En mai dernier, Yuko Fujii a été nommée entraîneure principale de l’équipe masculine de judo du Brésil. Cette Japonaise de 35 ans est entrée dans le club (très) privé des femmes à la tête d’un groupe d’hommes au plus haut-niveau, tous sports confondus.
En mai dernier, la Fédération brésilienne de judo a laissé de côté les préjugés sexistes en nommant entraîneure principale de son équipe masculine la Japonaise Yuko Fujii. À 35 ans, elle devient la première coach féminine des judokas brésiliens et une des rares femmes à entraîner des hommes au plus haut-niveau, tous sports confondus.
Mais Yuko Fujii ne prête pas attention à cette exception : « Je ne passe pas mon temps à penser que je suis une femme au milieu d’hommes. Ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Je ne pense qu’à une chose : comment utiliser mes points forts pour aider l’équipe. » Une attitude sobre et concentrée qui lui a valu la promotion de coach adjointe à entraîneure principale, alors que le double médaillé olympique Tiago Camilo était pressenti pour le poste.
Yuko Fujii est arrivée dans les rangs brésiliens en 2013, après avoir officié dans l’équipe Britannique pour les Jeux Olympiques de Londres en 2012, contribuant notamment aux médailles de Gemma Gibbons (argent en -78kg) et Karina Bryant (bronze en +78kg). Quatre ans plus tard pour les Jeux de Rio, alors qu’elle était entraîneure adjointe pour les équipes féminine et masculine nationale, elle a aidé la superstar locale Rafaela Silva à briller à domicile (or en -57kg) et ainsi surmonter le douloureux épisode de Londres [ndlr, elle avait été disqualifiée pour avoir tenté d’attraper la jambe de sa rivale]. Aujourd’hui, Yuko Fujii semble avoir été adoptée par les judokas brésiliens. « [Elle] fait vraiment la différence. Grâce à elle, notre technique s’est améliorée », a notamment affirmé le géant Ruan Isquierdo (140 kg), convaincu qu’il risquerait de ne pas faire le poids s’il devait l’affronter ! « Elle est très forte techniquement », admet-il.
Une exception dans le monde du sport
« Le Japon est bien plus traditionaliste et machiste que le Brésil. Il n’y a aucune femme dans le staff de l’équipe masculine, mise à part la nutritionniste », explique Yuko Fujii à l’AFP. Avec sa récente nomination, elle devient une des rares femmes à entraîner une équipe masculine de haut-niveau. Dans le monde du tennis, on peut citer Amélie Mauresmo. La championne française aux 2 titres en Grand Chelem (Open d’Australie et Wimbledon 2006), qui a entraîné avec succès pendant deux ans le Britannique Andy Murray, vient de prendre la tête des Bleus en Coupe Davis. Au football, c’est Corinne Diacre qui fait figure d’exception : avant d’être sélectionneure de l’équipe de France féminine, cette ancienne internationale avait entraîné Clermont Foot en Ligue 2. Elle aura été la première femme à la tête d’une équipe de football masculine professionnelle. Emily Lima, quant à elle, est devenue en 2016 la première femme entraîneure de la sélection féminine brésilienne de football avant d’être limogée quelques mois plus tard (ce qui avait provoqué une révolte chez les joueuses, dont bon nombre avaient annoncé leur retraite internationale).
Quand on lui demande si elle se sent l’âme d’une pionnière, Yuko Fujii reste prudente. Elle sait que tout va dépendre de la performance des Brésiliens sur les tatamis des Jeux de Tokyo en 2020. « Mon principal objectif, c’est de faire en sorte que nos athlètes pratiquent un bon judo […]. Si je suis pionnière ou non, on verra après », conclut-elle.