L’association Les Dégommeuses, qui milite contre les discriminations dans le sport et par le sport – dont le sexisme fait partie – a réalisé une étude démontrant les lacunes qualitatives et quantitatives encore trop importantes du traitement médiatique du football féminin par la presse écrite en France.
Ces dernières années, d’immenses progrès ont été réalisés dans le traitement médiatique du sport féminin, progrès en grande partie dus aux engagements du service public audiovisuel qui multiplie les diffusions des rencontres des équipes féminines nationales en prime time. L’Euro de football et la Coupe du monde de rugby qui ont eu lieu cet été en sont de bons exemples : le dernier match des Bleues à l’Euro avait attiré 3,7 millions de téléspectateurs, soit 18% de part d’audience ; les joueuses de rugby ne sont pas en reste puisque la demi-finale qui les avait opposé à Angleterre avait rassemblé 3 millions de téléspectateurs sur France 2 (avec un pic à 3,4 millions), soit 15% de part d’audience.

Malgré ce constat, le traitement médiatique du football dans la presse écrite en France présente encore de lourdes lacunes, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. C’est une étude de l’association Les Dégommeuses, qui milite contre les discriminations dans le sport et par le sport, qui le démontre.
2,1% des contenus étudiés sont consacrés au football féminin
Financée par le réseau Fare (collectif européen visant le même but que Les Dégommeuses), cette étude a été réalisée du 2 au 25 septembre 2017 sur 10 titres de presse français : 3 nationaux (L’Équipe, France Football et So Foot) et 7 journaux de presse quotidienne régionale (PQR). Cette période englobe trois journées de Division 1, le plus haut niveau du football féminin (équivalent de la Ligue 1), et les deux premiers matches internationaux des Bleues de l’ère Diacre.
Le résultat est sans appel : seulement 2,1% des pages étudiées sont dédiées au football féminin, autrement dit, 28 pages sur un total de 1 327. LaPQR se distingue cependant avec un taux moyen de 4%, et même des pics de près de 7% pour le quotidien Midi Libre.
Des joueuses anonymes et des articles sexistes
Pire encore, sur ce faible 2.1%, les résultats montrent que les articles de presse écrite mettent plus en avant, par le texte et l’image, le staff structurellement masculin (sélectionneur, kiné) que les joueuses dont les noms ne sont même pas cités. Pourtant l’actif principal d’une équipe de football, c’est bien les joueuses ; ce sont elles qui peuvent raconter une histoire et auprès d’elles que les supportrices et supporters peuvent s’identifier.
De plus, le traitement de l’information est encore bien trop souvent sexiste, à l’image de l’article du Parisien sur la Japonaise Ami Otaki venue renforcer les rangs du Paris FC (anciennement Juvisy) : en regardant les photographies choisies, il est presque difficile de croire qu’on parle de football.
L’étude nuance cependant son propos en en évoquant, en règle générale, une meilleure mise à l’honneur des joueuses dans la presse régionale grâce à un angle local.
Espérons que les résultats de cette étude aient l’effet d’un électochoc pour faire de la Coupe du monde féminine de football, qui aura lieu en France en 2019, une grande fête footballistique.
Pour aller plus loin, découvrez l’étude complète réalisée par Les Dégommeuses en lien ici.