait le contact de Blaise Matuidi, qui est un investisseur reconnu. C’est à ce moment-là que Dayot m’a fait savoir dit qu’ils ne se connaissaient pas tant que ça, mais que, en revanche, lui pouvait être intéressé. Il préparait son après carrière, et ça l’’intéressait de pouvoir se faire connaître. Donc voilà comment les premiers échanges se sont faits. Et puis après, on a effectivement échangé sur cette association.
Forcément, sa visibilité sur la scène internationale, et son autorité vont nous apporter beaucoup. Mais Dayot est une personne passionnée, qui s’intéresse au sport dans son ensemble. Puisqu’on a des projets de diversification du produit, il est très intéressant de l’avoir à nos côtés pour qu’il nous apporte son savoir.
Il y a également l’investissement financier qui va nous permettre de développer nos projets, que ce soit la diversification de notre produit, mais aussi l’implantation de notre produit sur les marchés des Etats-Unis, qui demandent beaucoup de ressources.
Vous nous avez parlé de diversification des produits, d’implantation aux Etats-Unis. Ce sont les prochains projets de la marque ?
Totalement. Nous sommes en train de développer un produit pour les vélos de route, sur le même concept que les sursemelles de protection. Nous avons déjà financé une partie. Et le nouvel investisseur va nous aider à financer la suite.
C’est pareil pour l’implantation aux Etats-Unis. En novembre dernier, je me suis rendue sur place pour déjà rencontrer des revendeurs. Tous les projets sont en cours. L’arrivée de Dayot va vraiment nous permettre de pouvoir les accomplir correctement, dans les meilleures conditions.
Il y a ensuite d’autres projets qui murissent, mais qui ne sont pas encore sûrs d’être accomplis. On s’interroge en effet sur l’adaptabilité des semelles de protection à d’autres sports tels que le football, le football américain ou le rugby. C’est vraiment une interrogation qu’on a. Pour l’instant, ce n’est pas du tout à l’ordre du jour, parce qu’on est déjà très focus sur nos projets en cours. Mais en tout cas, c’est une question qu’on se posera dans quelques années.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?
Écoutez-moi, ce que je veux pour Keyena, c’est bien sûr de faire connaître ses produits, qui sont des innovations et qui répondent à des besoins qui ont toujours été présents, faire savoir que Keyena est la première marque de protection pour chaussures de sport. Et puis après, ce que j’aime aussi à travers ce projet, c’est de montrer qu’en tant que sportive de niveau, on peut entreprendre. Et que même en tant que jeune, on peut vraiment participer à l’innovation et au sport, au développement de notre sport.
J’aimerais bien qu’on mette en avant des personnes qui m’ont bien soutenue dans ce projet depuis quelques années : le programme Palatine Women Project. C’est un programme qui a été créé par une ancienne sportive de haut niveau Sévérine Desbouys, pour des femmes anciennes ou athlètes de haut niveau qui décident d’entreprendre. Je suis vraiment très reconnaissante de l’accompagnement qu’ils m’ont fourni.