Moins de deux ans après le Mondial garçons 2017, la Fédération française de handball va organiser un autre événement d’envergure : l’Euro féminin 2018. Sylvie Pascal-Lagarrigue, présidente du Comité d’organisation de la compétition, nous présente un événement qui se veut exemplaire, à tout point de vue.
Focus sur l’Euro féminin de handball, du 29 novembre au 16 décembre 2018 en France (Brest, Montbéliard, Nancy, Nantes et Paris) – @ EHF EURO 2018
Propos recueillis par Floriane Cantoro
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.10 d’octobre-novembre-décembre 2018
WOMEN SPORTS : Le slogan de l’EHF EURO 2018 est « handballissime ». Quel(s) message(s) souhaitez-vous faire passer à travers cette appellation ?
Sylvie Pascal-Lagarrigue : On veut faire apparaître l’excellence. Dans l’organisation d’abord, en montrant que la France est capable d’organiser de grands événements sportifs internationaux avec une qualité remarquable pour tout le monde (joueuses, staffs, médias et partenaires) et de façon homogène sur tout le territoire. L’excellence d’un sport de haut-niveau ensuite. On veut faire apparaître la puissance de ce championnat de par le niveau de jeu qui sera proposé, et de par la passion du public qu’il saura susciter. L’idée est d’inviter athlètes et spectateurs à se surpasser pour célébrer le handball féminin dans une grande fête.
WS : Les précédentes expériences de la France en matière d’organisation de compétitions, notamment le Mondial masculin 2017, vous ont-elles servi de socles dans la préparation de l’événement ?
Sylvie Pascal-Lagarrigue : Avec le Mondial 2017, la Fédération française de handball (FFHB) a inauguré un nouveau modèle d’organisation. Pour la première fois, nous avons fait appel à des compétences extérieures en matière d’événementiel sportif. Quand on cherche l’excellence, on n’a pas d’autre choix que de demander l’aide de professionnels. Ces derniers travaillent en coordination avec les comités d’organisation locaux. C’est un mélange qui avait bien fonctionné en 2017 et que nous avons repris pour l’Euro. Par ailleurs, sur les cinq territoires hôtes de la compétition (Brest, Montbéliard, Nancy, Nantes et Paris), il y en a trois qui ont déjà accueilli le Mondial en 2017 (Brest, Nantes et Paris). Ils connaissent donc notre mode de fonctionnement.
« Inviter athlètes et spectateurs à se surpasser pour célébrer le handball féminin dans une grande fête »
WS : C’est la première fois que la France organise un Championnat d’Europe mais l’événement entre aussi dans l’histoire du sport français puisque que vous avez signé un partenariat inédit avec la Philharmonie de Paris. Pourquoi avoir misé sur la musique ?
Sylvie Pascal-Lagarrigue : Ce partenariat est né de l’idée qu’il existe des similitudes entre un match de handball et un orchestre philharmonique. Il y a un entraîneur d’un côté, un chef d’orchestre de l’autre, des handballeuses qui jouent à des postes clés d’un côté, des trombones, des basses et des cordes qui apportent une sonorité au morceau de l’autre. Un match de handball, c’est un peu comme un orchestre philharmonique : il faut être au diapason et écouter l’autre pour pouvoir jouer – son jeu ou sa partition – au bon moment. L’idée était de nous ouvrir vers un monde où, spontanément, le monde sportif n’irait pas : la musique classique.
WS : Quelles sont les différentes manifestations de ce partenariat ?
Sylvie Pascal-Lagarrigue : Nous avons d’abord travaillé avec la Philharmonie de Paris pour le choix de la musique officielle de l’Euro : «Dans l’antre du roi de la montagne», d’Edvard Grieg. Ensuite, nous nous sommes associés dans le cadre du projet DEMOS de la Philharmonie de Paris, qui permet à des jeunes n’ayant pas accès à la musique classique de découvrir cet univers en apprenant un instrument et en se produisant en orchestre. On s’est aperçu qu’il y avait des orchestres DEMOS dans chacune des villes hôtes de l’EHF EURO 2018. Ils viendront donc interpréter la musique officielle de l’événement dans les salles de compétition des cinq territoires d’accueil. En parallèle, au handball, on travaille aussi beaucoup avec les jeunes. On leur apprend les valeurs du sport : le respect, l’écoute, le dynamisme et la volonté. En marge de la compétition, nous avons donc organisé des journées d’échanges et de partages entre nos jeunes handballeurs et les jeunes musiciens du projet DEMOS. C’est un partenariat «handballissime» qui dépasse le cadre du sport.
WS : Le Comité d’organisation sollicite énormément les joueuses pour faire la promotion de l’événement. On a aperçu Allison Pineau, Blandine Dancette ou encore Estelle Nze Minko lors de plusieurs temps forts de la préparation et on reconnaît également quelques joueuses sur l’affiche officielle de la compétition. Est-ce une stratégie pour attirer du public ?
Sylvie Pascal-Lagarrigue : On a besoin de faire connaître nos championnes, que les mondes sportif et non sportif reconnaissent les joueuses de l’équipe de France. On a besoin de les mettre en avant et elles en ont besoin aussi. Certaines joueuses de l’équipe de France, qui évoluaient à l’étranger l’année dernière, sont revenues dans le Championnat français (LFH) cette saison pour préparer l’EHF EURO 2018 et participer pleinement à cet événement depuis les débuts de la communication jusqu’à ce qu’elles feront sur les terrains en décembre.
« Certaines joueuses de l’équipe de France son revenues en France cette saison pour préparer l’Euro »
WS : À J-100 de l’événément, en fin d’été, il y avait déjà 40% des billets vendus et un match sold-out (France/Slovénie en poule). Ce sont des chiffres plutôt enthousiasmants, n’est-ce pas ?
Sylvie Pascal-Lagarrigue : Cela correspond aux prévisions qui avaient été établies. Sur les 40% de billets vendus après l’été, la moitié a été achetée par des non-handballeurs. C’est un héritage du Mondial 2017. Il y a beaucoup de gens qui ont découvert le handball à cette occasion, qui ont beaucoup apprécié et qui reviennent. Des matchs de handball de ce niveau sont de véritables spectacles, le Championnat d’Europe étant la compétition la plus relevée dans le handball en termes sportifs. Dans les dernières semaines, la famille handball avec ses ligues, ses comités et ses clubs, va se mobiliser. Nous avons également fait tout un travail pour mobiliser les populations et territoires du Sud, afin qu’ils puissent venir voir la compétition.
WS : L’EHF EURO 2018 est le premier grand événement sportif féminin d’une série, avec notamment la Coupe du monde de football en 2019. Discutez-vous de ces sujets entre comités d’organisation ?
Sylvie Pascal-Lagarrigue : Les services de communication de l’EHF EURO 2018 et de la Coupe du monde de football 2019 sont en lien permanent : nous travaillons ensemble pour mettre en place des passerelles entre nos deux sports, entre nos deux équipes et nos deux capitaines. Par ailleurs, en accueillant successivement ces deux événements en France, on espère aussi motiver les autres disciplines à se lancer elles aussi dans l’aventure. Outre la mise en valeur du handball, l’idée de l’EHF EURO 2018 est avant tout de contribuer à la promotion du sport au féminin au sens large.
Billetterie officielle :
https://tickets.fra2018.ehf-euro.com/fr
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