Larry Nassar, l’ancien médecin de l’équipe américaine de gymnastique artistique, a été reconnu coupable d’agressions sexuelles sur des jeunes athlètes et adolescentes par un tribunal du Michigan mercredi. Il a été condamné à la prison à perpétuité à l’issue d’un procès emblématique où la cour a entendu les témoignages poignants des quelque centaines de victimes du praticien.
Il va passer le reste de sa vie en prison. L’ancien médecin de l’équipe américaine de gymnastique, Larry Nassar, était jugé devant un tribunal du Michigan cette semaine pour avoir agressé sexuellement, pendant près de 20 ans, des centaines de jeunes filles alors qu’il était le médecin officiel de la Fédération américaine de gymnastique (USA Gymnastics) et qu’il officiait dans la clinique sportive de la Michigan State University (MSU). Il a été condamné à une peine allant de 40 à 175 ans de prison, à laquelle s’ajoute une première condamnation de 60 ans de réclusion pour pédopornographie, prononcée en décembre dernier par un autre tribunal du Michigan.
« Je viens de signer votre arrêt de mort », lui a lancé la juge Rosemarie Aquilina au terme d’un procès de sept jours où se sont succédées à la barre les 160 « survivantes » venues témoigner du calvaire subi à huis clos dans le cabinet du patricien pendant des années.
« Tu n’es rien » : la colère des victimes à la barre
Rachael Denhollander a été la première à porter plainte au pénal contre Nassar, en 2016, pour des faits remontant au début des années 2000. Elle a été la dernière à témoigner mercredi contre son agresseur, pointant du doigt, au passage, la responsabilité des adultes autour de lui. Plusieurs dirigeants de la USA Gymnastics ont démissionné depuis le début de l’affaire, accusés d’avoir trop tardé à dénoncer les agissements de Larry Nassar. Considéré comme un « faiseur de miracles » et profitant de son statut de « célébrité » dans le milieu de la gymnastique, le médecin a ainsi pu agir dans l’ombre en toute impunité pendant presque deux décennies. Une période au cour de laquelle il a agressé sexuellement plus d’une centaine de jeunes gymnastes, pour la plupart mineures au moment.
Au total, la cour a entendu près de 160 victimes qui ont révélé, avec émotion, les coulisses des séances interminables avec le médecin : des seins et des sexes caressés, des doigts introduits dans le vagin et l’anus pour sois-disant soulager des douleurs au dos ou remettre en place une hanche brisée…. D’incompréhensibles traitements qui se répétaient, sans fin. « Tu m’a manipulée pour que je crois que tu étais gentil et que tu m’aidais pendant tu m’agressais sexuellement, encore et encore et encre, pour ton seul plaisir sexuel tordu », a lancé la médaillée des Jeux Olympiques de Sydney Jamie Dantzscher à Larry Nassar.
Comme elle, pendant l’audience, les victimes se sont toutes (ou presque) adressées directement à leur agresseur. Aly Raisman, triple championne olympique, l’a même directement confronté, les yeux dans les yeux : « Désormais nous, ces femmes que tu as abusées sans relâche pendant longtemps, sommes une force et tu n’es rien », a tonné l’ancienne gymnaste de 23 ans, qui avait relevé être une victime de Dr. Nassar en novembre dernier. Avec elle, d’autres grands noms de la gymnastique américaine contemporaine figurent sur le banc des accusatrices, notamment ses coéquipières des Jeux de Londres et de Rio, toutes championnes olympiques, Gabby Douglas, McKayla Maroney et Jordyn Wieber, ainsi que la superstar des JO 2016, Simone Biles.
Le discours poignant d’Aly Raisman, triple championne olympique, à l’homme qui l’a agressée sexuellement… pic.twitter.com/SyFES9UnYU
— Brut sport (@brutsport) 23 janvier 2018
Un procès hors-normes
Au terme des 160 témoignages des victimes, l’ancien médecin de l’équipe US, aujourd’hui âgée de 54 ans, a été condamné à lourde peine de prison synonyme de perpétuité. Une sentence qui vient conclure sept jours d’un procès historique, diffusé en streaming sur internet et en direct à la télévision américaine ; un verdict qui vient mettre sous les verrous, et pour toujours, celui qui est « probablement l’agresseur d’enfants le plus prolifique de l’histoire », selon les mots de la sous-procureure générale du Michigan, Angela Povilaitis.
Outre le nombre et l’identité des plaignantes [ndlr : des championnes devenues des superstars aux États-Unis, à l’image de Simone Biles, qui avait participé à la version américaine de Danse avec les Stars l’année dernière], ce procès restera dans les annales pour l’attitude inédite dont a fait preuve la cour tout au long de la procédure. Notamment la juge Rosemarie Aquilina, intraitable avec Larry Nassar du début à la fin, insistant pour qu’il entende chacune des accusations : « Passer quatre ou cinq jours à les écouter n’est rien du tout par rapport aux heures de plaisir que vous avez pris à leurs dépens, en détruisant leur vie », a-t-elle rétorqué au médecin qui demandait, à mi-procès, de ne plus être forcé d’écouter les témoignages de ses victimes à la barre.
« Vous ne méritez pas de sortir un jour de prison […] Je sens que vous ne comprenez pas que vous êtes un danger. Je suis une juge qui croit en la vie et en la réhabilitation quand c’est possible […] Je ne pense pas que cela soit possible pour vous », a insisté la juge de 59 ans moment de prononcer la condamnation.
Durant toute la durée du procès, son soutien apporté aux témoins a été sans failles, ses paroles replies d’espoir : « Laissez votre douleur ici, sortez de ce tribunal et faites des choses magnifiques ».