Dimanche 22 avril, la flotte de la Volvo Ocean Race quittera Itajai au Brésil pour un nouveau marathon de 10.500 kilomètres en direction de Newport, dans l’État de Rhode Island. Pour cette huitième étape, le bateau chinois Dongfeng, qui a signé un 5e podium en Amérique latine (2e derrière Team Brunel), s’élancera en nouvelle position de leader. Mais pas question de s’emballer pour l’équipage de Charles Caudrelier. Un mot d’ordre : maintenir cette incroyable régularité aujourd’hui récompensée. Entretien avec les deux femmes du Team, Marie Riou et Carolijn Brouwer.
Voilà désormais six mois que les sept bateaux de la Volvo Ocean Race ont commencé leur tour du monde. Et, après sept étapes marquées par la domination des Espagnols MAPFRE, c’est désormais au tour de l’équipe chinoise de Dongfeng Race Team de prendre les commandes de la compétition (1 point devant MAPFRE). Résultat d’une incroyable régularité du team depuis le top départ donné à Alicante, en Espagne, le 22 octobre 2017. Dongfeng, soutenu par le fabricant chinois de voitures et de camions Dongfeng Motor Corporation, a en effet trusté 5 des 6 podiums de la course jusqu’à présent [ndlr : sans compter l’étape N°5 de transition entre Hong-Kong et Guangzhou, où tous les équipages ont marqué un point].
Leader après le passage du Cap Horn
Il y a trois semaines encore, l’équipage skippé par le Français Charles Caudrelier prenait la deuxième place de la septième étape de la Volvo Ocean Race, derrière les Néerlandais du Team Brunel. Partie d’Auckland en Nouvelle-Zélande, la flotte devait rejoindre Itajai, au Brésil, via le mythique Cap Horn. Une première pour la Brestoise Marie Riou, engagée sur Dongfeng, et issue de la régate olympique. «Je n’avais jamais pensé que je passerai un jour ce bout de caillou, nous confie-t-elle. C’était assez émouvant». Carolijn Brouwer, sa coéquipière à bord, passait quant à elle pour la troisième fois ce point le plus austral de l’Amérique du Sud. Aussi, avant le départ, elle savait que ce serait une étape redoutable. Mais la Néerlandaise de 44 ans avoue que la réalité était encore bien plus rude. «On a eu des vagues énormes, du vent et du temps froid. On était en mode ‘survie’, plus que dans les autres étapes disputées dans l’Océan Sud», explique-t-elle.
Une étape dure physiquement, mais également émotionnellement avec la disparition du marin britannique John Fisher de l’équipage Sun Hung Kai / Scallywag, tombé en plein Pacifique le 26 mars. «Jusqu’à la fin de l’étape ça nous trottait dans la tête, on pensait à eux, c’était dur… se souvient Marie Riou. On s’est mis à faire encore plus attention au danger, à être plus vigilants, malgré la fatigue.» Les conditions n’ont pas non plus épargné la flotte de la Volvo : souci de voile de quille pour team AkzoNobel (3e), démâtage pour Vestas 11th Hour Racing (abandon), problème de barre de flèche pour Turn the Tide on Plastic (4e), et problème de rail de grand-voile et de grand-voile elle-même pour MAPFRE (5e). Le VOR65 rouge et blanc aux couleurs de Dongfeng, quant à lui, est arrivé en assez bon état à Itajai. «On a la chance d’avoir une équipe technique qui prépare super bien le bateau depuis le début de la course et puis on fait attention, la route est longue !», prévient Marie Riou. Et Carolijn Brouwer d’ajouter : «Charles a fait un super boulot sur la précédente étape en trouvant l’équilibre entre, d’une part, pousser le bateau dans de telles conditions et, d’autre part, la sécurité des marins et du matériel.».
« Continuer à naviguer comme on l’a fait jusqu’à présent »
Arrivés quelques jours avant le reste de la flotte, team Brunel et team Dongfeng ont pu bénéficier d’un temps de repos – si précieux ! – plus conséquent. «Je suis restée à Itajai avec ma famille. Comme j’ai grandi au Brésil, je me sens un peu chez moi ici. J’ai pu profiter de 12 jours très très relax pour passer du temps avec mon fils. Ils font de très bonnes caïpirinhas ici et nous étions au lit très tôt», plaisante Carolijn Brouwer. De quoi recharger les batteries !
Pour la prochaine étape, Dongfeng entend bien maintenir le cap ! «On a très bien travaillé jusqu’à présent. On a eu de très bons résultats, même s’il nous manque une victoire d’étape. La préparation faite à Lorient, pendant huit mois avant la course, c’est maintenant qu’elle va faire la différence. On a travaillé dur pour arriver à ce moment-là, au Brésil, où on se sent bien. On sent que les autres équipes sont peut-être un peu plus fatiguées que nous», analyse la navigatrice néerlandaise.
Dimanche, la flotte de la Volvo Ocean Race va reprendre la mer, direction Newport, dans l’État de Rhode Island, avec au programme le passage de l’Équateur.