Élue ministre des Sports en remplacement de Laura Flessel, Roxana Maracineanu a adressé ses premiers mots en tant que membre du Gouvernement à la France «cette République si accueillante [qu’elle] est heureuse de pouvoir servir». Il faut dire que l’ex-championne de natation a connu un parcours tumultueux avant de prendre la tête du sport tricolore.
Par Marion Chevalier
WOMEN SPORTS N.10 d’octobre-novembre-décembre 2018

L’histoire de Roxana Maracineanu commence en 1975 en Roumanie. La Roumanie de Nicolae Ceausescu. Elle n’a que 9 ans lorsque sa famille décide de quitter le pays, de fuir la dictature pour connaître, enfin, le goût de la liberté.
Les Maracineanu arrivent en France en 1984, après un bref passage en Algérie, terre de mission du père ingénieur en travaux publics. Ils débarquent ensuite à Marseille et demandent l’asile politique, puis traversent la France direction, la Bretagne. «Ça a été la remontée en R16 vers Paris, se souvient Roxana Maracineanu dans les colonnes de Ouest-France. On dormait la nuit à quatre dans la voiture, on se lavait aux fontaines. Je trouvais ça rigolo, sauf que j’ai fini par comprendre que c’était un voyage sans retour.» Dans le Finistère, les Maracineanu trouvent refuge dans un village de vacances devenu un centre d’accueil pour demandeurs d’asile. La famille déménage ensuite à Blois où Roxana apprend le français dans un centre de transit. Les Maracineanu finissent par poser leurs valises à Mulhouse, en Alsace. La petite Roumaine se plonge alors dans la natation, balayant sa première passion, la gymnastique.
« Je trouvais ça rigolo sauf que j’ai fini par contre que c’était un voyage sans retour »
Elle obtient la nationalité française en 1991, à l’âge de 16 ans. Dans la foulée, elle remporte ses premiers titres nationaux. En 1999, elle devient la première championne du monde française de natation sur 200 m dos à elle décroche la médaille d’argent des Jeux Olympiques de Sydney en 2000, devancée par une Roumaine, Diana Mocanu.
Elle se retire des bassins en 2004 et entame une carrière de consultante sportive pour Europe 1 et France Télévisions. Elle se tourne ensuite vers l’associatif. Elle acquiert une première expérience en politique en devenant conseillère régionale d’Ile-de-France sous l’étiquette socialiste, entre 2010 et 2015. En juillet 2018, le Premier ministre lui confie une mission pour réduire le nombre de noyades en France.
La petite Roumaine devenue française se met aujourd’hui au service de son pays en s’emparant du portefeuille ministériel des Sports au sein du Gouvernement Édouard Philippe II.