Depuis trois ans, elle est l’un des visages emblématiques du football sur Canal+. Tous les dimanches soirs, Marie Portolano officie aux côtés d’Hervé Mathoux dans l’émission footballistique phare de la chaîne cryptée : le Canal Football Club – CFC pour les intimes. Entretien avec la journaliste de 32 ans, véritable passionnée du ballon rond.
PROPOS RECUEILLIS PAR FLORIANE CANTORO
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N°8 d’avril-mai-juin 2018.
• Devenir journaliste sportive à la télévision, c’était un rêve d’enfant ?
Disons plutôt un rêve d’adolescente. Je suis fan de foot depuis toujours et c’est vrai qu’à 18 ans, quand on me demandait quel était mon rêve, je répondais : « Présenter une émission de football à la télé ». Alors j’ai fait une école de journalisme à Paris. J’ai commencé par des rédactions d’information générale à Premiere.fr puis aux Inrocks. Je manifestais sans cesse mon envie de faire du sport. Les rencontres que j’ai faites m’ont ensuite dirigée vers la presse télévisée, chez LCI d’abord puis rapidement vers Eurosport, la chaîne sport de TF1. C’était en 2009 et je n’ai jamais quitté le sport depuis. [ndlr : après Eurosport, Marie Portolano a travaillé sur les chaînes CFoot et BeINSports avant d’arriver à Canal+ en 2014].
Comment vous est venue cette passion pour le football ?
Quand j’étais petite, mes frères me forçaient à regarder le foot avec eux. Au début, ça m’embêtait un peu parce que je m’en fichais. Et puis finalement, c’est devenu un véritable rendez-vous familial : quand nos parents sortaient le soir, on se retrouvait avec mes frères pour regarder le multiplex. J’ai vraiment commencé à aimer le football et à m’y intéresser profondément à cette époque-là, vers 12-13 ans.
« Je déteste faire du sport ! »
• Suivez-vous d’autres sports que le football ?
J’aime beaucoup les sports collectifs : je suis les équipes de France de basketball et de rugby quand il y a des compétitions internationales. Mais c’est vrai que je regarde moins assidûment que le foot parce que le foot, c’est ma vie, je regarde tout. Et puis regarder du sport, c’est assez chronophage ; concrètement, je pourrais passer toutes les soirées de la semaine à regarder du foot. C’est déjà pas mal !
• Aimez-vous également pratiquer du sport ?
Pas du tout. Je suis une très grande consommatrice de sport à la télévision mais une très mauvaise sportive dans la vie. Je déteste faire du sport. J’ai essayé plusieurs sports mais aucun ne m’a accrochée. On dit souvent que le sport est une drogue mais pas pour moi !
• Quels sont les moments de sport qui vous ont le plus marquée ?
Je ne vais pas être originale mais la finale de la Coupe du monde 1998, évidemment. Et toute la compétition que j’ai également suivie avec grand intérêt. Ensuite, il y a la finale de la Ligue des Champions 2005 entre Liverpool et le Milan AC. Pour recontextualiser, Milan gagnait 3-0 mais Liverpool a égalisé en marquant un, puis deux, puis trois buts et a fini par s’imposer aux tirs-au-but. C’est là que je me suis aperçue que j’aimais vraiment le football parce qu’en 1998, on supportait tous la France alors que là, même si j’adore Liverpool, je regardais avant tout pour le jeu ; c’était du beau jeu. Ça m’a fasciné !
« J’aime les joueurs qui ont du caractère. J’aime Zlatan Ibrahimovic par exemple. »
• Quelles sont vos idoles parmi les joueurs de football ?
Je suis fan de Steven Gerrard, l’ancien capitaine de Liverpool. J’ai toujours aimé son attachement à son club et à sa ville natale où il a passé 95% de sa carrière. J’aime aussi beaucoup Éric Cantona. En fait, j’aime les joueurs qui ont du caractère. J’aime Zlatan Ibrahimovic par exemple. Je fais partie de ces gens qui le trouvent génial alors qu’il est insupportable.
• Comment analysez-vous l’évolution du football depuis que vous avez commencé à vous y intéresser à 12 ans ?
La vision du jeu est différente aujourd’hui avec le football total : cette manière de jouer rapide, sur les côtés, de revenir au centre… La vitesse des joueurs est impressionnante et ils sont de plus en plus forts aussi. Par exemple, avant, il y avait de grandes idoles comme Pelé ou Platini. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de joueurs importants comme ça. Je le vois quand je vais dans les écoles de foot pour le Canal Football Club et que je demande aux enfants quels sont leurs joueurs préférés. J’ai plein de réponses différentes : Messi, Neymar, Mbappé, Pogba, Kane… C’est signe que le football s’améliore.
• Qu’en est-il du football féminin ?
Il s’améliore également. Quand on regarde les compétitions féminines, on voit que ça joue vraiment bien. Le niveau des filles est certes un peu en-deçà mais je pense que le problème vient de l’encadrement : elles n’ont pas les mêmes centres de formation, elles n’ont pas les mêmes accompagnateurs… Si on changeait ça, leur niveau augmenterait. Sinon les filles n’ont rien à envier aux garçons : elles gagnent tout ! Lyon gagne souvent la Ligue des Champions ce qui n’est pas le cas des clubs français masculins, l’équipe de France va généralement loin dans les compétitions internationales…. Il faudrait leur donner encore plus d’espace et de visibilité puisqu’elles représentent vraiment bien le foot et le foot français.
« Je pense que la chaîne m’a choisie pour présenter Jour de Foot parce que j’étais compétente pour le faire ».
• Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers pas à Canal ?
