Quelques jours après le quatrième sacre des Américaines, que pouvons-nous tirer comme conclusions de cette Coupe du monde féminine de la FIFA 2019 organisée en France ? Le football féminin français est-il sorti grandi de cette compétition ? Éléments de réponse.
Sujet à de nombreux débats, le football féminin a très (trop ?) souvent été comparé à son acolyte masculin. Bien avant l’organisation de cette Coupe du monde féminine de la FIFA 2019, la discipline souffrait du désintérêt de la population, en témoignent les stades pratiquement vides de la D1 Féminine (première division nationale, qui deviendra la D1 Arkema la saison prochaine). Mais cette année, les médias ont décidé d’accorder une place centrale au football féminin avec la compétition reine en point d’orgue. Plateaux télés, émissions, débats, reportages, diffusion de matchs… Les journalistes sportifs ont joué le jeu et l’intérêt des français s’est décuplé. France 2019, une pleine réussite ? Tentons un bilan partiel… mais objectif !
Un record d’audience : TF1 se frotte les mains
Si l’on s’en tient au chiffre, ce mondial est un succès inespéré. En moyenne, les footballeuses françaises ont rassemblé près de 9 millions de téléspectateurs à chacun de leur match avec un record à 12 millions contre le Brésil en huitième-de-finale. Personne n’aurait prédit un tel succès. Pour preuve, le groupe TF1 a investi 12 millions d’euros pour obtenir les droits de diffusion mais en a empoché (estimation) plus de 20. Rentable. Même sans les Bleues, la finale opposant les États-Unis aux Pays-Bas a réuni 6 millions de Français devant leurs écrans. Un chiffre qui prouve l’intérêt de la population pour cette compétition. Mais peut-on penser que cette réussite perdurera ?
Si seulement les Bleues avaient gagné…
Une chose est sûre, les Françaises ont sans doute raté le rendez-vous de leur histoire. Comme l’a assuré le Président de la FIFA, Gianni Infantino, ce mondial est le « meilleur de l’histoire, il a été phénoménal, exceptionnel ». Un sacre en France devant des millions de spectateurs, téléspectateurs aurait presque garanti une nouvelle ère pour le football féminin français. Cette élimination en quarts ne permet pas d’affirmer tel scénario. De plus, le niveau de jeu a souvent été critiqué par les experts…
Quelques règlements de comptes en coulisse
À la place d’une liesse populaire qui accueille certaines équipes de retour au pays, nous assistons plutôt en France à quelques règlements de comptes à coup de déclarations médiatiques interposées, notamment entre la sélectionneure Corinne Diacre et Eugénie le Sommer. Des agissements qui viennent casser l’image lisse du football féminin.
Le difficile changement des mentalités
Combien d’articles ont déferlé sur internet pour dénoncer des propos sexistes lors de comptes rendus de match ? Car il faut affronter la vérité en face, parler du football féminin nécessite l’utilisation de pincettes. Vincent Duluc avait décidé de n’accorder aucun traitement de faveur envers les joueuses lors de la rédaction de son article faisant critique du piètre niveau de jeu de l’Équipe de France. Il n’a alors récolté que les critiques et les foudres des défenseurs de la cause féminine. Car la frontière entre sexisme et critique objective n’est pas évidente à établir. Du moins dans notre société. Même s’ils ne l’avoueront pas, les commentateurs Bixente Lizarazu et Grégoire Margotton n’ont pas été totalement libres dans leurs oratoires. Leur objectif était clair, faire aimer cette équipe aux Français, en perdant parfois leur objectivité. Ce contexte social fait qu’il est difficile de livrer véritablement ses pensées sans prendre le risque de créer un « scandale » ou un « buzz » parfois totalement injustifié. Le véritable combat du football féminin n’est pas sur les terrains mais au sein de notre société… il faut que les mentalités évoluent encore un peu !