À 30 ans, Émilie Sonvico s’est lancée un défi de taille : participer aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020. Un sacré challenge pour cette gendarme de profession, membre de l’équipe de France de boxe amateur. En partenariat avec la Team Jsuge et son promoteur Mehdi Ameur, nous avons décidé de suivre le parcours d’Émilie. Rendez-vous sur nos canaux digitaux pour suivre la « story » d’Émilie chaque semaine !
Par Floriane Cantoro
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.13 de juillet-août-septembre 2019
Il y a deux ans, Émilie Sonvico se posait des questions sur son avenir dans la boxe. Devait-elle arrêter ? Passer professionnelle ? Alors qu’elle réfléchissait, la Fédération internationale de boxe amateur (AIBA) a soumis l’idée que sa catégorie (-69kg) devienne olympique. « J’ai alors totalement reconsidéré les choses, explique Émilie, gendarme de profession. Je me suis dit que j’allais encore rester au moins un an en boxe amateur, faire les Championnats de France et voir si mon profil pouvait intéresser l’équipe nationale ». Bingo ! Rapidement, les coachs tricolores ont vu en elle un potentiel suffisant pour aller défendre la France aux Jeux olympiques de Tokyo-2020. C’est comme ça que l’objectif est né.
De la boxe loisir à l’équipe de France
Pourtant, la boxe n’était pas une évidence pour Émilie Sonvico. Elle enfile les gants pour la première fois un peu par hasard, à 20 ans, après 15 ans consacrés à l’athlétisme, minée par une blessure aux ligaments croisés. Contrainte de renoncer à sa carrière sur les pistes, la jeune femme opte pour les sports de combat. Pour se défouler surtout, mais également pour apprendre quelques gestes de défense. « Une de mes amies venait de se faire agresser dans la rue, je me suis dit pourquoi pas tester la boxe », se souvient-elle. Le coup de foudre est immédiat pour ce sport technico-tactique qui lui permet de canaliser son énergie. Malgré un titre de championne de France acquis en 2010, elle choisit de pratiquer en loisir, estimant avoir assez donné en compétitions avec l’athlétisme ! Par ailleurs, elle explique qu’ « il y a 10 ans en arrière, c’était très compliqué pour les femmes en France de boxer ». Elles n’avaient pas forcément les aides et les structures qu’elles ont maintenant. « Il y avait beaucoup moins d’argent qu’aujourd’hui, ce n’était pas envisageable d’en faire un métier. Même si je n’étais pas mauvaise, j’ai privilégié le travail et passé les concours de la gendarmerie nationale. »
Aujourd’hui, les choses ont bien changé. L’élève de Salim Maharzi est interne à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) à Paris et membre de l’équipe de France de boxe amateur. Par ailleurs, elle a rejoint le promoteur JSUGE, une écurie créée et gérée par Mehdi Ameur.
La caserne entre parenthèses
Depuis que l’objectif Tokyo-2020 s’est dessiné, Émilie Sonvico a laissé sa vie dans le sud en suspens. Elle passe la majorité de son temps dans la capitale, pour s’entraîner avec les coachs nationaux, ainsi qu’en stages aux quatre coins du globe. Par chance, elle a trouvé un arrangement avec son employeur. « La gendarmerie nationale a accepté de faire des compromis et de me libérer du temps jusqu’aux Jeux », explique la championne. Avant de poursuivre : « La boxe est un sport extrêmement exigeant. On met notre intégrité physique en jeu pendant les combats, donc je suis obligée de m’entraîner au moins deux fois par jour ». Avec une bonne équipe pour la motiver dont sa caserne, bien sûr, dont elle fait la fierté. « Il y a beaucoup de sportifs de haut-niveau qui ont des contrats avec l’armée, mais ce ne sont pas des vrais militaires, analyse Émilie. Ce sont des contrats d’image et/ou financiers qui leur permettent de se consacrer quasi-pleinement à leur carrière sportive. Pour ma part, je sers réellement l’armée depuis 8 ans. J’ai passé les concours pour, c’est mon métier. Alors forcément, l’institution et les collègues sont assez fiers qu’une des leurs puisse arriver à un tel niveau sportif, malgré l’engagement et le travail que demande l’armée. »
« J’arrive peut-être un peu tard pour la boxe professionnelle, car j’ai déjà 30 ans. »
Un parcours à la Estelle Yoka-Mossely ? « Forcément, ça fait rêver ! »
Mais pour l’heure, Émilie Sonvico s’entraîne un peu « à l’aveuglette » car les modalités de qualification pour les Jeux olympiques ne seront pas rendues publiques avant cet automne. Mais elle le sait déjà, c’est un gros challenge qui l’attend : « C’est souvent plus facile de disputer les Jeux olympiques que de gagner le tournoi de qualification, précise-t-elle. Si on se réfère aux précédentes éditions, il n’y a pas beaucoup de places par continent… or, certains continents sont bien plus forts que d’autres, notamment l’Europe, où il y a une forte concentration d’excellentes boxeuses ».
Quand on lui demande si elle est inspirée par le parcours d’Estelle Yoka-Mossely [ndlr, championne olympique de boxe à Rio en 2016, devenue depuis boxeuse professionnelle], la réponse est immédiate. « Forcément, ça fait rêver ! Je la connais depuis des années. Mais j’arrive peut-être un peu tard pour la boxe professionnelle, car j’ai déjà 30 ans…, songe-t-elle. Les gens l’ignorent mais un combat pro, c’est des mois de préparation en amont car il existe tout un système de classement et de renommée internationale qui prend énormément de temps. D’un autre côté, je connais parfaitement mon corps et je suis mâture physiquement. On verra. Pour l’instant, je reste focus sur les JO. »