Pour la petite anecdote, j’étais enceinte de 5 mois quand je suis arrivée à Canal. Le jour où Cyrille Linette l’ancien directeur des sports de la chaîne m’a appelée pour me proposer un poste, je venais d’apprendre que j’étais enceinte. Et honnêtement, je me suis dit : « Merde, qu’est-ce que je vais leur dire ? ». C’est compliqué pour une femme d’intégrer une boîte et de partir en congés maternité trois mois après… Puis finalement, quand je suis arrivée avec mon gros ventre, j’ai été très bien accueillie par la direction et les collègues qui ont été très bienveillants à mon égard. Et qui le sont encore d’ailleurs.
• Dans les émissions que vous présentez, vous êtes souvent la seule femme. Que pensez-vous de la place des femmes dans le journalisme sportif ?
Je vais parler de Canal puisque c’est ma maison. Je trouve que les femmes ne sont pas en reste en ce qui concerne le sport. On est beaucoup : il y a Isabelle Ithurburu et Astrid Bard sur le rugby, Laurie Delhostal sur le foot, Marina Lorenzo sur le foot, moi-même sur le foot…et d’autres ! Nous n’avons pas le sentiment que la chaîne ait choisi de mettre des femmes à l’antenne pour mettre des femmes. Nous occupons ces postes car nous sommes compétentes. Aux yeux de la direction en tout cas.
• Qu’avez-vous ressenti quand on vous a confié la présentation de l’émission Jour de Foot, dix ans après Nathalie Iannetta seule femme à l’avoir présentée avant vous ?
J’étais très fière parce que Jour de Foot, c’est quand même une institution sur Canal et une émission très reconnue. Et là encore, je pense que la direction m’a choisie parce qu’elle a jugé que j’étais compétente pour le faire. Jour de Foot, c’est vraiment une émission 100% pur foot qui s’adresse aux spécialistes et aux passionnés du jeu. Quelqu’un qui regarde l’émission un samedi soir à 23h00, c’est quelqu’un qui aime vraiment le foot. Donc il faut lui donner quelqu’un qui sait parler de foot. Depuis quatre ans, c’est Karim Bennani qui présente l’émission. Il le fait très bien et il adore ça donc il n’y a pas de raison de le remplacer par une femme.
• Pour finir, un petit mot sur la Ligue 1 et la Ligue des Champions.
Je ne vois pas comment Paris pourrait passer à côté de son titre de champion de Ligue 1. Même si on a retrouvé Marseille et Lyon cette saison – et ça fait plaisir ! – les Parisiens surclassent un peu tout le monde. En Ligue des Champions, ils m’impressionnent. Ils pourraient atteindre la finale et la gagner, comme c’est le projet qatari depuis 5 ans. La saison dernière, je vous aurais dit non. Mais cette année, ce n’est pas impossible.
POUR MIEUX CONNAÎTRE MARIE PORTOLANO
Quelle est votre devise ?
« Ce qui ne me tue pas me rend plus forte », de Nietzsche.Le meilleur conseil qu’on vous ait donné ?
De rester naturelle. On m’a dit : « Tu parles de foot, tu ne mets pas ta vie en jeu à chaque interview. Reste naturelle, c’est ça que les gens ont envie de voir. ».Le meilleur conseil que vous pourriez donner ?
Comme il m’a porté chance, je dirais la même chose : restez naturelles et passionnées.Le type de musique que vous écoutez ?
J’écoute du métal. D’ailleurs, avant d’être journaliste sportive, j’ai créé une boîte de production où je faisais tourner des artistes de rock/métal. J’organisais des concerts à Paris, en province et à l’étranger. Aujourd’hui, j’ai arrêté de travailler dans cette boîte car je n’en ai plus le temps mais je garde toujours un oeil dessus.Les séries que vous regardez ?
Je ne suis pas une fanatique de séries. Ça m’emmerde qu’il n’y ait pas de fin. Par exemple, j’ai regardé les quatre premières saisons de Grey’s Anatomy [ndlr : la série en compte à ce jour quatorze] et je n’en pouvais plus : ils meurent tous, ils sortent tous ensemble… il n’y a plus de fin !Votre film préféré ?
Barry Lyndon de Kubrick et tous les films de Cronenberg en général.Votre rituel au saut du lit ?
Regarder mon portable. Donner le biberon à mon fils d’abord, et regarder mon portable.Votre rituel avant d’aller vous coucher ?
Regarder mon portable.Votre tenue vestimentaire quotidienne ?
Je suis très décontractée : jeans, baskets. Je ne mets pas beaucoup de talons et beaucoup de pantalons l’hiver. D’ailleurs Pierre Ménès me le reproche, il me dit souvent : « Mais comment t’es fringuée toi, c’est pas possible! » (rires).Votre tenue de soirée ?
J’essaie de mettre des talons et encore ! C’est toujours relax.L’objet qui ne vous quitte jamais ?
Mon badge Canal. Je l’amène partout avec moi, même en vacances ! Je ne sais pas pourquoi.L’endroit où vous aimez aller vous ressourcer ?
En Bretagne, chez mes parents.Les personnalités en dehors du sport que vous admirez ?
J’aime beaucoup Juliette Binoche, je trouve que c’est une super actrice. J’aime tous les chanteurs et les artistes en général, toutes les personnes qui ont un don que je n’ai pas. Par exemple un footballeur m’impressionne. Quelqu’un qui parle trois langues m’impressionne. Quelqu’un qui sait chanter ou jouer la comédie m’impressionne.Votre plus grande qualité ?
Je pense que fondamentalement j’aime les gens. Quand je rencontre quelqu’un, je l’aime bien de base et lui accorde mon amitié. Après, on voit ce qu’il se passe.Votre plus gros défaut ?
Je suis impatiente et impulsive. Ce qui va généralement ensemble.